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Metroid Dread - Test

Switch     Rédigé par Lord Kanozu     Lun 1 Nov 2021     0 Coms et 1083 Vues
19 ans. C’est le temps qui s’est écoulé entre la sortie de Metroid 4, alias Metroid Fusion sur GameBoy Advance, et celle de sa suite, Metroid Dread. Il s’agit plus d’une simple attente qui a pris une ampleur démesurée, mais d’une véritable résurrection de la franchise sous sa forme originelle. La licence Metroid n’est pas restée enterrée tout ce temps, la sous-série des Prime ayant pris le relai, ainsi que de nombreux épisodes secondaires et remakes, mais il s’agit là du premier épisode inédit de la série principal en pratiquement deux décennies. Metroid Dread représente énormément de choses : il est le grand retour de l’une des héroïnes les plus connues du jeu vidéo, mais également la conclusion d’une saga qui court depuis 35 ans. Il est ce titre présumé annulé depuis des années, mais dont le concept a survécu au passage du temps, jusqu’à ce qu’il puisse enfin être réalisé. Metroid Dread est beaucoup de choses, mais est-il au niveau de ses prédécesseurs ? La réponse en quelques lignes.


Ce test a été réalisé à partir d'une version presse fournie par l'éditeur

Metroid 5


Samus est de retour, et au meilleur de sa forme
Reprenant tout de suite après les évènements de Metroid Fusion, que le jeu s’empresse de résumer pour ceux dont c’est le premier épisode (on ne vous en veut pas, le dernier date d’il y a 19 ans !), Samus reçoit une requête venant de la Fédération Galactique pour aller inspecter la planète ZDR, où un signe de Parasite X, la menace qui a failli venir à bout de notre chasseuse de primes au cours de Metroid Fusion, a été aperçu. Une fois sur place, Samus finit nez à nez avec un étrange guerrier masqué, qui se révèle rapidement être l’un des derniers survivants de la race des Chozo, cette espèce qui a élevé Samus et lui a enseigné les arts martiaux et l’usage de ses armes. Ce dernier étant hostile, un combat s’en suit et laisse Samus pratiquement morte, dans les fins fonds de la planète. Dépossédée de ses pouvoirs et de la plupart des améliorations de sa tenue, Samus va devoir remonter des tréfonds de ZDR jusqu’à la surface pour repartir à bord de son vaisseau. Évidemment, elle devra récupérer ses compétences ainsi que d’en acquérir des nouvelles, explorer plusieurs zones différentes et vaincre des ennemis plus menaçants les uns que les autres avant d’y parvenir. Pour ceux qui débuteraient et auraient peur des nombreuses références aux précédents jeux jusqu’à présent, n’ayez crainte. Même si Metroid Dread est une suite directe à Fusion et y fait longuement référence, il est tout à fait possible de commencer avec cet épisode. Le jeu résume les faits, mais de manière générale l’intrigue reste assez contenue dans ce nouveau jeu, et ne fait généralement référence qu’à Fusion ou de manière très mineure à d’autres titres.

Metroid Dread ramène ainsi sur le devant de la scène la formule Metroid, qui a tant marqué son époque qu’elle a créé un genre entier qu’est le metroidvania. Concrètement, la formule est respectée dans les grandes lignes et la progression est celle que l’on pouvait attendre du jeu, à savoir l’exploration de différentes régions, dont la plupart des salles sont impossibles à accéder la première fois pour manque d’un objet spécifique, qu’il faudra récupérer plus tard et revenir en arrière pour débloquer davantage de la zone. Ainsi, les premières heures de jeu se feront sans la Morph Ball, ce qui empêchera de passer par tous les conduits et autres couloirs trop étroits pour que Samus y marche, et forcera à trouver un autre chemin. Il en est de même pour les traditionnelles portes à missiles ou à rayons laser, qui demanderont une certaine amélioration du blaster de Samus avant de pouvoir les ouvrir. On retrouve tout l’arsenal typique de Samus, y compris les compétences Aeion de Metroid Samus Returns, mais aussi de nouveaux pouvoirs, comme le camouflage spectral qui permet de devenir temporairement invisible et un dash, qu’elle peut enchaîner deux fois de suite autant au sol que dans les airs. De manière générale, les pouvoirs s’emboîtent assez bien et trouvent à peu près tous leur justification au cours de la progression.

Space Opera de poche


Les environnements sont variés et plaisants à explorer
Le jeu n’est pas aussi ouvert dans son exploration que ne l’était Super Metroid, qui ne donnait vraiment aucune indication au joueur qui devait se débrouiller tout seul pour progresser, sans non plus être aussi linéaire que Metroid Fusion, où une intelligence artificielle conditionnait la progression de Samus et lui indiquait exactement où aller dans chaque région. Les développeurs de Mercury Steam ont tranché la poire en deux et ont fait de Metroid Dread un jeu relativement linéaire, mais qui laisse une certaine marge de manœuvre pour explorer et découvrir les régions. C’est un choix qui donne au jeu un rythme absolument impeccable, du début à la fin de l’aventure, il n’est jamais pris en défaut et il n’y a pas un moment qui tombe à plat, au point que l’on n’a simplement jamais envie de lâcher la manette. On remercie ici le level-design, toujours très malin, guidant subtilement le joueur tout en lui donnant l’impression de découvrir de lui-même le chemin à chaque fois, avec tout de même quelques puzzles dissimulés ici et là qui demanderont quelques minutes de réflexion. La planète ZDR dispose de nombreuses régions qui sont toutes aussi inspirées et intéressantes à explorer les unes que les autres, chacune possédant ses propres règles et types d’ennemis qu’il faudra approcher de manière différente à chaque fois. On regrette toutefois que les musiques des régions ne soient pas aussi marquantes que dans les épisodes précédents, laissant place à des bruits d’ambiances plutôt que de véritables compositions.

L'électroaimant est l'un des nouveaux pouvoirs du jeu, et permet de se déplacer le long de certaines surfaces
Mais là où le jeu brille vraiment, c’est bel et bien sur son gameplay pur et dur. Metroid Dread est de très loin le Metroid le plus agréable à jouer de la série, et potentiellement l’un des metroidvania plus précis et complexes qu’il existe à ce niveau-là. Samus possède un grand nombre d’outils à son arsenal, qui vont devoir être utilisés à de nombreux moments et les développeurs de Mercury Steam ont tenu à ce qu’il soit possible de déployer n’importe quel outil, peu importe la situation dans laquelle on se trouve, sans avoir à naviguer dans un menu ou à sélectionner une arme différente. Samus peut courir, glisser sur une certaine durée, contrer les ennemis sur une certaine fenêtre, viser à 360° autour d’elle, rebondir contre les murs, se transformer en morph ball, accélérer une fois le bon pouvoir obtenu, stocker son accélération pour la redéployer plus tard, utiliser missiles, lasers, bombes et grappins, et bien d’autres habilités qui lui permette d’aborder chaque situation avec ses pleines capacités. Si cela peut sembler étouffant à premier abord, le schéma de contrôle a été désigné de manière si ingénieuse que sortir le bon pouvoir au bon moment devient vite naturel. Cela permet également d’avoir des puzzles assez complexes, exigeant la maîtrise de toutes les capacités de Samus, et qui sont très satisfaisants à accomplir. De manière générale, l’aisance avec laquelle Samus se déplace et les nombreuses exploitations de son arsenal forment la raison principale pour laquelle cet épisode est si agréable à jouer. Il sera difficile de revenir aux anciens jeux, ou aux metroidvania plus rigides, après avoir goûté au savoir-faire de Mercury Steam sur Metroid Dread.

E.M.M.I. sans famille


Les E.M.M.I. peuvent être assez effrayants, et se déplacent d'une manière plutôt macabre
Cette fluidité de mouvement sans failles se fait particulièrement ressentir dans les confrontations aux E.M.M.I., cette nouvelle menace qui plane sur Samus et qui est la nouveauté principale du jeu. Afin de briser le rythme classique du jeu, il faudra, à plusieurs reprises, passer par des zones spécifiques où les E.M.M.I rodent. Ces ennemis ont la particularité d’être immunisés à tous les missiles ou lasers que Samus pourrait envoyer, étant fait à partir des matériaux les plus résistants de la galaxie. Il faudra alors éviter le contact jusqu’à atteindre l’autre bout de la zone, avant de reprendre son exploration. Les E.M.M.I. sont rapides, bien plus que Samus ne l’est, et surtout intelligents : ils sont capables de prendre des raccourcis, d’adapter leur trajectoire afin d’intercepter Samus avant qu’elle ne puisse s’enfuir. Il faudra utiliser tous ses atouts pour ne pas se faire repérer, ou gagner la course poursuite une fois engagée. Une fois attrapé, le Game Over est assuré, à moins de réussir à contrer l’E.M.M.I., dans une fenêtre si réduite qu’il en est pratiquement impossible la plupart du temps. Cette nouvelle menace brise le rythme de la progression, et offre des séquences inédites pour la série, et qui sont très appréciables. Toutefois, la surprise s’estompe au bout du cinquième ou sixième E.M.M.I., et il est dommage de ressentir une certaine répétitivité dans le comportement de ces monstres mécaniques.

Kraid fait un retour fabuleux dans cet épisode
L’autre point fort majeur du jeu repose dans ses combats de boss, alors que ce n’est traditionnellement pas le meilleur aspect des jeux précédents. Les boss de Metroid Dread conservent la tradition de devoir les bombarder de missiles ou de tirs chargés pour en venir à bout, mais sont cette fois-ci beaucoup plus travaillés, plus longs et possèdent généralement plusieurs phases pour donner une expérience bien plus satisfaisante qu’auparavant. Le premier boss du jeu demande ainsi de bombarder sa tête de missile, avant qu’il ne devienne invisible et exige de canarder un point précis de sa queue afin d’annuler son pouvoir. Il changera alors de forme, et il faudra glisser sous son corps, avant de contrer son attaque à la relevée pour ensuite continuer à le bombarder. Les boss sont non seulement plus difficiles, demandant d’apprendre par cœur leurs attaques (ou patterns pour les connaisseurs) ainsi que la façon d’esquiver chacune pour espérer les vaincre. Ils sont également beaucoup plus cinématiques qu’auparavant, en particulier lors des contres, ce qui rend les combats plus viscéraux et dynamiques. Mention spéciale au boss final, qui est sans doute le combat le plus difficile de la série, mais qui n’en reste pas moins équitable et parfaitement équilibrée, tout en exigeant le meilleur de soi-même.

Classe à toute épreuve, Metroid Dread démontre le véritable amour que Mercury Steam avait pour Samus. Les cinématiques, qui sont étalées tout le long du jeu et en certains nombres, sont toutes très soignées et du plus bel effet, donnant un vrai impact à la mise en scène très dynamique du jeu. On apprécie grandement le silence perpétuel de Samus, qui laisse place à l’atmosphère et à l’environnement pour exprimer le ton de chacune des régions. Il s’agit là de la Samus avec le plus de personnalité de la série, si on omet l’affreux Metroid Other M qui était l’antithèse de ce que Metroid devrait être, sans pour autant que l’intrigue ou les cinématiques soient omniprésentes. Les fans apprécieront toutefois les révélations que l’histoire offrira, ainsi que la conclusion que le jeu proposera à ces 35 ans de jeux Metroid.

| Conclusion |

Metroid Dread est sans aucun doute un grand jeu. Il remet sur le devant de la scène une héroïne qui avait été trop longtemps mise de côté, ou réduite à des apparitions dans des jeux médiocres sur d’autres consoles. Metroid Dread est non seulement un des meilleurs épisodes de la série, mais il cémente également Mercury Steam en tant que développeur phare pour la série, grâce à leur science du gameplay et du rythme inégalée.
1820
Bons points
Metroid de retour au meilleur de sa forme
Un gameplay d'une fluidité et précision inattaquable
Un rythme absolument irréprochable
Level-design très malin, mélangeant exploration et linéarité
Des combats de boss spectaculaires
Samus, plus classe que jamais
Les E.M.M.I., une rupture du rythme appréciable
Un final bourré de fanservice
Mauvais points
Les musiques en retrait sur cet épisode
La mécanique des E.M.M.I. devient répétitive sur les derniers moments du jeu
2 commentaires Voir sur le forum
NuageRouge
542 posts
NuageRouge, Lun 8 Nov 2021 - 21:25
Un test comme je les aime : il ne se contente pas de donner un avis sur le jeu, il aide à le comprendre !
Je ne suis pas un grand fan de la saga et l’annonce d’un nouvel épisode sur Switch m’avait laissé assez indifférent mais, à la lecture du test, le fait que le titre semble jongler adroitement entre fidélité à l’héritage de la série et modernité (via le rythme plus soutenu) m’intéresse beaucoup. Je pense que je me laisserai tenter.

Plus par volonté d’ouvrir une réflexion que par esprit de pinaillage, je suis quand même un peu sceptique sur l’idée que Metroid aurait « tant marqué son époque ».
Longtemps, la série n’a eu qu’un succès limité. Les ventes étaient certes correctes mais bien inférieures à celles des gros hits Nintendo. Metroid était en fait surtout un succès critique. Ainsi, si Super Metroid est aujourd’hui culte, il a été à l’époque en grande partie éclipsé par Donkey Kong Country. Tous les regards étaient tournés vers la 3D et Super Metroid n’est pas passé pour une révolution.
Et lorsque Metroid Prime et Metroid Fusion sont sortis (a peu de temps d’intervalle), Metroid Prime était plutôt considéré comme le nouveau vrai Metroid tandis que Metroid Fusion était vu comme secondaire malgré ses qualités. Il est intéressant de voir qu’avec le recul, c’est Prime qui est considéré comme une sous-série et Fusion qui est considéré comme le vrai « Metroid 4 ».
La série Métroid est vraiment un cas à part, tant elle a mis du temps à obtenir toute l’attention qu’elle méritait. Je pense qu’il a fallu la série des Smash Bros (qui a fait connaître et apprécier le personnage de Samus à un plus large public), la sortie de Prime (premier épisode à devenir un des best-seller de sa console), l’essor du retro-gaming et la floppée de jeux indé typé « metroidvania » afin que la série obtienne l’aura qu’elle a aujourd’hui. Du coup, les premiers Metroid ont finalement peut être plus marqué notre époque que la leur.
Ebros
2233 posts
Ebros, Dim 14 Nov 2021 - 19:50
Et bien entièrement d'accord avec tout ce qui a été dit dans le test.

Pour moi, on était pas loin du Metroid ultime en "style 2D" si on avait eu, comme tu le dis, des véritables compositions du niveau de Super Metroid, et si il n'y avait pas cette redondance vers la fin du jeu avec les E.M.M.I, et je rajouterai même, avec certains mini-boss.

Ils étaient pas loin de réussir le perfect avec ce Metroid, il manquait pas grand chose :wink:


En revanche, j'ai eu quand même un autre soucis, mais je ne serais pas dire si c'est la faute du jeu ou si ça vient de moi. C'est au sujet de la map.

J'ai vraiment eu beaucoup de mal avec ça pendant un bon moment. J'ai fini par m'y habituer mais bon...Je l'ai pas trouvé très agréable à lire.

Alors à la fois, elle est extrêmement détaillé et te donne toutes les infos dont tu as besoin, mais en même temps, je l'ai trouvé trop chargé visuellement.


Si je suis le seul à avoir été dérangé par ça, c'est que le problème ne vient pas du jeu :D