Politique/Débats de sociétés

Mode témoignage | Je vais me permettre une petite incursion dans le sujet, bien que je ne sois pas directement concerné par la politique française pour des raisons très évidente. La vidéo de Doxa décrit plutôt très exactement mon point de vue ainsi que ma situation par rapport au travail. Sachez qu'au Québec, la situation va tout autant mal : le gouvernement actuel nous a plongé dans une crise économique majeure en prenant que des mesures d'Austérité (qu'il nie constamment comme une autruche s'étant planté la tête dans le sable). Apparemment qu'il n'y a plus d'argent pour la santé et l'éducation, mais il y en a pour faire des subventions à Bombardier (compagnie) et pour payer des primes de départ exorbitante aux ministres et aux fonctionnaires (gratte-papiers).

Assez tôt dans mon adolescence, j'ai développé une vision assez désabusé du système et mes expériences sur le marché du travail m'ont plutôt confirmer cette vision. C'est de l'esclavagisme déguisé, tout simplement. C'est peut-être extrême dit comme ça, mais c'est assez clairement l'impression que ça me donne : de l'esclavage consentant. Le salaire est toujours trop bas pour subvenir amplement aux besoins et la charge de travail imposé ne vaut pas ce salaire. Je ne parle pas de ce que j'appelle "les métiers", c'est à dire les professions importantes et utiles à la société, comme être professeur ou biologiste : je parle des jobs que n'importe qui peut faire sans formation spécifique et qui sont plus souvent qu'autrement au salaire minimum. Ce sont des emplois rarement important et où les conditions de travail sont plutôt moche. Être téléphoniste chez Bell n'est pas pour moi un "métier".

J'ai occupé que des emplois de vente et, dans tous les cas, j'ai toujours eu l'impression d'extorquer les gens en leur vendant des trucs plus ou moins utile/nécessaire à un prix surévalué. Dans tous les cas, je devais atteindre des quotas ridicules. Étant quelqu'un de trop honnête, j'étais un mauvais vendeur, prévenant les clients qu'ils étaient un peu en train de se faire avoir. C'est con, mais je me sentais mieux ainsi : de toute façon la commission ne me revenait pas, elle revenait aux patrons... patrons qui, souvent, foutaient absolument rien. Aussi, je suis quelqu'un de relaxe, de zen, alors travailler sous pression pour de pseudo raison... ça ne m'enchante pas.

J'admets être dans une situation plutôt aisé : je vis chez mes parents et je manque de rien. Je ne sens pas le besoin d'avoir un emploi tant que ça, mais j'ai certes quelques projets qui en profiteraient si j'en avais un. Or, des emplois, il y en a pas. Faux, oui il y en a : soit c'est des postes très spécialisé qui nécessite une formation professionnelle, soit c'est des emplois de merde que personne ne veut vraiment pour de nombreuses raisons évidentes. Et quand un emploi plutôt sympa est ouvert, très souvent c'est une fille qui sera engagée (fait vécu à de nombreuses reprises). On a même refusé mon CV sous prétexte qu'il y avait trop de gars déjà engagé.

D'ailleurs, tant qu'à parler de mon CV... Dedans, il y a davantage de mes projets que d'emploi. J'y explique que ces projets ne nuisent pas à mes disponibilités, qu'ils sont seulement là pour démontrer que j'ai bel et bien besoin d'avoir un revenu pour faire fonctionner ces projets (et aussi parce que je peux appliquer à des endroits où ces projets-là peuvent attester de mes compétences). J'ai déjà été refusé parce que j'étais apparemment trop occupé... comme quoi l'emploi devait être ma seule préoccupation. Mais bon, en réalité, avec ou sans emploi, ça ne m'empêche pas d'écrire ou de filmer.

Cependant, même si j'en sens pas le besoin et que pour moi ça ne représente pas grand chose d'avoir une job de ce genre-là, tout mon entourage me met la pression. Dans l'ensemble de mon entourage, le travail est vu comme quasi sacré, et quand je critique le système, j'ai toujours droit aux mêmes discours : c'est comme ça, on n'y peut rien, faut s'y faire et tu n'y feras pas exception. Tout est toujours une question d'argent et ça me désole. Je veux juste qu'on me foute la paix durant mes études. Après, quand j'aurai un métier et un salaire respectable, je récompenserai ceux qui m'auront soutenu au lieu de m'harceler pour que je me conforme à leur vision étroite du monde. Je suis comme ça : je gâte les autres, j'aide les autres, je ne suis pas avare ni égoïste. Mais pour la plupart des autres, je suis paresseux et sans ambition; je fais rien de ma vie.

Attention, je ne suis pas contre l'idée d'accomplir un rôle (disons-le ainsi), je suis juste contre l'idée d'être exploité et d'être constamment menacer d'être renvoyer si je ne rentre pas dans les quotas (ridicules) de l'entreprise (qui est souvent américaine). J'ai des ambitions dans la vie, mais m'épanouir dans le "travail" n'en fait pas partie. Je bosse sur mes récits de SF, je bosse sur un projet d'émission sur YouTube, j'étudie... et je compte devenir potentiellement professeur universitaire de Géographie. Concernant le dernier, je ne le considère pas comme un travail, mais bien comme une profession : j'aime partager mes connaissances et faire découvrir des chose aux autres, ce n'est pas une corvée à mes yeux. Peut-être qu'après mes études, je n'aboutirai pas enseignant, mais on verra rendu là.

Mais bref, je trouve ça assez ridicule à quel point les gens se définissent par leur travail, même lorsqu'ils sont sans intérêt. Je trouve ça assez débile de voir quelqu'un scraper ses plans de soirées/fin d'semaine en acceptant de remplacer un collègue : certains n'auraient jamais fait ça si je les aurais appelé pour me venir en aide avec ma voiture en panne (exemple, en fait ils auraient accepté de venir me dépanner après les avoir supplié, alors qu'ils acceptent enthousiasmant de faire du remplacement... alors que moi je serais venu les aider illico). J'ai toujours été franc jeu avec mes collègues : ne comptez pas sur moi pour vous remplacer, je dois être le dernier recourt. Pourquoi? Parce que ma job au salaire minimum n'est pas ma raison d'être, j'ai d'autres projets dans la vie qui importe plus à mes yeux, même en ne me rapportant aucun salaire. Pourquoi? Parce que l'argent n'a pas de valeur à mes yeux, c'est strictement virtuel, imaginaire; ce n'est pas une fin, mais seulement un moyen de parvenir à nos fins... Un moyen parmi tant d'autre et dont on pourrait se passer.

Le système capitaliste me répugne : il accorde de l'importance à ce qui, fondamentalement, n'en a pas (comme se procurer des biens sans qu'il y ait de besoin), il rend les gens incapables de se débrouiller par eux-mêmes ou d'être autosuffisant, et il est à l'origine de tous les problèmes environnementaux (ou plutôt de l'incapacité de mettre en oeuvre des solutions). Je dois l'admettre, je suis un anarchiste, mais je ne me fais pas d'illusion : un changement aussi radicale est infaisable à grande échelle, mais néanmoins on serait tous gagnant à tenter un rapprochement. L'humain doit prendre conscience de sa place dans la nature et que le mode de vie à l'occidental n'est pas cohérent avec la nature. L'humain doit changer, sinon ça va se retourner contre lui... et c'est pour bientôt : la théorie d'Olduvaï et la crise Malthusienne deviennent de plus en plus plausible, et si rien ne change, elles se concrétiseront.

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Bon, cela dit, je me suis peut-être un peu vider le cœur et j'ai peut-être un peu déraper, mais je pense que tout ce qui relève du système est intrinsèquement lié et en subis les effets. J'ai jamais vraiment su ce que je voulais faire dans la vie et ben franchement, cette idée d'avoir absolument "vrai travail" me dérange énormément... et l'idée de se définir par le travail encore plus. Mes parents n'ont jamais été du genre à se définir par le travail : pour mon père, tout ce qui importe le plus pour lui se passe hors de son emploi et son emploi ne reflète pas sa seule compétence... c'est plutôt un homme très polyvalent.

Cela dit, ce n'était qu'une parenthèse à propos de la vidéo de Doxa et j'ai bien hâte à la suite : j'aurai peut-être enfin de quoi à montrer comme argument contre mes obsédés du travail!

Merci! Et oui, je sais que la situation en France n'est pas similaire à la nôtre. D'ailleurs, la situation actuelle en France me fait fortement penser au Québec durant la crise d'Octobre 1970 (avec le décret de la loi martiale, le FLQ, etc.). Mais bon, mon intervention ne concernait que la vidéo de Doxa... et c'est une situation que je vis presque tous les jours.