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Bayonetta 3 - Test

Switch     Rédigé par Spyounet     Dim 8 Jan 2023     0 Coms et 1097 Vues
Fin 2014, ça commence à remonter cette histoire. Mon arrivée sur ce site était encore fraîche et mes débuts dans la rédaction encore plus. Fébrile, c’est l’état dans lequel j’étais lorsque j’ai inséré la galette de Bayonetta 2 dans ma Wii U pour la première fois. Déjà conquis par la premier volet sur ma Xbox 360, il me tardait d’enfin jouer à un gros beat’em up bien vénère sur une console Nintendo. Que ne fût pas mon émerveillement devant un titre aussi prodigieux. L’équipe alors dirigée par Yusuke Hashimoto (qui remplaçait Hideki Kamiya) avait réussi à pondre un jeu d’une rare maîtrise à tous les niveaux : visuel, sonore, gameplay, histoire, direction artistique… Tout était maîtrisé dans cette suite, mais surtout son rythme absolument parfait. Puis arrivèrent la Nintendo Switch et l’année 2017 qui se clôtura par l’annonce du développement d’un troisième volet. Un projet qui n’était visiblement pas de tout repos pour Platinum Games qui a connu plusieurs départs, notamment Hashimoto qui laisse cette fois-ci sa place à Yusuke Miyata. Déjà game-designer sur Astral Chain, The Wonderful 101 ou le sombre projet Scalebound, il signe ici sa première direction. Il aura donc fallu attendre plusieurs années avant de voir enfin la première bande-annonce de Bayo 3. Autant dire que la nouvelle direction artistique a secoué tout le monde lors du reveal : un Tokyo futuriste, un multivers, une nouvelle héroïne, plusieurs Bayonetta. Décidément, quelle est cette sorcellerie ?


Ce test a été réalisé à partir d'une version presse fournie par l'éditeur

BAYONETTA 3 - NO WAY HOME


La scène d’introduction du titre nous fait découvrir le personnage de Viola. Cette dernière est originaire d’un autre univers qui est sur le point d’être détruit par une force maléfique d’un nouveau genre. Alors que sa propre Bayonetta rend l’âme, Viola arrive à s’échapper pour se rendre dans une autre réalité, celle de notre Bayonetta “à nous”. Après une grande scène d’action où nous incarnons notre sorcière préférée, cette dernière arrive enfin à s’entretenir avec la voyageuse du multivers. La rockeuse explique ainsi que la nouvelle menace qui pèse sur les univers sont les Homonculus dont le but est d’anéantir toutes les autres réalités pour qu’il n’en reste plus qu’une seule. Très vite, on comprend que notre Bayonetta est spéciale. Elle semble être celle qui dépasse toutes les autres et la seule qui soit en mesure d’arrêter Singularity le patron de ces nouveaux ennemis.

Cependant, la tâche ne sera pas des plus simples, pour se rendre dans l’univers où réside le grand méchant, il faudra récupérer cinq engrenages spéciaux disséminés dans le multivers pour pouvoir ouvrir l’ultime portail. Direction une île mystérieuse qui servira de hub pour ce voyage entre les dimensions. Tokyo du futur, Chine impériale ou encore le Paris d’Arsène Lupin, voici un exemple des univers dans lesquels Viola et Bayonetta devront se frayer un chemin pour réussir leur quête. Car oui, même si Bayonetta sera la protagoniste de la plupart des missions, certaines vous mettront dans la peau de la petite nouvelle.

VIOLA IN THE MULTIVERSE OF MADNESS


Bayonetta 3 offre de nouveaux mouvements à la sorcière pour les combats, avec la possibilité de directement appeler nos démons favoris pour se battre à nos côtés. En plus de pouvoir botter des culs avec une panoplie de nouvelles armes et transformations (possibilité également de récupérer les flingues des deux précédents jeux si vous avez des sauvegardes de Bayo 1 et 2), Lady Butterfly, Gomorrah et autres Baal viendront vous prêter main forte. Cela demande un petit temps d’adaptation et c’est assez dépaysant au début d’avoir l’impression d’être un dresseur de Pokémon démoniaque, mais on finit par apprécier cette nouvelle proposition. Même si je suis plus fan du cassage de bouche frontal et de la panoplie poussée du deuxième épisode, je dois avouer que ce nouveau gameplay reste très fun et renouvelle la formule.

Car oui, de nouvelles idées ce Bayonetta 3 il n’en manque pas, avec notamment l’apparition de Viola. Cette dernière nous offre un gameplay plus “traditionnel”, dans la vibe d’un Devil May Cry. Katana et salve de couteaux permettront de venir à bout de différents ennemis. Un personnage que l’on pourra, comme la sorcière, améliorer avec un arbre de compétence à débloquer au fil de l’expérience reçue en combat. Même si elle n’offre pas la même satisfaction de sur-puissance de Bayo, Viola reste un personnage agréable à contrôler. Ce qui est déjà mieux que son écriture.

Un chapitre de Bayonetta 3 reste, globalement, dans la même construction que les anciens. On avance de façon linéaire dans des niveaux et on y affronte des monstres dans des arènes et de temps en temps il faudra résoudre des énigmes. Toutefois, ce troisième volet se paye le luxe d’avoir des zones plus ouvertes et donc plus d’objectifs annexes. Pour compléter le jeu en entier il faudra, par exemple : récupérer trois animaux très rapides, ouvrir des coffres cachés, réaliser des énigmes temporelles avec une jeune Cereza ou encore réussir les fameux défis optionnels déjà présents dans le précédent opus.

C’est la force de ce troisième volet : être plus généreux. Que ce soit dans les invocations démoniaques, l’ouverture des niveaux, le nouveau bestiaire, les nombreux décors, les phases de jeux spéciales (avec des hommages au shoot’em up, au jeu de versus, au rail-shooter, des nouveaux à la Mark of the Ninja avec Jeanne, etc.). Néanmoins, cette variété et cette générosité, Bayonetta 3 doit également en payer le prix sur plusieurs points : son scénario, certaines phases brouillonnes, certains décors moins clinquants, une direction artistique qui part un peu trop dans tous les sens.

UNE ÉCRITURE SANS MAGIE


Vous l’aurez compris, le scénario de cette troisième aventure nous invite à plonger dans le multivers de la folie. Le premier détour se fera dans un Tokyo du futur nous rappelant celui dépeint dans Astral Chain du même studio (le jeu n’hésite pas à y faire des clins d’oeils). Le jeu proposera quatre autres destinations à travers le temps, mais pas tellement l’espace. Finalement, l’histoire aurait pu être tout simplement Bayonetta qui voyage à travers sa planète que ça n’aurait pas changé le fond. Le délire du multivers est surtout ici pour justifier la nouvelle menace, la présence de Viola et les passages éclairs d’autres Bayonetta. Oui, car d’autres sorcières de l’Umbra feront ce qui s’apparente à des caméos. On rencontre un double de Cérèza et cette dernière va mourir dans les 10 minutes. Une facilité de scénario qui nous sert surtout à récupérer une nouvelle arme et ne pas s’attacher spécialement à ces personnages pourtant joliment représentés.

Et c’est bien le principal problème de l’écriture de Bayonetta 3 : on ne s’y attache pas. On a l’impression que tout est un prétexte pour des péripéties épiques. Sans atteindre des sommets d'écriture, les deux précédents volets avaient réussi à créer un univers et des personnages attachants. Ici, on a l’impression que tout a été passé à la trappe pour un délire “multiversel” car “c’est cool en ce moment”. Alors oui, les affrontements offrent des panoramas et des mises en scènes stylées, mais c’est dommage d’avoir sacrifié l’écriture pour y arriver.

Le personnage de Bayonetta qui était la force de la licence est ici bien trop en retrait en termes d’investissement. Comme le joueur, on a l’impression qu’elle est plus spectatrice de l’action que les autres personnages. Elle arrive toujours un peu trop tard, elle est moins audacieuse, moins charismatique, moins grandiloquente. On a l’impression qu’elle se fiche un peu de tout, comme si les scénaristes avaient oublié ce qui en faisait un personnage aussi unique. Bayonetta est une femme surpuissante, qui arrive toujours à sortir une solution de son chapeau démoniaque pour vaincre ses adversaires. Malgré son caractère qui peut paraître distant et froid, elle arrive toujours à s’attacher aux autres et à se battre pour ce qui est juste. Dans ce troisième opus, le personnage est un peu devenu une parodie d’elle-même. Et ce n’est pas le twist grossier de la fin qui arrange la chose, bien au contraire. Les deux précédents volets avaient réussi à jouer sur les traumas du personnage pour lui permettre d’évoluer. On a l’impression que Cereza n’a déjà plus rien à raconter, que son arc narratif est terminé. Les personnages sont pour la plupart mal écrits. Les affrontements épiques sont évidemment ce qui permet de tenir en haleine le joueur qui ne cherchera pas plus loin qu’un jeu d’action frénétique. Mais c’est dommage d’avoir des personnages aussi creux.

UNE DIRECTION ARTISTIQUE (TROP) RICHE


Bayonetta 3 est un très joli jeu pour la Nintendo Switch. Evidemment le step-up par rapport au deuxième volet n’est pas spécialement visible au premier coup d'œil. Ce qui fait la différence technique par rapport à la Wii U c’est surtout d’avoir des niveaux plus ouverts à l’exploration, aux énigmes et de la plates-formes. Cependant, en termes de direction artistique, sa richesse visuelle fait que le titre ne sera pas toujours à votre goût. Les niveaux de Tokyo et Paris sont remplis de jolis panoramas et de bons délires visuels, tandis que le monde de la Chine s’offre des décors par vraiment fou et des textures assez fadasse. Avec ses tons gris et bleutés, ce troisième épisode pêche aussi sur le design de ses nouveaux ennemis. Les Homonculus manquent clairement de charisme. Le but était clairement de créer des créatures "extraterrestres", mais on regrettera souvent le côté classe des anges et des démons des précédents jeux. La direction artistique de cette opus est trop “riche” pour y trouver un mariage cohérent et quelque chose qui s’en dégage. Comme une recette avec plein d’ingrédients sans lien entre eux.

Heureusement, comme Sonic, il y a bien un point où Bayonetta ne foire jamais c’est sur sa bande-son. Les nouvelles compositions de Naofumi Harada (StarFox Zero, Astral Chain) empruntent à nouveau les ambiances jazzy qui ont fait le charme de la série. Les affrontements contre les boss embrassent encore l’épique et la démesure qu’on adore pour accompagner des “bottages de cul” à grande échelle. La présence de Viola permet également d’apporter la variété avec des morceaux de rock qui permettent de donner une identité aux chapitres de la jeune punk. Les morceaux sont une nouvelle fois des pépites qu’on prendra plaisir à écouter in-game et sur youtube (pardon Nintendo). Au niveau du doublage les acteurs font toujours un taff brillant et Jennifer Hale fait une excellente prestation pour la nouvelle voix anglaise de notre sorcière préférée. Nous faisant déjà oublier une ancienne doubleuse humainement peu recommandable.

| Conclusion |

Vous l’aurez compris, en tant que fan de la saga, Bayonetta 3 est pour moi une petite déception amère. Certes, le titre est plus varié, plus grand, plus ouvert. Mais cette diversité a eu un contre-coup non négligeable sur l’écriture, la direction artistique ou encore la lisibilité de certaines phases. On a l’impression que les protagonistes vivent l’aventure malgré eux, que le multivers n’est qu’un prétexte pour apporter plus de “trucs”. Si vous cherchez un excellent jeu d’action, foncez, car Platinum Games remplit toujours le cahier des charges avec brio. Cependant, si vous étiez attachés à la perfection que représente le second volet, il se peut que ce troisième épisode laisse un arrière-goût, une sensation, une petite chanson dans la tête qui dit “Ah c’est dommage”.
1520
Bons points
- Battle-System nouveau mais toujours jouissif
- Une grosse variété d'actions...
- Des niveaux plus ouverts
- Des scènes d'actions grandioses
- Certains panoramas superbes
- Une bande-son stylisée et variée
- Un doublage anglais excellent
- Se balader à Paris avec Bayonetta c'est vachement marrant
Mauvais points
- Des personnages devenus inintéressants
- ...Mais pas toujours lisible
- Un scénario sans queue ni tête
- Une direction artistique sans réel fil rouge
3 commentaires Voir sur le forum
Spyounet
9918 posts
Spyounet, Dim 8 Jan 2023 - 19:36
Maintenant j'attends vos insultes :daser2:
manchot1er
5274 posts
manchot1er, Mer 11 Jan 2023 - 16:11
BOUH ! Il est tout pourri ce test ! C'est du Mickael Morbius/20 !:honteux:

(Voilà, maintenant que le sel à été déversé, je peux faire un avis subjectif sur ce Bayo 3 vu que je viens de le finir:hehe:).

Bon déjà, en ce concerne ce test, il est bien écrit et puis 15/20, c'est une bonne note pour ce jeu. Pour ce qui est du jeu en lui-même, j'ai l'impression que c'est l'opus qui va pas mal faire diviser les fans. Il y en as qui vont le trouver excellent, d'autres qui vont le détester à mort. En ce qui me concerne, je l'aime bien ce Bayo 3. Bon, il est pas aussi mémorable que Bayo 2, mais j'ai bien apprécier le gameplay de ce troisième opus qui est bien jouissif, que ce soit dans la possibilité des armes et des transformations, l'invocation des démons ou tout le gameplay avec Viola (même s'il faut un temps d'adaptation pour la parade avec le sabre), et cet opus à d'assez bonnes idées de mise en scènes et de moments d'actions. Après, il y a des passage que j'ai trouvé pas ouf et qui m'ont un peu irrités, mais ça reste une minorité par rapport à ce que propose le jeu. Pour ce qui est des points qui divise :

-Au niveau du scénario et de l'écriture, ça passe. On aurait put s'attendre à pire niveau "intrigue qui parle de multivers", même si ce multivers-ci n'est pas aussi fou et mémorable par rapport à un Doctor Strange & The Multivers Of Madness ou un Everything Everywhere All At Once. Cela est principalement dût au manque de développement des Bayonetta alternatifs
Spoiler:
, mais aussi à cause des facilités scénaristiques qui se répètent trop et du plot twist sur le méchant central qui se voit à des kilomètres.

-En ce qui concerne les personnages, ceux qu'on connaît sont assez fidèles à eux-mêmes, même si on as l'impression dans le jeu que ce sont surtout des assistés et qu'à plusieurs reprises, on sent juste qu'ils ne font que suivre le mouvement, surtout par rapport à leurs réactions autour du multivers en mode "ok, ça existe !". Après, de là à dire que Bayo perd en charisme dans cette troisième aventure, je ne trouve pas ce que ce soit le cas. Pour le cas de Viola, c'est un personnage que j'ai adoré tout du long. J'ai bien aimé son design punk, sa personnalité et ses interactions avec Bayo. Et pour la révélation de fin autour d'elle, ça ne m'as pas dérangé plus que ça.
Spoiler:
Et puis, le démon qui l'accompagne est classe. Si on fait un nouvel opus centré sur ce nouveau personnage et qu'on la développe plus par la suite, je serais pas contre.

-Et pour le cas des homonculus, leur design ne m'as pas déranger. Certes, ils sont moins charismatiques que les anges et les démons, mais on fini par s'y habituer à ses ennemis (surtout que le bestiaire autour d'eux est assez varié pour être intéressant et qu'il y a même certains boss qui sont assez impressionnants).

Et pour terminé, je vais revenir sur un point qui a été décrier par les joueurs et que je ne comprend pas : le soucis de framerate. En effet, beaucoup de joueurs se sont plaint de diminutions de FPS et de manque de fluidité. Mais durant toute ma partie, j'ai eu aucun problème technique, aucune baisse de framerate et aucune diminution de FPS. Et pourtant, j'ai fait le jeu sur une Switch de base. Je ne sais pas si le problème vient surtout de la Switch Lite ou de la Switch Oled, mais sur ma Switch, je n'ai eu aucun soucis à ce niveau-là.

Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire sur ce nouveau Bayonetta qui m'as bien plût.
Ebros
2233 posts
Ebros, Mar 17 Jan 2023 - 18:17
Très bon test :good:

En revanche, je suis plutôt à l'inverse de toi. Pour avoir fait Bayoneta 2 et 3, je peux dire que j'ai bien mieux préféré le 3, malgré ses défauts évident.

La raison est simple. Avec le 3, j'ai eu l'impression d'avoir eu une vrai "aventure complète". Je me suis jamais vraiment lassé d'un gameplay car ils ont fait en sorte de toujours proposer quelque chose de différent (quitte à se foirer de temps en temps).

Ce que tu cite comme un défaut, le fait que Bayonetta est trop en retrait, est pour moi une qualité.

Dans Bayonetta 2, le jeu excellait dans ce qu'il faisait. Mais personnellement, sur la 2eme partie du jeu, je commençais à m'ennuyer. Certes, le jeu était parfait en soit mais pour faire simple, j'avais plus l'impression de faire un Boss Rush qu'une vrai aventure.

C'est un peu le problème des Beat'em All, c'est qu'ils peuvent vite être très répétitif.
Par exemple, j'aime beaucoup moins le gameplay de Viola, mais bon sang que ça fait du bien de changer un peu de gameplay.


Alors c'est vrai que je pourrai citer plus de défaut sur bayo 3 par rapport à bayo 2, mais paradoxalement j'ai préféré le 3. Il est tellement plus généreux et il prend beaucoup plus de risque que je peux lui pardonner ses ratés.

Bref, une vrai aventure, certes pas parfaite, mais une vrai aventure quand même :wink: