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The Caligula Effect : Overdose

The Caligula Effect: Overdose - Test

Switch     Rédigé par Lord Kanozu     Sam 6 Avr 2019     0 Coms et 1115 Vues
Au royaume des illusions, l’ignorance est clé de voute de la réalité. The Caligula Effect : Overdose signe le retour sur scène de l’illustre Tadashi Satomi à l’écriture d’un jeu vidéo, après son travail sur les deux premiers Persona et Digital Devil Saga et sa subséquente disparition de la circulation. On remarque vite les similarités superficielles, le titre mettant également en scène un casting de lycéens qui développent des pouvoirs surnaturels, mais ce serait se méprendre que de s’attendre ici à un clone de Persona, alors qu’il est bien différent sur de nombreux égards. Pour le meilleur ou pour le pire.


Astral Projection


Le royaume de Mobius enferme tout ceux qui, las de leur vie morose dans le monde réel, ont été frappés par l’Astral Syndrome et plongés dans un profond coma. Tout s’y passe comme dans le rêve idéal, sans que le rêveur ne sache même qu’il se trouve dans un monde illusoire créé de toutes pièces. Tout part à la dérive lorsqu’un groupe d’étudiants, le Go-Home Club, se rend compte de la supercherie et cherche par tous les moyens à rentrer chez eux, ce qui ne fait pas l’affaire des Ostinato Musiciens qui préfèreraient rester dans ce paradis synthétique. Ainsi le ton est donné, et il sera question de vagabonder dans des donjons pour défaire les Ostinato Musiciens les uns après les autres et de raisonner µ, gardienne à la présence divine de Mobius.

Le jeu se découpe de manière assez classique : il s’agira d’explorer un long donjon labyrinthique jonchant d’ennemis, se servir des divers mécanismes pour atteindre la porte du boss et l’éliminer. La principale difficulté des phases d’arpentage de donjons réside dans le fait que tous les couloirs se ressemblent comme deux gouttes d’eau et qu’il ne faut pas espérer réussir à en sortir avec d’y avoir mis une à plusieurs heures. Si le concept est sympathique les premières minutes, l’ennui s’installe très vite et l’architecture des donjons est d’une telle platitude qu’ils tapent rapidement sur le système.

Il n’en est toutefois pas de même pour le système de combat qui, lui, est tout de suite plus intéressant. Les affrontements prennent place dans une sorte de tempo entre RPG tactique et jeu de rythme. Au début de chaque tour il est possible de lancer jusque trois attaques à la suite, chacune ayant une propriété différente. La particularité étant que le jeu prévisualise les effets de l’attaque et il est ainsi possible d’ajuster le timing de ses frappes en fonction des mouvements de l’ennemi, qui n’attend pas son tour pour agir. C’est essentiel puisque la plupart des attaques possèdent un attribut – Shooting, Rush ou Shield – et qu’il est possible d’exploiter en utilisant un contre spécifique à cet attribut pour casser la garde de l’adversaire et le faire voltiger. Mieux encore, une fois l’ennemi balancé dans les airs, il est aussi possible de continuer à lui tirer dessus afin de ralentir sa chute et de faire des combos dévastateurs. Avec trois personnages qui agissent simultanément, les escarmouches prennent l’air de chorégraphies et de nombreuses possibilités s’ouvrent. On conseille toutefois de passer la difficulté en Hard une fois les mécaniques assimilées, le jeu étant bien trop simple en Normal.

The Mandala Effect


La musique est un thème central de The Caligula Effect, et elle se reflète autant sur des éléments de scénario que concrètement via le grand nombre de compositions du jeu. Chaque Ostinato Musician a sa propre chanson dédiée, avec des noms de vocaloid plutôt réputées derrière la bande-son. Il faut fatalement apprécier la J-Pop, mais les fans du genre devraient avoir largement de quoi s’abreuver ici, particulièrement s’ils sont fans de symbolisme et de décryptage de paroles. Les donjons à rallonge ne mettent toutefois pas toujours le mieux en avant ces musiques tant elles peuvent commencer à lasser lorsqu’elles sont en boucles pendant plusieurs heures. Surtout pour le premier de ces donjons.

Là où chaque musicien ennemi est défini par sa musique, les personnages alliés, eux, se voient développer au fur et à mesure de la progression dans l’histoire principale mais surtout dans leurs Character Episodes spécifiques à chacun. Il s’agit d’un court récit, séparé en dix petits morceaux qui se débloquent progressivement, qui raconte le passé souvent sombre de chacun des personnages. On se rend d’ailleurs rapidement compte que c’est dans ces annexes que se situent les moments véritablement intéressants de l’écriture, avec certains personnages qui sont présentés sous un jour particulièrement complexe. Il est assez essentiel de s’y intéresser plutôt vite que tard, étant donné que la trame principale n’offre pas grand-chose à cet égard, et se contente d’effleurer vaguement la personnalité de chacun. Tous ont une bonne raison d’être envoyés à Mobius, et même si certains ne sont pas aussi détaillés que d’autres, il est plaisant de faire le lien entre leur passé secret et leur personnalité. Les âmes sensibles doivent cependant savoir que certains des thèmes abordés peuvent être assez lourd à digérer, même s’il n’y a rien de graphique.

Le casting de personnages est par ailleurs l’une des grandes forces du jeu. On y retrouve certes les clichés habituels du genre, mais il est appréciable de constater des développements plus originaux qu’attendus. Entre Eiji Biwasaka, ex-CEO d’une grande compagnie et un homme visiblement plein de hargne et de savoir-faire, et Ayana Amamoto, jeune demoiselle désespérément terrifiée à la moindre présence masculine dans la pièce et qui n’hésite pas à plonger corps et âmes dans la misandrie, il y aura bien quelques personnages qui attireront votre œil curieux.

Un autre point très important à avoir en tête avant de potentiellement se lancer dans l’aventure est que le jeu présente son scénario sous deux facettes différentes, et qu’un choix se trouvant assez tôt dans la trame principale permet de déterminer dans laquelle des voies vous vous dirigerez. Cela n’a pas de grande influence sur les donjons ou les boss à affronter, mais l’une des deux routes permet d’avoir accès aux Character Episodes des membres du Go-Home Club, tandis que l’autre développe le passé de chaque Ostinato Musician. On vous recommande de simplement choisir lequel des deux castings vous intéresse le plus, sachant qu’il est tout aussi simple de refaire une partie après avoir terminé l’une des deux routes et d’avoir accès à la seconde, en gardant son niveau et ses capacités.

Overdose de flou


Malheureusement il faudra conclure ce test sur une mauvaise note, en s’attardant précisément sur la partie visuelle du titre qui n’est certainement pas son point fort. Le jeu tourne sous Unreal Engine 4, ce qui surprend à première vue puisqu’il est loin de déployer des artifices nécessitant un tel moteur. La résolution, correcte en mode TV, n’est pas très agréable en mode portable et donne une impression de flou constante – surtout en comparaison avec l’interface et les portraits qui, eux, sont d’une clarté frappante. Il en est de même pour la fluidité générale, le jeu n’hésitant pas à s’offrir de grosses chutes de framerate chaque fois que les environnements s’ouvrent légèrement ou lors des combats contre plusieurs ennemis. On n’oubliera pas de mentionner la mollesse des décors et le manque de détails sur à peu près chaque texture et chaque personnage du jeu, n’aidant pas à insuffler un peu de vie dans un monde qui semble immuable.

Rien qui rende le tout fondamentalement injouable, mais il est assez inexplicable et décevant de constater autant de problèmes techniques alors qu’il sort sur une console qui a vu des jeux bien plus ambitieux rouler sans soucis.

| Conclusion |

Difficile de recommander The Caligula Effect : Overdose au premier venu. Il faut accepter de s’infliger de longues phases de jeu à se perdre dans des couloirs qui se ressemblent tous avec comme récompense à la clé d’avoir accès à plus de développement pour les personnages fort intéressants qui portent le jeu. Le tout dans des conditions peu confortables vu tous les problèmes techniques du jeu. Le système de combat original et plutôt intéressant permet certes d’alléger quelque peu ces moments, mais l’ennui risque de s’installer bien avant d’avoir atteint la vingtaine d’heures de jeu nécessaire pour le boucler. On ne le conseillera alors qu’aux avertis, à ceux déjà familiers avec l’univers et le dessin animé dont il a bénéficié l’an dernier.
1220
Bons points
Casting de personnages attachants
Système de combat original
De la bonne J-Pop
Deux facettes différentes d'une même aventure
Mauvais points
Vraiment laid
Le framerate souvent à la ramasse
Les donjons inutilement trop longs
Très vite répétitif
Manque de finition généralement
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