Véritable hit lorsqu'il fut commercialisé au Japon en 1988, Dragon Quest III est un jeu qui surprend. Il surprend, par la modernité de son gameplay, par la maturité de son scénario et par la grande qualité de sa réalisation. Les premiers DQ souffrent globalement de problèmes de rythme, d'équilibrage et de difficulté qui les rendent bien pénibles à découvrir de nos jours, mais ce troisième épisode dépaysage complètement par rapport à tout ce qui pouvait se trouver sur NES/Famicom.

Dès le début, vous aurez le choix de constituer votre équipe à partir de six classes qui déterminent les compétences du personnage : soldat, prêtre, mage, artiste martial, marchand et bouffon. Rendu à un certain point dans l'aventure, vous pourrez même changer la classe d'un personnage déjà existant tout en conservant certaines de ses stats. Autant vous dire que niveau rejouabilité, cette mécanique permet des possibilités infinies !

En terme de combats, ceux-ci se trouvent étonnemment plaisants : les rencontres aléatoires s'adaptent pleinement au niveau du joueur, et bien qu'il faille parfois farmer de l'XP pour progresser sans trop galérer, la majorité de l'aventure se déroule sans accrocs liés à un niveau trop bas.

L'exploration sera également très fluide grâce aux indications des PNJ, et même si vous vous perdez sur la map, vous pourrez très facilement revenir aux villes déjà visitées grâce à votre sort de téléportation. Les donjons sont eux aussi très bien construits, et sauront représenter une épreuve bien ficelée sans pour autant être trop difficiles ni labyrinthiques à en pleurer.

Si la progression toutefois un peu trop linéaire et si l'absence de personnages principaux pourront rebuter les plus grands aficionados du genre RPG, ne vous laissez pas décourager ! Les nombreuses quêtes qui ponctuent l'aventure se révèlent vraiment passionnantes, et vous vous surprendrez à prendre de l'intérêt pour les différents personnages rencontrés au cours de l'histoire, que ce soit pour la reine des elfes dont la fille a disparu ou le village de Jipang opprimé par un dragon maléfique.

Je parlais tantôt de scénario mature : bien que les limites de la NES empêche à Dragon Quest III d'avoir une narration aussi poussée que ce à quoi nous a maintenant habitué la franchise, le jeu n'hésite nonobstant pas à explorer des thèmes de façon très crue pour un jeu NES. La question du suicide, du deuil et plus globalement de la mort se posent à de nombreux moments clefs et de manière très directe.

Sur une note plus optimiste, DQIII met en avant aussi — et surtout — la question de l'héritage, de la descendance généalogique et de la fierté du sang de façon particulièrement héroïque. Cela s'incarne tant par la quête de vengeance de votre personnage que par le plot twist de fin de jeu qui boucle formidablement bien la boucle scénaristique de la première trilogie DQ. Sans vous spoiler : si vous avez joué aux deux premiers jeux, vous serez très agréablement surpris de découvrir ce qui se passe une fois avoir tué Baramos. ^^

Pour résumer, Dragon Quest III est un RPG qui se démarque des autres productions NES de son temps, grâce à la profondeur de son style de jeu marqué par le choix des classes, par un scénario qui ne craint pas de sortir des sentiers battus, mais aussi par l'incroyable bande-son qui ne souffre aucunement des limitations du chiptune — la musique du phénix reste sans doute l'une des plus belles compositions de tout le répertoire de la NES.

Bref, si vous aimez les RPG au tour par tour, jouez à Dragon Quest III : vous serez étonné de voir à quel point il n'a que peu vieilli contrairement à d'autres jeux de la console.