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Dragon Quest Builders

Dragon Quest Builders - Test

Switch     Rédigé par Lord Kanozu     Lun 5 Mar 2018     0 Coms et 1337 Vues
S’il y a bien deux concepts qu’il était difficile d’imaginer ensemble, c’est le classicisme japonais exacerbé qu’incarne la série Dragon Quest depuis plus d’une trentaine d’années maintenant, et l’ouverture maximale occidentale que Minecraft a redéfini il y a plusieurs années de cela. Et pourtant c’est l’objectif que Yuji Horii et Square Enix se sont mis en tête de poursuivre avec Dragon Quest Builders, qui mélange l’univers de l’une des plus anciennes séries de J-RPG avec les mécaniques de construction et d’exploration du célèbre titre de Mojang. Aucune collaboration n’est toutefois à l’origine de ce projet, il s’agit d’une « idée originale », et ce n’est pas l’esthétique pratiquement identique qui empêchera Yuji Horii de le proclamer. Simple skin ou véritable association ? La réponse dans le test ci-dessous.


De la Suède au Japon, il n'y a qu'un bloc


Le scénario du jeu reprend celui du premier Dragon Quest mais dans une version post-apocalyptique
La probabilité que vous, qui lisez ces lignes, n’ayez jamais joué ne serait-ce qu’une seule fois à Minecraft de votre vie est infiniment petite, mais prenons quand même le temps de quelques lignes pour rappeler le concept à ceux qui sortent d’une hibernation longue d’une décennie. Minecraft représente la quintessence du jeu dit « bac à sable », à savoir qui offre un monde ouvert pratiquement infini et qui laisse au joueur la liberté totale de vivre son périple comme il le souhaite. Aucun objectif n’est donné, aucune indication, aucun dialogue et encore moins une trame scénarisée. Il s’agit purement de faire jouer son imagination pour les plus créatifs d’entre nous, ou de survivre le plus longtemps possible pour ceux en manque d’aventures.

Dragon Quest Builders reprend tout l’aspect construction et exploration mais, dans une tradition purement japonaise, s’efforce à encadrer le joueur le plus possible pour ne jamais le laisser tout seul. Le jeu s’ouvre sur votre héros qui se réveille d’un long sommeil et qui apprend, de la part d’une voix mystérieuse, qu’il est le légendaire Bâtisseur et qu’il possède un pouvoir perdu des humains depuis des siècles : celui de fabriquer et de construire. Vous arriverez peu de temps après sur les ruines de Cantelin, une ancienne cité détruite par l’armée de Lordragon, qu’il va falloir reconstruire entièrement et réunir les ressources suffisantes pour contre-attaquer et vaincre le Seigneur Démon. Pour ce faire, il vous faudra recruter le plus de villageois possible et répondre à leurs demandes afin qu’ils s’installent et puissent travailler à améliorer la ville. Il s’agit là de la plus grande différence entre Minecraft et Dragon Quest Builders : ce dernier découpe sa progression avec un grand nombre de quêtes, qu’il faudra accomplir pour débloquer de nouveaux matériaux, villageois, et environnements. Il ne s’agit pas de s’aventurer dans un gigantesque monde ouvert vide d’habitants, mais bien de progresser, étapes par étapes, vers un objectif final qui est la reconstruction de la ville.

Les quêtes servent en réalité surtout de prétexte pour baliser l’exploration, étant donné qu’elles se résument pour la plupart à aller récupérer un certain nombre de matériaux dans un bout de la carte encore inexploré, et à créer un nouvel outil qui sera utile par la suite. Les quêtes s’obtiennent directement en parlant à ses villageois ou aux différents PNJs planqués sur la carte – on regrette au passage l’absence d’un journal de quêtes pour se rappeler des objectifs, il faut à chaque fois aller reparler au PNJ pour qu’il réexplique ce dont il a besoin – et donnent donc accès à de nouveaux objets, outils, zones et permettent de progresser dans la trame. Il est donc impossible de décider de partir directement affronter le boss final, ou même d’aller dans une zone dont aucun villageois ne nous a encore parlé : vous aurez beau les voir à l’horizon, il sera impossible de les rejoindre avant d’avoir reçu le portail correspondant, étant donné qu’aussi puissant Bâtisseur soit-il, notre héros est incapable de nager une fois qu’il n’a plus pied.

Entre les quêtes de collecte se glissent de temps à autre une quête de défense du village contre une invasion de monstres. Le but ici est de mettre à profit les dispositifs de défenses et diverses barrières que l’on a soigneusement installé autour du village pour repousser les vagues de monstres (même si, généralement, juste rentrer dans le tas avec sa propre épée suffit). Ces interludes permettent d’illustrer l’un des principaux et seuls reproches que l’on aurait à faire au jeu : le système de combat, beaucoup trop simpliste et rigide. Une fois équipé de son arme et de ses armures, il suffit juste de presser un bouton pour frapper son ennemi, à condition de ne pas être en mouvement. Impossible de bouger en attaquant, de parer, d’esquiver, d’attaquer de différents angles ou quoi que ce soit, c’est du bête mashing de boutons sur tous les ennemis du jeu. Autant cette faiblesse est rapidement oubliée quand il s’agit de rosser des gluants en deux coups, autant c’est plus pénible quand c’est face à des dragons que l’on se frotte et que le combat tire sur la longueur. On aurait préféré une meilleure inclusion des différentes aptitudes de la série, et de plus de variété au niveau des coups.

Thou Art Dead


Le Dark Souls des clones de Minecraft
Une fois la quête principale bien entamée, l’heure d’affronter le boss viendra, et une fois vaincu le chapitre sera bouclé. C’est une chose que le jeu ne prévient pas mais qu’il est important de savoir : Dragon Quest Builders est découpé en plusieurs chapitres, qui ont chacun un univers et des biomes différents et séparés. Tout est remis à zéro entre chaque chapitre, ce qui fait qu’il faudra reprendre depuis le début la construction de son village, soumis à d’autre conditions selon le chapitre, et que rien n’est conservé d’un chapitre à l’autre. Cela ne veut pas dire que ce qui a été construit dans le précédent chapitre est perdu, puisqu’il est toujours possible de revenir dans le chapitre pour continuer à construire si c’est votre souhait. Qui plus est, une fois le premier chapitre terminé, un mode sera débloqué permettant de construire à l’infini dans différents biomes sans avoir à se soucier des quêtes ou de la trame. Cette construction en chapitre permet de forcer le joueur à essayer différents types de constructions et à l’obliger à s’adapter à de nouveaux environnements où les conditions ne sont pas toujours les mêmes : par exemple, là où le bois est en abondance dans le premier chapitre, il est plus rare dans les suivants et il faudra se rabattre sur d’autres matériaux plus communs.

Petit aparté sur la technique du jeu, étant donné qu’il s’agit d’un titre originellement sorti sur Playstation 4 il était raisonnable de s’inquiéter de la qualité du portage, mais fort heureusement aucun souci n’est à déclarer. Le jeu tourne à 60 images par seconde en mode TV, contre 30 images par seconde en portable, ce qui peut faire tiquer lors d’une transition entre les deux modes mais qui ne dérange finalement que très peu au vu de la nature plutôt calme des sessions de jeux. La résolution est de 1280 pixels de long sur 720 pixels de hauteur dans les deux modes, ce qui rend l’image légèrement floue sur les grands écrans, mais qui en contrepartie est la résolution native de l’écran de la Switch et offre ainsi la meilleure qualité d’image possible en mode portable.

Tout ceci amène à une durée de vie assez conséquente, plus d’une quarantaine d’heures pour voir l’entièreté des chapitres et bien plus si vous voulez compléter toutes les quêtes des villageois ou si vous souhaitez construire la plus belle des demeures pour vous. On apprécie ainsi fortement l’aspect portable de la Switch pour ce genre de titres, qui permet d’y jouer en petites sessions sans grande difficulté, étant donné que le jeu s’y prête bien. On déplore toutefois l’absence de multijoueur, grand absent de cet épisode mais qui est déjà confirmé pour la suite, qui fait que ce ne sera pas le jeu qui remplacera votre session de Minecraft entre amis, mais qui pourra combler ces longues soirées hivernales, au bord de la cheminée et armé d’un bon chocolat chaud.

| Conclusion |

Dragon Quest Builders ne remplacera pas vos soirées Minecraft par son absence de multijoueur, mais il offre un bon substitut à ceux qui n’apprécient pas l’aspect entièrement ouvert des bac-à-sables et préfèrent être guidés par le jeu, sans non plus se sentir enfermé dans un couloir, via des quêtes à objectifs et des récompenses régulières. Minecraft à la japonaise pouvait sembler être une idée ridicule sur le papier, mais dans l’exécution on ressort satisfait de Dragon Quest Builders et on espère que sa suite, déjà annoncée sur Switch, corrigera les quelques défauts, principalement ceux concernant le système de combat et le multijoueur.
1620
Bons points
L’univers Dragon Quest fidèlement retranscrit
Aussi fun de construire que dans Minecraft
Progression balisée mais sans être frustrante
Très riche en contenu
Chaleureux et accueillant
Impeccable en mode portable
Mauvais points
Multijoueur absent
Le système de combat est terriblement simpliste
L’image un peu floue en mode TV
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