Candide ou Voltaire qui fume
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“Pouet 2” 7400 messages Inscrit en 2009 |
Alors en fait, c'est Voltaire qui a pris un joint et puis...(Alors non, je ne fais pas du tout de pubs pour cette édition... Je sifflote...) [Cela fait un bail que je n'ai pas fait d'article de blogs alors je recommence avec une critique du livre que j'ai faite aujourd'hui... Ca peut être lourd, surtout par la répétition du mot "délirant", mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti.] ... Il a écrit un récit où tout est délirant en réalité. Je me suis lancé dans lecture de ce conte-ci malgré certains préavis négatifs, étant donné que j'avais détesté *L'Ingénu*, mais si j'avais réellement su ce dont il s'agissait réellement. Alors que dans ce dernier on parle d'un sauvage qui découvre le monde occidental et le critique dans toutes ses formes, remettant ainsi en cause la monarchie et tout le tralala, qui m'a lassé par une construction ennuyeuse j'ai trouvé, ici, c'est l'exact inverse, c'est un occidental qui va parcourir le monde. Mais comment peut-on expliquer que cet oeuvre m'a plu et pas l'autre ? Parce que *Candide ou l'optimisme* est délirant. En effet, on va suivre les aventures d'un jeune westphalien qui a toujours vécu dans un château de cette région d'Europe, destinant ses journées à recevoir une éducation d'un certain Pangloss, et à s'amuser avec sa douce Cunégonde. On lui apprend que par la philosophie de son maître tout est au mieux dans le meilleur possible des mondes... C'est là le point de départ à la réflexion du conte. Déjà, c'est très intéressant comme réflexion, et propose de voir les choses d'une manière assez inattendu. Mais alors que se passe-til ? Candide va être chassé du château et va devoir alors être contraint à intégrer l'armée, s'enfuir, souffrir, rencontrer du monde, discuter, philosopher, s'enrichir, survivre.... Alors qu'il vivait dans la plus belle naïveté du monde, il va découvrir les joies mais surtout les désillusions, faiblesses et mesquineries du monde et du diable. Ainsi nous allons voir tout le monde tel qu'il est possible, c'est-à-dire partout (Prusse, Portugal, Paraguay, El Dorado, Venise, Turquie), mais aussi de tous (les domaines) (guerre, catastrophes, richesses, plaisirs, vols, amours, violences, ironies, hiérarchies). Ainsi, une tonne de sujets est mis en valeur, sans que cela semble trop lourd. Dénonçant par la même occasion toute l'hypocrisie possible de l'époque, la valeur des choses ridicule, la guerre comme une absurdité, ses différents rivaux philosophes, et plus globalement, les contes et romans niais et ridicules, puisqu'il s'agit en fait d'une parodie même ce Candide. Donc, c'est délirant dans son exhaustivité, mais c'est surtout délirant dans ces drôleries et autres absurdités qui peuvent paraître parodiques. Tout d'abord, la naïveté de Candide fera un comique de caractère complètement fou et succulent. A force de répétitions dans ses dialogues, ses coups de chance qu'il ne peut pas comprendre, ses joies immenses qui dégringolent les instants qui suivent, le personnage devient attachant et drôle à force. Ou du moins plaisant (car difficile de rire et lire d'un livre, sauf si c'est fait vraiment et uniquement pour). Mais ce n'est pas que ça (et heureusement). Les discussions et dialogues sont amusantes à souhait. La réflexion continuelle sur le bien, le mal, pourquoi le monde, ont parfois des conclusions absurdes, et permettent de lâcher un ricanement. Mais c'es drôle dans sa construction... Ainsi, la structure du roman surprend, divisé en 30 chapitres, chacun constitué d'une partie précise et qui ne peut se mélanger au reste. Pourquoi c'est drôle ? Car les titres de ces chapitres et décrivent ce qu'ils s'y passent peuvent spoiler même le lecteur, les chapitres se moquent en fait eux-même des personnages. Etrange sensation, mais quand les chapitres nous expliquent ce qu'il va arriver et amplifient notre attente, renforçant notre envie de découverte et au final de rire de ce que l'on lit. Mais surtout, c'est délirant aussi dans sa structure où ça n'a pas de sens. L'histoire semble s'enchaîner aussi rapidement, on se pose des questions sur comment c'est possible, mais c'est absurde et drôle. Quand on nous conte les histoires de Cunégonde ou de la Vieille, c'est tellement délirant, et horrible, que l'on a du mal à croire ça. Et c'est clairement impossible. Mais Voltaire ne s'en lasse pas et surenchère toujours, ce qui au final est d'un comique noir des plus intéressants. Mais en plus, par la suite de l'histoire, quand Candide part pour Istanbul... SPOILER Et que sur leur chemin, ils vont retrouver le baron et Pangloss qui sont morts et réellement morts, mais sont là, bah, c'est absurde, mais tellement génial : Voltaire prenait quelque chose, je vous le dis. FIN DU SPOILER Avec tous ces éléments, le délire est perpétuel. De plus, cette délirance s'amplifie par le rythme qui est assez rapide. Certaines scènes peuvent sembler longue et chiante, je l'admets, mais *Candide* va vite, on ne s'attarde que sur ce qui est important, on ne développe pas plus les lieux si inutiles, donc Voltaire sait faire la part des choses. Un dynamisme transmet ce désir de parodier un peu tout, d'exagérer ce qu'il faut, etc. Toutefois c'est un délire ancré dans le temps et respecté chronologiquement. Pour appuyer tous les arguments implicites de Voltaire, et les réflexions compliquées des philosophes du roman, de nombreux événements sont cités dans le livre et Candide y prend part malgré sa volonté. Bien entendu, nous ne sommes pas au courant, mais les annotations sont très utiles (il faut noter que je pense avoir eu une édition particulièrement bien faite, et a influencé mon avis). Je ne vois qu'assez peu de défauts véritables à l'ouvrage, avec un mot d'ordre : un délire implicite et explicite. En montrant l'évolution de Candide qui va croire au meilleur du monde, se transformera face aux malheurs du monde, en rencontrant des personnages qui l'influenceront, pour au final montrer que cette réflexion était inutile : il faut occuper son temps. C'est tout. C'est pourquoi je considère que Voltaire a déliré avec son oeuvre, en y mettant ses références, ce qui lui passait par la tête, et pourtant, c'est tellement bien fait. C'est sûr qu'il a cultivé son jardin de sa tête. _________________ |
“Fait du air guitar sur un piano” 24 messages Inscrit en 2015 |
ton analyse est sympa mais si Pangloss et le Baron sont encore en vie c'est parce que c'est un conte les gentils ne doivent pas mourir (je pense)
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“Pouet 2” 7400 messages Inscrit en 2009 |
Oui mais quand on connait les circonstances de leur "mort", c'est juste drôle de les voir redébarquer ainsi comme ça x)
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1021 messages Inscrit en 2013 |
Ah moi c'est totalement l'inverse, j'ai adoré l'ingénu et j'ai détesté Candide.
Après je l'ai lu en fesant plus attention au coté essai philosophique que divertissement, J'essayerais de me le relire un de ces 4 en pensant a rien. |
227 messages Inscrit en 2015 |
Surtout la situation des personnes qui est encore pire que dans "Les Misérables" de Victor Hugo :
Chez V.Hugo les personnages se quittent et se recroisent dans Paris. Chez Candide ,les personnages se retrouvent carrément à l'autre bout du monde (Le fils du baron au Paraguay puis à Istanbul) |
1811 messages Inscrit en 2011 |
C'est vrai que l'humour dans Candide est génial,très bonne analyse de ta part
C'est justement pour cela que je l'ai bien aimé,la naïveté de Candide et Pangloss et cette succession de malheurs c'est hilarant. Tous les personnages sont parodiques,noms ridicules avec souvent un sens particulier et comportement stéréotypés. |
“It's a violent pornography, Choking chicks and Sodomy!” 1622 messages Inscrit en 2012 |
Voltaire a écrit de nombreux chefs d’œuvres de la littérature Fr
ton approche du bouquin était excellente: bien résumé, bien racontée, bien mise en page en prime avec ta petite sauce et ton avis; en bref très bonne analyse! Voltaire c'était un connard IRL c'est marrant parce que je l'ai étudier en classe et entre deux siestes, je n'ai retenu que les noms _________________ "les capitalistes gagnent ce qu'ils dépensent, les travailleurs dépensent ce qu'ils gagnent" -Michał Kalecki- "La connerie humaine est plus infinie que la période d'essai Winrar." On deviantart: http://varxamda.deviantart.com/ |
“Un jour, les moutons domineront le monde!” 1869 messages Inscrit en 2013 |
Perso je suis comme toi, j'ai bien aimé Candide, mais beaucoup moins l'Ingénu.
Bon article, mais c'est quand même bizarre que tu fasse une analyse, sachant que tout le monde l'a étudié en Français en seconde ou en première. _________________ Réfléchir, c'est déjà trop d'efforts |
“Pouet 2” 7400 messages Inscrit en 2009 |
Bah justement, je fais partie de ceux dont on a obligé à lire L'Ingénu en seconde, qui m'a donc déçu, mais comme j'essaie de me faire une culture littéraire, je me suis lancé dans sa lecture... Et voilà, fini donc un avis.. Je fais toujours des critiques à la suite de mes lectures, car les livres que je lis sont rares, alors il faut bien que j'essaie de me souvenir de tout ceci. Mais merci pour vos commentaires !!
PS : Kaus, je dois avouer que je comprends mais ça m'étonne, faudra qu'on en discute _________________ |
“Pas d'humeur à placer une humeur :D” 3082 messages Inscrit en 2011 |
Tu t'attaques à du lourd, certainement l'un des meilleurs livres et réquisitoire de Voltaire. Voici ce que j'en pense :
-Je ne suis pas du même avis que toi, du tout. Non, ce roman n'est pas délirant. Parodique oui, effectivement il parodie la théorie de Leibniz qui disait que : " tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes" grâce à la pluralités de scènes comiques voire ridicules (on peut notamment penser à la première scène où il se fait virer du château de Tonder-ten-tronck) ou encore à la scène de la guerre, du séisme ... Je ne vois pas en quoi il est "délirant", je lui ai trouvé moi une résonnance réaliste très forte et très intéressante. - D'ailleurs en parlant de "délire", la seule scène délirante est la scène de l'El Dorado où Candide pour la première fois depuis sa sortie du château prend une pause, dans une paradis utopique et non dans l'Enfer réaliste omniprésent du livre. - Car Candide c'est évidemment et avant tout une démonstration par un roman didactique (c'est à dire d'apprentissage) que non, nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes, non, nous ne vivons pas au mieux. Dans ce conte, nous grandissons avec Candide, nous développons la thèse de Voltaire pour finir par la sublime citation et conclusion qu'"Il faut cultiver son jardin". Car moi je ne vois pas cette citation comme étant la culture d'un délire dont les fruits ont produit ce livre mais bien comme étant un conseil, celui de se cultiver, de s'enrichir et non de chercher à tout prix le bonheur pour ce qu'il peut nous apporter. Et d'ailleurs, c'est comme ça que moi je vois les titres des parties de chapitres, comme des énonciations d'arguments et non du simple spoiler. - Enfin, je trouve que tu tourne le livre un peu trop du côté de la dérision : tout n'est pas drôle dans Candide, enfin pas dans ce que je me rappelle de ce conte. Par contre la scène d'introduction est vraiment géniale et super drôle. Dernier point de désaccord : je ne trouve pas que le voyage de Candide était "inutile", loin de là car nous en apprenons autant que lui. Sinon, j'aime bien ton style d'écriture même si certaines phrases ne veulent rien dire, et qu'il y a parfois beaucoup de répétitions ce qui fait que ton argument n'est pas clair ou pas compréhensible. Hâte de lire le prochain livre auquel tu t'attaqueras |
“Pouet 2” 7400 messages Inscrit en 2009 |
C'est très intéressant ce que tu dis, mais malheureusement comme je l'ai dit, ce n'est pas un fait général que je propose, c'est mon ressenti. Le délire n'est pas forcément drôle, bien entendu, mais les éléments lourds restent exploités légèrement, ils ne plombent quand même pas l'ambiance. Pour exemple, au chapitre 2, Candide combat et fait face à la guerre. C'est pas drôle, mais c'est comparé un orchestre : lourd et léger, délirant dans le traitement. Et puis, même si certains éléments semblent avoir été minutieusement travaillé, moi j'ai trouvé aussi des éléments qui traversent le pensée de Voltaire et qui sont ajoutés après. Donc une écriture un peu au feeling parfois, et c'est un ressenti, mais c'est lié à la légèreté. Enfin pour ce quie st des arguments et tout, ce n'est pas un avis que je retravaille, une fois écrite, je ne vais pas y retoucher, car c'est au feeling, et vraiment lié avec ce que j'ai pensé de suite du livre. Donc si des fois il y a du non-sens, c'est normal x) Et par là, je ne réfute pas le côté psychologique, mais pour moi, il n'était pas l'élément à mettre en valeur pour donner mon rssenti, et il n'était pas l'objet principal qui m'a encouragé la lecture. J'essaie de lire, donc je trouve ce que je peux x)
Mais merci beaucoup en tout cas _________________ |
“Pas d'humeur à placer une humeur :D” 3082 messages Inscrit en 2011 |
C'est justement ton ressenti qui m'a intéressé car moi je ne l'avais pas aperçu comme cela (et effectivement quand on l'avait étudié après c'était plus comme je le pensais) mais c'est dommage que tu ne me contredise, c'est tellement plus passionnant quand on me contredit
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