[Test] Earthbound

Un corbeau avec des lunettes de soleil...no comment

Cet univers dans lequel Ness et ses amis évoluent n'est pas non plus dénué d'intérêt graphiquement parlant. Bien que les graphismes en eux-mêmes soient relativement simples, le jeu est coloré et sait se diversifier au travers des paysages. Et si le jeu réussit à transmettre quelque chose au joueur, c'est aussi grâce à eux, car ils remplissent leur rôle à merveille : ne jamais être répétitif et surprendre de temps en temps. Que soit les fonds lors des combats qui vont toujours amnener un « WTF » de votre part, ou encore certains trips sous substance illicite que le jeu vous fera découvrir plus tard. De plus, chaque monstre du bestiaire semble être le résultat d'un pari entre les développeurs pour « qui trouvera le monstre le plus étrange ou le plus débile ». Un vrai bonheur d'évoluer dans un tel monde, agréablement servi par les graphismes.

Mais au final, la plus grande faiblesse d'Earthbound, c'est lui-même! Un jeu se moquant des codes du RPG plaira t'il aux habitués ? Ne risque t'il pas de destabiliser avec des OST étranges, à ceux habitués à du Terra's theme ? Mais après tout, le jeu ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il se démarque, et l'assume, pendant les 30 heures que passera le joueur à se demander souvent « Pourquoi ? », mais qui le fera également sourire, rire, et réussira certainement à l'émouvoir. Les dernières minutes d'Earthbound sont représentatives de l'ensemble du jeu. Fou, original, et inimitable. Les seuls regrets que l'on puisse avoir au final, c'est que le jeu soit trop facile vers la fin, et qu'il ne dure pas tellement, à cause de l'absence de quêtes annexes. On aurait tellement aimé que l'expérience dure plus longtemps !

• Graphismes: 16/20 : L'aspect très coloré et clair rend le jeu très agréable à regarder sans toutefois atteindre des niveaux de lyrisme comme l'a fait Chrono Trigger par la suite. Même si le tout est un peu minimaliste, nous avons tout de même le droit à des moments assez artistiques et remarquables comme Moonside, ou encore le soi disant « Cauchemar ». Le jeu peut aussi se vanter d'avoir les fonds les plus originaux de toute l'histoire du jeu vidéo lors des combats, ajoutant encore un peu plus de délire même si on pourrait penser que les développeurs ont forcé sur la drogue. Entre simplicité et trip visuel, Earthbound devrait vous convenir. N'oublions pas le bestiaire tout à fait sympathique et original.
  
• Gameplay: 16/20 : Le jeu est assez simple à appréhender, tant il a de ressemblances avec des jeux comme Dragon Quest. La différence, ce sera surtout la système pour les HP. Même si le système est largement perfectible (ça va trop vite pour qu'on fasse quoi que ce soit), l'idée se doit d'être saluée. On critiquera aussi l'inventaire assez pourri et limité, ce qui peut parfois frustrer à certains moments du jeu. Cependant, le tout se veut maniable et facile à prendre en main, surtout que le jeu fourmille de bonnes intentions, comme par exemple le fait d'être exempté de combat quand on tombe sur des adversaires beaucoup plus faibles que nous.
  
• Durée de vie: 16/20 : Il faut se remettre dans le contexte de l'époque, le jeu se finissant en plus ou moins une trentaine d'heures, c'est tout à fait honorable pour un RPG. Le jeu ne contient pas de quêtes annexes à proprement parler mais le jeu garde un rythme soutenu tout au long de la trame scénaristique, ce qui ne déplait pas. La difficulté est un par contre un petit point noir : ardu au début, le jeu se veut de plus en plus facile au fur et à mesure que l'on se constitue son équipe, sans qu'on ait vraiment besoin de faire un leveling intense.
  
• Bande-son: 16/20 : Difficile de juger objectivement ce critère dans le sens ou on aime ou on déteste. Beaucoup de thèmes font penser au principe de la musique de John Cage par exemple. Basé sur une certaine expérimentation, le but n'est pas de plaire au joueur mais surtout de lui faire découvrir une nouvelle facette de la musique. Je parle surtout pour les thèmes des combats, d'autres sont plus mélodieux et d'autres plus mémorables, ce qui fait rend l'ost d'Earthbound très éclétique. Mention spéciale au thème du pénultième boss, qui forcément se démarque du reste et reste sans doute l'ost la plus mémorable du jeu. Ceci dit, difficile de comparer cette ost à celle de gros RPG dont l'ost sera forcément plus lyrique. Mais faudrait savoir si on veut de l'originalité ou pas...Une découverte qui sera très bonne ou mauvaise selon votre perception, ce qui est à vrai dire, l'atout et le point faible de cette bande-son.
  
• Scénario: 19/20 : Attention, je ne note pas ici que le scénario au sens strict. Si l'intrigue principale est somme tout classique (faire le tour du monde pour battre un méchant), il faut garder à l'esprit que c'est l'univers du jeu qui rend le scénario aussi bon! Caricaturant le RPG, en s'appuyant sur des dialogues recherchés et sur un monde extrêmement vivant, le jeu s'affranchit de la plupart des codes de genre pour procurer une expérience unique entre délire de drogués et réflexion sur pas mal de sujets intéressants. Tout cela fait qu'Earthbound à un background énorme. Et même si vous n'accrochez pas au délire, ce qui est tout à fait imaginable, il sera de mauvaise fois de dénigrer un tel travail d'approfondissement. Chapeau l'artiste.

Note finale: 17/20 : Quoi qu'on en dise, Earthbound restera un jeu qui divise. Entre son univers déjanté, ses musiques fort étranges et ses graphismes minimalistes, pas mal de joueurs seront rebutés par ces aspects et n'iront pas plus loin dans le jeu. Mais ce serait rater tout l'ambiance qui a été conçue par Shigesato Itoi, dont le travail est juste démentiel. Alors oui, je pense pouvoir dire que l'on peut qualifier ça du génie à certains moments, moins à d'autres certes, mais au final, c'est une expérience qu'il faut tenter à un moment. Je ne pensais pas le dire un jour, mais « Je vous le conseille ».