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J'irai au bout du monde.

Delta
Membre incroyable
#75471 J'irai au bout du monde. Sam 16 Mar 2013 - 17:56 (modifié)

“Espoir au max !”
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Dommage, j’espère que tu auras le temps pour la semaine prochaine j'ai hâte ! Bonne continuation !
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Taiyotsuki
Membre débutant
#83010 J'irai au bout du monde. Mar 30 Juil 2013 - 16:45 (modifié)

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Des mois après... Haaa gomen gomen. J'étais trop contente ces temps-ci pour écrire correctement, le syndrome horrible de la page blanche vous connaissez? Enfin, désolée pour le retard, je suis vivante, je ne compte pas abandonner. Mais attention, c'est long


Sombrer



Dormir, il fallait absolument dormir. Après avoir pris la clé rayée de ma chambre, j'étais simplement montée sans prendre des détours. J'avais mal partout, mes genoux me faisaient mal, j'étais fatiguée. Fatiguée du sang, fatiguée du désespoir qui émanait de cette fichue ville. Ma chambre était simple, meublée uniquement d'un lit double aux draps anciennement blancs, d'un bureau en bois clair et d'une garde robe. J'avançais en laissant tomber mon sac sur le lit. Les murs étaient beiges, le plafond aussi, le sol était encore du bois. C'était une chambre sans âme, une chambre d'hôtel, laissée à l'abandon. Je frottais mes yeux, il y avait au moins une salle de bain. Mur en carrelage blanc, sol en marbre, meublé simplement d'une toilette, d'une douche et d'un évier. Ça avait au moins le mérite d'être propre. De toute manière, il y avait tellement peu de Challengers ces temps-ci que cet hôtel ne servait plus à grand-chose.

J'avais pris une douche rapide, changé de sous-vêtement et m'étais mise au lit sans tarder. J'avais mal à l'estomac, mes genoux saignaient encore et je n'avais rien trouvé mieux que les enrouler dans du papier toilette pour qu'ils ne tachent pas les draps. Mais, malgré ma fatigue, je n'arrivais pas à fermer les yeux, j'avais peur de dormir, peur de voir des choses horribles dans mon sommeil. Voilà déjà que j'avais des hallucinations, j'avais l'impression de voir du sang, des cadavres flotter tout autour de moi dans l'obscurité. J'avais allumé la lumière, cela m'avait rassurée un peu. Pourtant, j'étais encore une gamine, j'avais encore peur car j'étais seule. Je me trouvais abandonnée de tout. Aurais-je dû écouter mes parents qui me suppliaient chaque jour de ne pas partir? J'étais tellement bornée, je ne les avais pas écoutés. Tout ça car je voulais faire comme tout le monde. Que faisaient-ils en ce moment? Pensaient-ils encore à moi? Bien sûr, ils ne m'auraient pas oubliée en seulement une journée, c'était stupide. Je tournai la tête vers l'unique fenêtre qui donnait sur les toits des bâtiments plongés dans l'obscurité. Une idée me vint en tête. Je me levai et attrapai la bisball posée sur le bureau. Je la regardai, puis mon regard se posa sur la pokéball qui se trouvai juste à côté. Heleth me faisait peur, j'avais l'impression qu'il voulait me tuer pour l'avoir capturé. Ou essayait-il de se suicider? Je n'en savais rien, mais je n'avais pas trop envie de le voir. Je détournai la tête, triste en regardant la sphère qui enfermait Tears. J'appuyai sur le bouton et il apparut sur le lit. Il releva sa petite tête verte.

-Salut toi... Ca va mieux? demandai-je d'un air presque honteux.

Il hocha la tête et s'approcha de moi, assise sur le lit. Arrivé à ma hauteur, il me dépassa pour sauter sur le bureau. Il prit la pokéball qui enfermait Heleth. Je ne comprenais pas. Que voulait-il? Voulait-il que je laisse le zigzaton ici? Il aurait donc les mêmes pensées que moi? Je scrutai ses yeux jaunes. Que voulait-il dire à la fin? Le arcko s'approcha de moi et appuya la pokéball sur ma main. Je haussai les sourcils, il voulait le faire sortir? Il voulait qu'Heleth vînt ici pour dormir, avec nous? Je baissai le regard. Comment avais-je pu croire qu'il voulait abandonner Heleth? Tears n'était pas comme ça, il voulait aider tout le monde, que tout le monde soit ensemble sans que personne ne soit mis à l'écart. Mais bien sûr, moi je ne pensais pas ainsi, j'étais égoïste de favoriser Tears car il était plus sain d'esprit et moins amoché qu'Heleth. Je reniflai en prenant lentement la pokéball. Tears baissa la tête, comme pour me remercier de ne pas le laisser derrière. Je lui souris tristement en appuyant sur le bouton. Le zigzaton en sortit. Il me transperça de son regard fou. Je voulus détourner les yeux, mais je ne le fis pas. Je ne devais pas avoir peur. Un pokémon ne pouvait nous accorder sa confiance si nous même ne lui en donnions pas. Je regardais son oeil blanc. L'infirmière avait dit vrai, elle n'avait rien put faire pour sauver ça. Ni pour les quelques cicatrices restantes. Malgré ça, il ne faisait plus si peur même avec son oreille manquante et son oeil. Les cicatrices étaient bien moins nombreuses, mais toujours présentes. J'essayai de lui sourire, mais je n'y arrivais pas. Il me regardait fixement, assis sur la couverture. Me jugeait-il? Essayait-il de voir si j'étais à la hauteur pour devenir son dresseur? Si c'était le cas, je devais tenir bon, je devais me montrer digne et non apeurée par son apparence. Tears observait la scène en retrait, il devait déjà avoir compris.

Pendant quelque minutes, nous restâmes immobiles, sans se quitter des yeux, il semblait tester ma détermination. Ou attendait-il que je fasse quelque chose? Que devais-je faire pour gagner sa confiance? J'ouvrai la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortait, je ne savais pas du tout ce que je pouvais dire. Il était fou, je ne savais même pas s'il me comprendrait. Alors, je décidai de faire quelque chose de complètement inconscient. Enfin, je l'avais fait par instinct, sans penser aux conséquences. Je m'avançai lentement et l'enserrai de mes bras. Il grogna et me griffa la joue, mais je tins bon.

Je n'avais aucune idée du pourquoi j'avais fait ça. Peut-être cela m'avait-il paru logique de le faire pendant quelques secondes. Heleth se débattit et réussit à me lacérer les bras, le visage et les épaules. Mais je ne lâchai pas prise, je voulais lui montrer que je l'appréciais malgré sa différence. Mais je me sentais coupable, car ce n'était pas le cas, je ne l'aimais pas vraiment, j'avais peur de lui, mais je voulais quand même arriver à quelque chose. Je voulais lui montrer que je lui donnais toute ma confiance et que je l'acceptais comme partenaire de route.

-Heleth, s'il te plait, je ne te veux pas de mal. Je veux bien comprendre que tu ne voulais pas venir avec moi, et moi, j'aurais bien voulu te laisser tranquille. Mais je n'avais pas vraiment le choix. Maintenant que nous sommes ensemble, pourquoi ne pas essayer de communiquer?

Il ne relâcha pas la pression et continua de se battre. Il ne me comprenait pas, il ne s'était même pas arrêté pour m'écouter. Je continuais à le serrer fort, son pelage était lavé et doux, il sentait la forêt en automne. Je fermai les yeux, cette bataille, j'allais la remporter, pas lui. Pourtant, il ne faiblissait pas.

Soudain, je pus entendre un bruit à travers les grognements d'Heleth. Je pus reconnaître Tears. Il parlait. Il parlait, mais à qui? Je sentis Heleth s'apaiser. Il l'écoutait donc? Je relevai la tête pour voir Tears, sourcils froncés parler énergiquement à Heleth. Celui-ci ne bougeait plus. Je les regardai, complètement hors sujet. Je ne comprenais rien, c'était frustrant. Mais, même si je ne pouvais comprendre le langage pokémon, je sentais dans le ton de Tears qu'il était déterminé. Quand il eut fini son discours, le zigzaton ne bougeait plus. Je desserrai les mains pour le regarder. Il était assis et regardait par terre. Ma bouche s'ouvrit, j'étais muette. Que venait-il de se passer? Qu'avait dit Tears pour qu'Heleth cessât la résistance? Je baissai les yeux, pourquoi? Que voulait dire tout ça? Je ne savais pas, je ne voyais pas... Je m'étalai sur le lit en enfouissant la tête dans l'oreiller. J'avais perdu, Tears avait pris le relais. Avait-il senti que je n'y arriverais pas? Je frappais le matelas de mon poing. J'étais larguée, je ne savais pas comment réagir.

Je sentis une masse chaude se coller à mon épaule. Je tournai la tête. Tears. Il s'était mis en boule contre moi. Je cherchai du regard Heleth. Il était en boule à mes pieds. Je souris, je n'avais pas de raison d'être fâchée. Je me glissai dans les draps. Après tout, Tears ne voulait pas se moquer de moi, il voulait juste m'aider. Il voulait aider les autres, il voulait que le conflit entre moi et Heleth cessât. Je fermai les yeux. Je ne devais pas être si pessimiste, c'était puéril de ma part.

La nuit fut plus calme avec Tears contre moi. Quand j'ouvrai les yeux péniblement, la lumière terne du matin filtrait entre les rideaux pour légèrement éclairer la chambre. Je levai la tête pour chercher mes deux compagnons. Tears n'était plus à la hauteur de mon visage, je le retrouvai collé, toujours en boule, contre Heleth. Celui-ci était réveillé et le regardait de son seul œil d'un air mi-dérangé, mi-paisible, si cela était seulement possible. Il semblait ressentir toutes les émotions en même temps. Je me mis en position assise pour m'étirer. Mes genoux ne me faisaient plus mal et avaient vraisemblablement arrêté de saigner. Je décollai délicatement les bandages pour voir qu'une croûte assez répugnante s'était formée sur les anciennes plaies. Je tirai la langue en rejetant mes jambes sur le bord du lit. Cela réveilla Tears en sursaut. Il tourna sa petite tête verte vers moi en me fixant de ses grands yeux jaunes ambres. Je lui fis un demi-sourire et il rabaissa la tête d'un air soulagé. Je me grattai la tête, était-il aussi paranoïaque? Je me levai lentement et me dirigeai vers la salle de bain. Tears s'étira et sauta du bord du lit confortable pour m'accompagner. Cela me fit chaud au cœur qu'il m'ait déjà adoptée ainsi sans chercher à vraiment comprendre ni à se prendre la tête.

En parlant de tête, je fus étonnée de voir à quel point la mienne avait changé. En seulement un seul jour, j'avais l'air moins en bonne santé, comme plus éteinte. Plus fanée. Je contemplai mes yeux avec soulagement en voyant qu'eux n'avaient pas perdu de leur couleur. De toute manière, la couleur bleue abysse de mes yeux ne pouvait pas vraiment devenir plus sombre. J'arrangeai ma coiffure en essayant de ne pas regarder mon teint qui avait un peu pâli et sortis pour prendre mon sac. Je décidais de mettre mon pantalon noir pour cacher mes genoux meurtris et remis mon t-shirt bleu avec le motif tribal. J'enfilai mes chaussures sans dire un mot et en évitant de regarder Heleth qui semblait ne pas vouloir bouger du bord du lit. Je rassemblai mes maigres affaires en regardant le timide soleil apparaître entre les toits froids des buildings. Il devait faire chaud aujourd'hui, le ciel était déjà coloré d'un bleu diffus. J'attachai mes cheveux en deux couettes basses et attrapai les deux pokéballs. Je me retournai, Tears s'était rassis à côté de son compagnon estropié, cessant de me suivre partout. Je pointai les deux pokéballs vers eux en regardant seulement Tears. Heleth était de toutes manières roulé en boule, dos à moi. J'appuyai sur les deux boutons blancs et des gerbes de matières rouges enveloppèrent les deux pokémons. Je soupirai en les attachant à ma ceinture.

-Bon, c'est parti, on va faire un tour à la boutique ainsi, ce sera mieux pour tout le monde, dis-je pour moi même.

Je longeai le couloir jaune et descendis par les escaliers pour aller plus vite. Mon sac semblait me lacérer les épaules mais j'essayai de ne pas y faire attention. J'arrivai au rez-de-chaussée et mon regard tomba sur le garçon de l'accueil qui me sourit. Je lui rendis un demi-sourire et baissai la tête en continuant mon chemin. Je n'avais aucune envie de parler à qui que ce soit. Le magasin n'était effectivement pas loin. Je relevai la tête pour voir l'encadrement bleu. C'était d'après ma mère la seule chose qui n'avait pas changé, les magasins. Enfin, presque, ils étaient toujours bleus, mais ce qu'ils vendaient étaient plus différents. J'entrai sans dire un mot en poussant la porte. Je balayai les rayons pleins de nourritures. Voilà ce qui avait changé.

Avant, ils étaient spécialisés dans les médicaments et autres objets utiles pour pokémon, mais depuis le Changement, ils s'étaient reconvertis, faute de client, pour des magasins qui vendaient de tout, de la nourriture aux vêtements. Heureusement, ils continuaient à vendre les choses qu'ils vendaient avant. Je m'enfonçai dans les rayons et attrapai sans vraiment m'en rendre compte un paquet de gâteaux. Je me baladai un moment entre les rayons et trouvai ce que je recherchais, et sans surprise, au fond de la boutique. Je contemplai les objets mis en vente. Les choses habituelles, mais en beaucoup plus cher. Je m'étonnai, quatre cent pokédollars pour une potion, cette ville était vraiment bizarre. Chez moi, les potions n'en coûtaient que cent. Je soupirai en regardant mon porte-feuille, j'avais deux milles. J'attrapai deux potions et deux antidotes à deux cent balles et cherchai la caisse dans ce dédale de rayons. Je la trouvai, une femme lisait un magazine de mode derrière.

-Bonjour, dis-je pour me faire remarquer.

La femme descendit son livre à photo pour me dévisager, elle fit de même avec mes achats et me sourit. Une Attachée, c'était certain, surtout dans cet hôtel, le mec à l'accueil l'était, donc pourquoi pas elle? Je lis rendis un sourire qui, enfin, était redevenu normal. Elle passa les marchandises au scanner.

-Ça fera 1350 pokédollars chérie, dit-elle en me souriant.

Je déglutis, c'était très cher, trop cher ici. Ce paquet de vingt gâteaux était plus de deux fois moins cher qu'une potion! Je soupirai en voyant mon porte feuille se vider et rangeai tout dans mon sac excepté le paquet de gâteau que j'ouvris en sortant tout en disant au revoir d'un air déçu. Je me retrouvai face à l'homme de l’accueil qui m'adressa un sourire. Je baissai la tête en sortant à pas rapide. Quand les portes automatiques s'ouvrirent et que je sortis, je pus entendre derrière moi la voix du jeune homme.

-Bonne chance, et n'oublie pas. Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre.

Cela me donna un faible sourire. La phrase des Attachés, leur phrase. Notre phrase. Cette devise s'était instaurée rapidement, personne ne savait qui l'avait inventée ni qui l'avait popularisée pour qu'elle devînt la Devise. Je levai les yeux au ciel, il était dégagé. Le vent matinal me fit frissonner. Heureusement qu'Hoenn était une région tropicale et qu'il faisait rarement froid, ou juste le matin. Le vent paisible soufflait dans les branches. Il faisait très calme, c'était l'aube après tout. Je m'avançai vers les bords de la ville. Je ne me sentais cependant pas encore prête pour tenir la route 102. Je ne voulais pas d'un nouveau compagnon, pas si tôt. Heleth me détestait, je ne voulais pas prendre le risque qu'il tuât tout ce qu'il y avait à sa portée. Je voulais combattre avec lui. Pour lui, mais également pour moi. Je devais m'habituer à tout ce sang. Celui-ci allait faire partie intégrante de ma vie et ceci pour un long moment. J'inspirai profondément alors que la route 101 s'ouvrait devant moi. Un simple sentier sans aucun signe de vie. Trop court, trop large, trop vide. Mon regard bleu se tourna vers l'épaisse forêt qui encadrait le premier sentier de l'aventure. Par là? C'était manifestement la seule solution.

Mes chaussures semblaient remplies de plomb. J'avais les jambes lourdes. Comme si mon corps refusait d'y aller. Pourtant, je devais le faire, sinon, plus jamais je ne pourrais avancer. Bien sûr, aller vers son objectif en boitillant était toujours mieux que d'y aller à reculons, et ainsi ne jamais l'atteindre. Il fallait toujours regarder droit devant soi, et ne jamais essayer de trouver d'autre chemin. Il n'y a toujours qu'un chemin vers son but. Je devais combattre pour m'habituer à ma nouvelle vie. Combattre et me renforcer, devenir moins faible.

Les troncs étaient épais, les branches étaient hautes et formaient un toit de verdure sombre, ne laissant passer que peu de lumière. Les ténèbres avaient envahi l'endroit et rien que cela me mettait mal à l'aise. Pourtant, je devais continuer, je devais avancer. J'inspirai une grande fois et les ténèbres m'aspirèrent. Tout à coup, le silence. Je retins ma respiration. Seuls quelques bruissements me parvenaient aux oreilles. Ils avaient tous peur, si peur de perdre la vie. Aucun pokémon ne se risquerait à se présenter devant un humain pour le saluer, tentant sa chance en espérant que c'était sa première visite dans le quartier. Non, qui aurait pu penser ainsi? Personne, même pas eux.

Je n'allais surement pas en croiser un simplement en me baladant. Non, c'était bien trop facile, et impossible maintenant. Je devais ruser, user de l'intelligence humaine, supérieure à celle des Pokémons. Jouer de ses atouts, c'était ça qu'il fallait faire. Je cherchai un arbre sur lequel il était possible de monter. Après une rapide observation, quelques rares fruits poussaient péniblement en haut des feuilles, hors de portée de la plupart des pokémons qui vivaient dans la région. Après de longues minutes de recherche, j'en trouvai enfin un. Je ne m'étais pas trop éloignée du chemin principal, je ne voulais pas mourir de faim, perdue dans ces ténèbres obscurs. Je me sentais observée, comme si des milliers d'yeux me transperçaient de toutes parts. Et pourtant, j'avais beau me retourner pour scruter les fourrées inquiétantes, il n'y avait que ombres et feuilles.

Monter à un arbre n'était pas ce qui avait de plus difficile et j'y parvins assez rapidement. Bien sûr, se cacher ne servait pas à grand chose. Je savais qu'ils étaient tous avertis de ma présence, je n'étais pas silencieuse, je n'étais pas petite et me faufiler entre les buissons et les arbres sans me faire remarquer. C'était peine perdue. Maintenant que j'étais perchée, il ne me restait plus qu'à me faire oublier. Je m'installai sur une grosse branche feuillue du mieux que je pouvais. J'étais encore légère, et elle ne devait pas ployer sous mon poids, mais elle était très inconfortable et de petites branches me rentraient dans les côtes alors que j'étais allongée tout du long pour me dissimuler au maximum. Je grimaçai, j'étais une Challenger, je m'attendais à quoi? A de doux fauteuils tous les jours, de la nourriture comme le faisait ma mère et un lit chaud à l'intérieur? J'étais bien trop naïve de penser ça, de croire que la vie serait bien meilleure en partant pour l'Aventure. Ce n'était pas le cas. Alors, pourquoi m'infliger cela? Pour beaucoup de raison j'imaginais, j'avais besoin de réponse. J'avais besoin de changer les choses. C'était mes raisons, et elles me suffisaient pour supporter toutes les peines et les douleurs qui me traversaient. Du moins, je l'espérais, combien de personnes avaient-elles dit cela avant de mourir de leurs mains, ne supportant plus la tristesse qui déchirait leurs cœurs après avoir perdu leurs meilleurs amis, par leurs fautes et uniquement la leurs? Beaucoup trop, il y en avait eu beaucoup trop, et c'est pourquoi il n'y en avait presque plus aucun désormais. C'était si injuste.

J'avais fait tomber quelques baies en montant dans l'arbre imposant et cela constituait mon seul plan. J'attendais, regardant les alentours d'un œil peu attentif. Je finis par plonger dans une sorte de sommeil éveillé, plongée dans mes pensées les plus profondes, maudissant l'Inconnu en Rouge et Noir pour nous avoir forcé à endurer tout ceci. Quel monstre fou et immensément sadique. Me voyait-t-il, en ce moment, attendant tapie dans le feuillage de mon arbre, attendant ma première victime? Souriait-il face à mon hésitation marquée sur mon visage déjà fatigué par trop de changements? Personne n'aurait pu le savoir. Il était cloîtré depuis bien trop longtemps au sommet de la Ligue qui était bien plus proche que je ne le pensais.

Mon esprit immergea de sa lente inconscience alors qu'un bruit familier lui parvenait. Mes yeux semblèrent reprendre vie et je clignai plusieurs fois des paupières. Le son recommença et m'aida à reprendre pleinement les repères qui se trouvaient autour de moi. Je baissai mes yeux abysses vers le sol. Combien de temps étais-je restée immobile du haut de mon perchoir? J'avais perdu la notion du temps. Mais la venue de mes premières malheureuses victimes avait remis les pendules à l'heure. J'étais en train de regarder deux chenipottes avancer prudemment entre les branches mortes. Evidemment, il n'y avait que les petits pokémons ainsi pour oublier si vite la présence d'une grande menace. Je portai lentement ma main à une des pokéballs. Je les frôlai du doigt en me remémorant les deux places, gauche, Tears, droite, Heleth. Mes doigts passèrent sur la balle bicolore qui abritait la créature folle à moitié aveugle. Je devais gagner la confiance de cet être dépourvu de tout sens.

Et comment allais-je faire ça? En tuant froidement un autre être innocent, pour mon profit personnel, pour rendre mon nouveau compagnon plus fort, ça devait passer par le sang, par la mort et par la tristesse? Je me mordis la lèvre, pourquoi? Pourquoi? Pourquoi devais-je faire tout ça? Pour arrêter l'Inconnu? Mais combien de temps allais-je prendre pour faire le tour de toute la région? Un an, ou plus? Rien n'était certain, je pouvais même ne jamais y arriver, tout perdre jusqu'à mon âme et sombrer aux côtés de tous les Détachés. J'attrapai la pokéball.

Je ne devais pas penser ainsi, je ne devais pas, c'était l'exacte mentalité d'une personne faible. Nombreux ont été les sacrifices pour le bien d'Hoenn et nombreuses seront encore les drames et les morts. C'est pour cela que je me devais de surmonter souffrance et tristesse pour enfin mettre un point final sur toute cette histoire d'horreur. Mes yeux vidés reprirent une lueur déterminée, une lueur d'Attachée, prête à tout sacrifier, jusqu'à sa vie de famille, pour sauver les pokémons. Je portai la pokéball devant moi. La surprise, c'était le meilleur atout pour coincer des pokémons innocents. J'inspirai profondément.

Il était temps. C'était maintenant, alors que j'appuyais sur le bouton d'ouverture de la pokéball. Mon cœur cognait douloureusement contre ma poitrine, je ne savais pas si j'allais supporter une nouvelle fois la vue du sang. Une gerbe de matière rouge s'écrasa contre la branche. Une ombre apparu, une ombre que je ne connaissais déjà que trop bien. Charcutée, torturée, folle. Un petit rire s'échappa d'Heleth alors qui retrouvait la liberté. J'affrontai. Sans fuir, sans reculer, sans bouger. Un Challenger ne pouvait avoir peur de ses compagnons, sinon, comment pouvaient-ils voyager ensemble pour longtemps? Impossible. Heleth me regarda de son seul œil encore en état. Je soutins le regard. La folie contre la peur, l'expérience contre la naïveté. Je devais lutter, gagner, perdurer, vivre.

-Heleth, attaque morsure, en dessous.

De la froideur, c'était tout ce que l'on pouvait ressentir dans ma voix. Je ne pouvais pas montrer la moindre faiblesse face à lui. Notre lien n'avait rien à voir avec celle entre moi et Tears. Heleth et moi, c'était un combat, un défi. Nous voulions montrer qui était le plus fort de nous deux, montrer notre supériorité.

Le zigzaton regarda vers l'endroit indiqué. Les deux pokémons grignotaient nerveusement la nourriture qui semblait être tombées du ciel. Un sourire trop large se dessina sur sa gueule, dévoilant des crocs étrangement acérés. M'écouterait-il? Ou alors, allait-il s'attaquer à ces pauvres choses de son plein gré, pour se défouler? Non, il ne le ferait pas. Son regard se reposa sur moi, rempli de défi. Il voulait que je prouve ce dont j'étais capable, si j'étais capable de vivre avec tout ce fardeau, toutes ces morts sur mes épaules. Il s'élança, tous crocs dehors. Les chenipottes ne remarquèrent qu'à la dernière minute la bête qui tombait sur eux. Trop tard.

Je sautai de l'arbre, tressailli quelque peu après m'être allongée ainsi trop longtemps. Je n'avais rien à dire. Je savais qu'Heleth, dont la folie l'avait fait devenir un tueur froid, me défiait de ne pas me défiler face au combat. Il voulait savoir si il pouvait m'accompagner, s'il allait pouvoir laisser libre cours à ses envies meurtrières avec moi. De mes grands yeux, je me forçai à regarder. Les dents s'enfoncèrent dans la chair d'un des petits êtres innocents. Le sang coula, il se débattit, se tortillant dans tous les sens en poussant de petits cris qui me déchirèrent le coeur. Un instant.

Heleth envoya d'un geste vif le pokémon contre un arbre pour l'achever. Cet arbre était trop proche de moi. Le frêle corps du chenipotte s'écrasa dans un craquement sec qui résonna dans mes oreilles. Du sang gicla. Du liquide chaud se fit sentir sur mon visage. Mon cœur ralentit. L'odeur du sang. Le cadavre roula sur le sol, inerte et désarticulé. Je le regardai. Ce ne me faisait pas mal, je n'étais pas triste, je ne me sentais pas coupable. Non.

Un sourire malsain se dessina lentement sur mes lèvres. Une sensation envahit mon corps. Euphorie. Joie. Excitation. Ma raison sombra.
Delta
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#83011 J'irai au bout du monde. Mar 30 Juil 2013 - 17:01

“Espoir au max !”
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Toujours aussi sombre ton histoire (C'était monsieur jeu de mots) mais j'aime bien même si j'avoue que cette partie était longue xD

Si tu n'as pas d'idée j'ai peu être un lien utile pour toi qui parle d'une théorie sur l'anime pokemon avec Sasha mais qui peu s'avéré utile pour ta fic qui sait ^^.

En résumé : http://www.p-pokemon.com/news/4626-sacha-ketchum-est-il-dans-le-coma-23-05-2013.html

Tout par son auteur : http://www.killcure.com/2009/10/02/pokemon-conspiracy-theory/
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Taiyotsuki
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#83014 J'irai au bout du monde. Mar 30 Juil 2013 - 18:11

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Merci, oui c'était long, mais je m'étais fixée la fin, donc voilà x)

Je connais cette théorie, et la fin de mon histoire est déjà toute faite, y a pas de problème^^
J'irai au bout du monde.
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