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Katana Zero

Hiroki
Membre remarquable
#157584 Katana Zero Dim 17 Jan 2021 - 01:51 (modifié)

“L'Outsider”
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Citation:
Coucou!

Alors je pense ne jamais avoir posté dans ce forum, malgré mes nombreux messages à rallonge. Donc et bien, voilà, c'est chose faite. Et comme je ne poste pas pour juste poster, bah en fait, ce post est avant tout motivé par une fiction. Ca tombe bien, c'est le thème.

Alors pour la petite histoire, il s'agit d'un truc que j'avais écrit il y a longtemps (y avait marqué mai 2019 sur le fichier) après avoir joué à Katana Zero, soit le meilleur jeu. J'avais eu envie d'écrire le jeu, en fait, tout simplement. J'avais un peu oublié ce texte depuis le temps, et aujourd'hui j'ai eu envie de le reprendre. Après une fastidieuse relecture à plus d'un an et demi d'écart, et de correction (d'ailleurs, je me demande si ça n'aurait pas été plus rapide de juste le réécrire XD) je me dis que ce serait sympa de le poster. Ne serait-ce que pour qu'il soit lu.

Alors, je ne sais pas ce que j'en ferai, mais je vous laisse me dire ce que vous en pensez. Ou ne pas me dire si vous ne voulez pas, d'ailleurs, je ne force en rien. Allez, des bisous et bonne lecture (ou bonne non-lecture, encore une fois, je n'oblige à rien!)

Et j'ai un peu choke sur la fin...la fatigue sûrement

Ah et bien sûr, les personnages, l'univers et le scenario appartiennent à Askiisoft. Je ne suis qu'un modeste fan qui se permet de les emprunter


Usine



Octobre, plus que 10 jours

« Bon...reparlez moi des hommes masqués...

-...

-Je vois...Bon reprenons depuis le début. »





Dans le troisième district, l'un des mois bien famés de la Nouvelle Mecque, un homme patientait au bas d'un building. Tout de noir vêtu, jusqu'aux lunettes de soleil, il semblait garder les alentours de l'immeuble au pied duquel il se trouvait, fusil en main. La nuit était plutôt calme, lui permettant d’accomplir son office sans trop d’efforts.

Soudain, un cadavre vint s'écraser à ses côtés, encore sanglant et chaud. Intrigué, l'homme se pencha pour voir de quoi il s'agissait. Un autre homme, semblable à lui, même attirail, même arme, et même lunettes, gisait au sol, le visage à moitié écrasé. Il reconnut d’ailleurs ni plus, ni moins, que son collègue, croisé quelques heures plus tôt, alors que chacun se positionnait pour la nuit. Pourtant, ce n'était pas la chute, que l'on devinait importante de quelques dizaines de mètres, qui l'avait tué. Non, il s’agissait fort probablement de la plaie béante qui bardait son corps, exposant quelques litres de sang et des organes vitaux à l’extérieur de l’enveloppe charnelle.

Mais le garde n'aurait pas à loisir d'étudier attentivement le sort de son camarade pour comprendre ce qu’il avait pu se passer que déjà autre chose atterrit à ses côté. Cette fois-ci, avec un peu plus de légèreté qu’un cadavre. Qu’était-ce donc et d’où cela venait-il ? Encore une fois, l'heure n'était pas aux questions et aux enquêtes. Cette forme était finalement plutôt humaine, et se redressait déjà. A première vue, il s’agissait d’un homme, peut-être un peu plus petit que lui, portant un accoutrement des plus étranges. Comme une sorte de robe de chambre noire, avec des liserés jaunes, et tenue par une ceinture. Des cheveux noirs et lisses regroupés en une queue de cheval portée haute, et une cicatrice lui barrant l'œil gauche. L’obscurité ne permettait pas de discerner beaucoup de détails quant à son regard, ou ses intentions, mais l’œil aiguisé de l’homme de main remarqua tout de suite la lumière de la lune se reflétant à sa ceinture, sur le noir laqué du fourreau de son arme. Un katana. Ou du moins, quelque chose y ressemblant furieusement. Cette simple observation était suffisante, en plus du cadavre accompagnant son arrivée tonitruante, pour le mettre en joue et douter de son dessein.

Et puisque notre homme possédait un esprit aussi aiguisé que son œil, et des années de service, il évalua rapidement la menace comme étant à neutraliser rapidement. Alors il tira, presque à bout portant. Personne ne devait approcher des lieux, aussi ridicule soit-il. Encore moins armé, et précédé d’un cadavre.

Mais la balle n'atteignit jamais sa cible et fut renvoyée à son expéditeur par le biais dudit sabre, grâce à une technique que l’homme de main n’aurait jamais à loisir de comprendre. Touché en pleine poitrine, l'homme de main s'effondra, le cœur clairement troué par sa propre munition. L’homme en robe de chambre se mut avec souplesse et glissa plus loin.

En réalité, ce garde avait perdu tout espoir de survie au moment où il avait braqué son adversaire. Il ne pouvait que l’ignorait, mais celui qui venait de l’occire était un assassin des plus efficaces qui soit. Le genre de ceux dont on finit par entendre parler à cause de la trainée de cadavres qu’ils laissent derrière eux. Mais comment pouvais-je savoir cela, me demanderez-vous ? Tout simplement, parce que cet assassin, c'était moi! Je continuai un peu ma route et sauta par-dessus quelques caisses trainant dans le coin. Quelques grillages également, mais tout ça ne pouvait pas réellement m’arrêter. Je progressais vite, et ça n'était pas plus mal, dans ce genre de boulot, la vitesse était un atout indéniable. Bientôt, à force de me faufiler de bâtiment en bâtiment, j’en arrivai devant la porte blindée d’une petite usine en sous-sol. Les choses allaient bientôt s'emballer.

Alors que je traversais un couloir à toute vitesse, mon téléphone se mit à vibrer. Je ne recevais jamais aucun appel, hormis pour mes missions. Ce devait donc être lié à cette nuit sanglante. Aussi m'arrêtai-je et pris-je cet appel. Bien sûr, je reconnus immédiatement sa voix.

« -Vous êtes sur place? » Me demanda mon responsable, soucieux de mon professionnalisme. Il avait en effet fort à gagner, et à perdre surtout, pour chacune de mes virées.

« -Pas encore », répondis-je simplement. Si je n'aimais pas particulièrement l'idée d'être chaperonné et guidé comme un enfant, ce genre de supervision s'avérait obligatoire.

« -Vous devez agir aussi vite que possible. Le temps presse. » Commença-t-il. Toujours stressé quant à mes objectifs. Enfin, nos objectifs si je puis dire. Puis il continua en me donnant quelques détails sur la mission. « Le scientifique est prisonnier quelque part dans l'usine. »

Le scientifique que je me devais de sauver, puisqu’avant de dérouiller des gardes, j’avais été missionné pour un sauvetage. Apparemment, un scientifique plutôt renommé et compétent avait été enlevé par des types peu commodes. J’ignorais le domaine d’exercice du scientifique en question, ou encore pourquoi il avait été enlevé, mais cela n’avait pas d’importance. Ça n’entrait pas en ligne de compte. On me donnait une mission, et moi je la remplissais. Point.

« -Continuez », fis-je, pour lui signifier que j'avais bien intégré ses informations.

« -Libérez-le et rejoignez le point d'extraction au plus vite, » me précisa-t-il.

« -Compris.

-Servez-vous de votre prémonition pour éliminer tous ceux qui vous gênent. »

Quand il parlait de prémonition, il faisait allusion à une sorte de don qui me rendait pratiquement invulnérable durant mes missions. Je n’arrivais pas à me souvenir depuis quand j'avais cette aptitude, aussi bien étais-je né avec. Cette dernière, pour faire simple me permettait de voir l'avenir un peu à l'avance. J’arrivais ainsi à me rendre compte, par exemple, de situations où j'aurais pu risquer d'échouer. Ou même de perdre la vie. C’était comme des flashs, qui me venaient naturellement quand j’entreprenais des actions périlleuses, me dévoilant les divers scenarii possibles. Fort de cette prescience, je pouvais ainsi éviter les erreurs, les blessures ou même la mort. C’était probablement l’une des raisons pour lesquelles j’étais aussi compétent dans mon exercice.

Mon responsable ajouta alors un dernier détail. "N'oubliez pas. PAS DE SURVIVANTS," me rappela-t-il, en insistant bien sur chacun des mots. Depuis le temps, j’avais l’habitude. Le nettoyage complet de toute trace de vie, c'était un peu l'une de mes spécialités. Je raccrochai et fila à toute allure vers la fin du couloir. La mission commençait officiellement.

J'arrivai dans une nouvelle pièce, avec des escaliers et quelques portes. Chaque action de ma part devenaient à présent contractuelle, je me mis dans l’était d’esprit du mercenaire que j’étais. Je pris mon walkman, que je gardais toujours sur moi, enfonça délicatement les écouteurs dans mes oreilles et l’alluma. Il s’agissait de mon petit rituel de mission, effectuer mon office en musique. Et pas n’importe quelle musique. Celle qui donne le tempo de mon travail! Cette fois-ci, je choisis "You will never know" de Bill Kiley, un type formidable et très talentueux. Une main sur le manche de mon sabre, l'autre sur le fourreau. La musique inondait lentement mes oreilles et emplissait mon esprit. Suave, entraînante et définitivement électronique. J'étais prêt!



Je me précipitai en haut de l'escalier devant moi pour tomber sur un gros bras patibulaire. Il ne me fallut qu'une seconde pour défourailler mon arme et le trancher de bas en haut. Une autre seconde fut tout de même nécessaire pour ranger mon arme alors qu’il s'effondrait silencieusement au sol. Je passais au-dessus de son cadavre sans perdre de temps. Il s'agissait d'être efficace et d’autres adversaires m’attendaient dans ce bâtiment dont personne ne devait pouvoir ressortir. Je continuai ma route et me dirigea vers la porte que j'apercevais à cet étage. Une brève écoute à travers celle-ci me fit savoir qu'il devait y avoir deux types dans cette pièce. Je les entendais, mais surtout, je les sentais. Rapport à ma capacité, dont je vous parais précédemment. Je ne pouvais réellement l’expliquer, mais je savais qu’ils étaient deux, où ils se trouvaient et comment ils étaient armés. Le tout était de m’en occuper le plus efficacement possible.

Profitant que l'un des hommes se tenait tranquillement derrière la porte, adossé dessus, je l’enfonçai d'un puissant coup de pied, envoyant valdinguer le bougre plus loin et créant un effet de surprise des plus efficaces. Avant que son camarade n’ait le temps de réagir, je fondis sur lui et, avant qu’il n’ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, je tranchai son corps à l’aide de mon arme. Ce dernier s’effondra instantanément et je revins vers le premier homme, encore au sol, observant la pièce en détail, avec mes yeux cette fois-ci, et non mon intuition mystérieuse. Un bureau en bois, un fauteuil, un tableau, une plante. Pas de scientifique, mais un chat, posé sur le bureau, dont mon entrée violente n’avait pas troublé la quiétude. D’un simple mouvement de ma lame, j’achevai le pauvre bougre qui luttait pour reprendre ses esprits, ne lui laissant aucune chance. Nul besoin de fioritures, j’aimais l’efficacité. Avant de poursuivre, je profitai de quelques secondes pour caresser ce petit chat noir. Parce que j’aimais les chats, je le laissais en vie. Et puis, je doute franchement que mon responsable ait pensé aux animaux quand il me précisait qu’il ne fallait pas de survivants.

Quelques couloirs plus loin je me retrouvai face à un homme de main qui, en me voyant, s'agita et baissa une grosse poignée sur le mur. Comme ces interrupteurs que l'on pouvait voir dans les films, un peu kitsch peut-être mais ce devait être la lubie du maître des lieux. Et cette poignée activa un mécanisme que j’aurais été bien incapable d‘expliquer, mais dont je voyais le résultat. Des faisceaux lumineux jaillirent du plafond et emplirent la pièce de ce qu’il n’était pas idiot d’appeler des lasers. Et plutôt que de demander à l’inconnu qui les avait activé de quoi il en retournait, puisque ce dernier avait déjà quitté les lieux, j’eu l’un de mes flash si particulier. Dans celui-ci, je me voyais toucher l’un de ces lasers à main nue, et aussitôt la perdre. La main. Coupée nettement par la chaleur intense des dispositifs. Au moins, j’étais fixé. C’était une chose que je serais bien heureux d’éviter.

De retour à la réalité, et avec ma main intacte, je me glissai prestement entre ces faisceaux, comme un félin. L'exercice n'était pas si compliqué du moment où je faisais attention à mes mouvements. Simplement, je finis par rejoindre ce fameux interrupteur, qu'il me suffit alors d'actionner dans l'autre sens. Et comme dans les films, le tour était joué, plus de lasers. Je pouvais reprendre ma course à travers ces sous-sols d'usine, à toute allure.

J'arrivai bientôt devant un conduit d’aération qui montait. Nulles prises ou escalier pour m'aider à son ascension, et la route semblait se terminer là. Probablement un mauvais choix de direction dans ces couloirs mornes. Mais mon intuition ne m’avait jamais trahi, ce devait être le meilleur chemin. En levant les yeux, j’aperçus une grille par laquelle je devinais deux présences. L’idée la plus simple étant la meilleure, je m'élançai contre le premier mur. A peine celui-ci à portée de mon pied, j'y pris appui pour me projeter de l'autre côté, et ainsi de suite. Ce n'était pas vraiment une technique facile à réaliser, mais j'avais eu la chance dirons-nous de l'apprendre durant mon entrainement, plus jeune. Virevoltant ainsi d'un mur à l'autre, j'eus tôt fait d'atteindre cette fameuse grille, au sommet du conduit. Vous vous doutez de la suite.

Mon sabre fendit l'air plusieurs fois, vif et précis, et je bondis à travers les morceaux de grille volant çà et là, tandis que les deux types me découvraient effarés. Si je soignais autant mes entrées, c’était évidemment pour profiter des quelques secondes béantes où mes vis-à-vis cherchaient à comprendre l’absurdité de la situation pour m’en débarrasser promptement. Quelques mouvements de sabre plus tard, leurs carotides nettement sectionnées, je repris ma route.

Une fois les types morts, j’envisageais le reste de ma route. Il y avait face à moi une porte ainsi qu'un autre conduit, qui montait également. Plutôt que de choisir d’enfoncer cette porte et massacrer quiconque se dresserait devant moi, je m'engageai à nouveau dans un conduit, bondissant contre les parois de ce dernier. Si l’exercice pouvait semblait aisé, il ne fallait pas oublier que ces conduits étaient à la base conçus pour le passage de l’air et non d’assassins. Bien vite, je me trouvai face aux grandes hélices d'un ventilateur. Un rapide aperçu de l'engin, et de sa vitesse, me fit comprendre que ceux-ci m'assuraient une mort douloureuse si je m'y risquais tête baissée.

Mais par chance, je n'avais pas fini de faire montre de mes atouts. En plus de cette capacité à discerner mon avenir proche, ma vision qui pouvait s'accommoder de n'importe quel mouvement rapide, peu importait sa vitesse. Un peu comme si je pouvais voir la réalité au ralenti. Cela me permettait d'anticiper des choses bien trop rapides pour l'œil humain, pour lesquelles les réflexes purs ne suffisaient pas. Comme par exemple ces hélices acérées. Aussi les observai-je et, soudainement, je m’élançai, au moment précis où je compris le timing à adopter pour passer l’obstacle sans encombre. Une petite roulade agile pour éviter d’avoir la tête raccourcie et me voilà de l’autre côté. Je pouvais continuer.

Bientôt, à force de courir et de sauter dans tous les sens, j'arrivai dans une grande pièce, avec plusieurs escaliers et quelques portes menant à des pièces probablement plus petites. Quelque chose me disait que c'était là où ma mission prendrait fin. Ça n’était pas plus mal pour ainsi dire, le temps défilait et chaque instant passé ici augmentait mes chances d’être découvert. Quelques gardes dans les parages, mais rien d’insurmontable. Un premier type, en haut des escaliers, perdit l'usage de ses bras en même temps que la vie, et tomba lentement au sol tandis que j'enfonçais déjà une porte, sabre en avant, pour empaler un autre ennemi. Laissant leur deux corps derrière moi, je mes dirigeai vers un nouvel escalier et franchis en toute hâte le quelques marches menant au niveau supérieur. Évitant un ou deux lasers, que le propriétaire semblait avoir installé un peu partout dans son usine, je me retrouvai vite devant un type armé d'un fusil. Peu désireux de lui laisser le temps de réagir, mon sabre hurla en sortant de son fourreau et vint le découper de haut en bas, coupant son canon en deux par la même. Chaque partie tomba de son propre côté alors que je rengainais mon arme et avançais inexorablement.

J'enfonçai une dernière porte et refroidit un type qui me fonçait dessus sans grande conviction. Là, sur le mur, j'aperçus une nouvelle poignée similaire à celle que j'avais vue plus tôt, lorsque je fus confronté pour la première fois aux lasers. Grâce à mes capacités de déductions exceptionnellement normales, j'en conclus que ce devait être celle qui contrôlait les dispositifs de cet étage et j'en profitai pour les désactiver. Bien m'en a pris, puisque leur disparition me révéla une petite alcôve dans le fond de la pièce. Et dans cette alcôve, un type en blouse blanche, ensanglantée, affalé sur une chaise. Probablement un scientifique, puisqu’il était de notoriété commune que ces types ne quittaient jamais leur blouse. Avec de la chance, ce devait être mon scientifique.

M'approchant rapidement de lui, je remarquai que la blouse n’était pas la seule à être ensanglantée et que ce savant devait être la source de tout ce sang. D'ailleurs, au vu des quantités d’hémoglobine et de l’état de son visage, je me demandai s'il était encore vivant. Ma mission consistait à le ramener vivant, il aurait été de mauvais aloi qu’il soit mort avant même ma venue. Mais, sentant ma présence, il s'éveilla en un long râle plaintif.

« -Aaarrrghhh... » Dit-il. Il mit un petit moment, les yeux vides, à comprendre qu'il y avait réellement un être humain à ses côtés. Un être humain qui ne venait pas le rosser gratuitement en tout cas. « J'ai entendu du tapage en bas... Je croyais que c'était le livreur de pizza. Ha... » Continua-t-il.

Au moins, il avait un peu d'humour. A moins qu'il ne fut sérieux et s’attendait réellement à voir débarquer un pizzaïolo, avec un sabre ensanglanté, à travers la sécurité agressive du bâtiment. Peu m'importait en réalité, je devais le sortir d’ici. Et vite.

« -Je suis venu vous libérer. » Répondis-je simplement.

« -Ha... Je salivais déjà en pensant à une pizza au pepperoni. » Avoua-t-il. Il était crétin en fait. "Je vais voir si je peux marcher."

Mobilisant toutes les forces qu'il lui restait, et plein d’espoirs, il se leva péniblement de la chaise, comme si le moindre mouvement était à même de l'achever et soupira longuement. Visiblement, il pouvait se lever. Donc il pouvait marcher. Parfait

« Aie... Je commençais à croire que j'étais fichu. Merci. » Me dit-il. Il devait assez compter pour des gens pour que je sois envoyé à sa rescousse.

Je lui intimai de me suivre alors que je me dirigeais déjà vers la sortie. Comme je le disais, il fallait faire vite. Mes missions étaient certes sanglantes, elles n’en restaient pas moins rapides. Si j’allais et venais aussi vite que l’éclair, je diminuais drastiquement les risques d’échec. Le scientifique commença à me suivre en claudiquant carrément. Sa jambe de traviole ne devait pas franchement aider, mais j’avais bon espoir de réussir à l’extraire sans encombre.

Néanmoins un petit son suspect me fit soudainement douter. Comme un petit "bip". Sentant bien qu’il était annonciateur d’un désastre, comme souvent dans ce genre de situation, je fis volte-face et contemplai mon scientifique qui se tenait le cou. Apeuré, il tenait un étrange dispositif fixé à son cou, ressemblant étonnement à un gros collier en métal, très peu esthétique, dans lequel un scientifique plus fou aurait glissé une bombe. L'instant d'après, sa tête explosa. N’ayant rien pu faire, et ne pouvant réellement agir autrement, je contemplai au ralenti son corps décapité tomber au sol. Mission échouée.

J'entendis alors du remue-ménage en bas des quelques escaliers que j'avais franchi plus tôt. Jetant un coup d'œil par-dessus une rambarde, j'aperçus un type des plus étranges. Ses cheveux, coiffés en grosse afro, étaient d'un bleu pétant. Tout comme ses favoris et son bouc. Probablement un style très assumé, il y avait peu de chances qu’il soit né ainsi, la nature n’étant pas aussi cruelle. Il portait une grosse veste en cuir noire, ouverte sur son torse nu, dévoilant un gros pendentif en or en forme de V. Et de nombreux bracelets tout aussi clinquants venaient habilement compléter la panoplie et lui donner une certaine légitimité. Son but ne devait pas être de passer inaperçu dans la rue en tout cas.

« Сука охуеть! J'espère qu'on a tout enregistré. » Lança-t-i. Je ne compris pas vraiment ce qu'il racontait, mais il me semblait bien que les premiers mots étaient du russe. Ne le parlant pas, et ne pouvant me raccrocher qu’à la seconde partie de son discours, tout semblait bien énigmatique. Mais une chose me semblait assez sûre, c’était un piège ! Et il semblait s’adresser à d’autres personnes, dans la pièce adjacente.

« Les gars, c'est l'heure de sortir les poubelles. Faites gaffe aux lasers. » Ça, j’étais prêt à en mettre ma main à couper que ça n'était pas du russe. Soit il s'adressait légitimement à des éboueurs et leur indiquait qu'il était l'heure de réaliser leur emploi, malgré des conditions de travail dangereuses. Soit, il parlait de moi et de feu le scientifique de manière assez peu flatteuse. Aussitôt déboulèrent trois types avec des fusils d'assaut et de la rage dans les yeux. De toute évidence, ils venaient pour moi. Et le type aux cheveux bleus était aussi peu poli que son apparence le suggérait. C’est dommage, j’étais pas venu pour me faire insulter moi.

J'empoignai rapidement mon sabre, prêt à en découdre de nouveau tandis qu'ils grimpaient les escaliers à toute vitesse. En les entendant progresser à toute vitesse vers ma position, j’essayais de trouver un plan d’action. D’habitude, c’est moi qui surprenait mes adversaires et les prenait de court. Pas des hurluberlus russes. D’ailleurs, en pensant à lui, ses mots me revinrent. Pas ceux en russe naturellement, mais plutôt quand il faisait mention des lasers! Les mêmes lasers que j’avais désactivés quelques minutes auparavant. Aussi, tout en gardant l’oreille sur leur montée, ma main se retrouva subrepticement sur la poignée. Une seconde plus tard je réactivai les lasers, conduisant les éboueurs à se voir découper dans d’atroces souffrances. Qui a l’idée de mettre autant de lasers chez soi ?

Prenant soin de désactiver à nouveau les dispositifs tueurs avant de repartir, après tout je ne voulais pas finir comme les trois gusses, je constatai que le gangsta bleu avait disparu. Je descendis presque tranquillement tous ces escaliers que j’avais gravi en toute hâte. Plus un bruit dans le bâtiment. Le danger semblait s’être volatilisé. Et peu avant lui mes chances de réussite pour cette mission. Le scientifique était décédé alors que je devais l’extraire. Vivant. Je me dirigeais vers la sortie en imaginant bien que cela ne plairait pas beaucoup à mon superviseur. Il allait d’ailleurs probablement m’appeler, avec un ton désapprobateur, une fois que j’aurais quitté cette usine en ayant échoué. Et c’est ce qui arriva.

« Vos employeurs sont mécontents. La cible de la mission a été éliminée avant son extraction. » Me dit-il.

J’étais plutôt compétent en général, mais ce coup-ci, mes prémonitions ne m’avaient pas épargné ce piège. Mais il aurait difficilement pu en être autrement, mon don ne fonctionnant que pour prévoir des choses n’étant pas encore arrivée. Hors, vu le piège tendu à mon encontre, il y avait fort à parier que tout était prévu et que le scientifique s’était déjà vu attribuer ce collier moche avant même ma venue. Probablement d’ailleurs un cadeau du russe, vu la finesse et la subtilité de l’ornement.

« Rentrez et reposez-vous. Vous recevrez une nouvelle mission demain. » Termina-t-il. Un classique chez lui.

Il était vrai que j'aurais bien profité d'un peu de repos et de sommeil avant la prochaine mission. Aussi ne me fis-je pas prier d'avantage, et rentrais-je chez moi promptement. Habitant dans un petit appartement d’un immeuble pas top du troisième district, déjà pas top en lui-même, le chemin jusqu’à la maison ne fut pas des plus bucoliques. Terne, misérable, en mauvais état, au moins l’ambiance ne jurait pas trop après cette soirée de tueries. Je gravis tranquillement les escaliers de l’immeuble et ouvrit la porte de chez moi doucement, contrairement à ce que j’avais pu faire à l’usine.

Ça n'était pas le grand luxe. J’occupais un petit appartement en sale état aux murs effrités et dont le ménage laissait clairement à désirer. Mais je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même sur ce dernier point. Deux petites pièces à peine, en plus des sanitaires. D’un côté, un coin cuisine, avec du mobilier abîmé, un frigo défaillant, des canettes de bières vides et de la vaisselle sale partout. De l’autre un canapé usé et une télé faisaient office de salon/chambre. Et là aussi, de la vaisselle sale et des canettes de bière. Vide, toujours. Cela dit, cette pièce était un peu décorée, puisque je n’étais pas qu’un animal allergique au ménage. Un katana d’exposition était accroché au mur, sous un kabuto et une naginata. De part et d’autres, des posters, notamment de films de chanbara, et une bannière de clan japonaise pour compléter ma petite déco. La bannière du clan Goto le vendeur m’avait dit. Mais ça n’avait que peu d’importances en réalité.

Pas le grand luxe, mais c’était ma vie. Et bien sûr, comme toujours, mes voisins faisaient la fête, musique à fond. Comme si je vivais constamment à côté d’une boite de nuit nulle. Boite de nuit qui ne devait accueillir que trois pauvres clampins qui s’asphyxiaient de musique et de drogue pour oublier qu’ils vivaient aussi dans le troisième district. Et qui bien sûr au passage empêchait leur voisin tueur de se reposer après une journée de rudes combats à découper de la viande humaine. Tiens, j’avais soudainement envie de jurer en russe, moi aussi.

Machinalement, j'allumai la télé, comme pour couvrir leur bruit et occuper mon esprit, et me préparai un thé chaud et réconfortant. Pendant que le sachet de thé mystérieux dont j’avais dû perdre la boite infusait tranquillement dans une tasse que j'avais renoncé à nettoyer depuis trop longtemps, le poste crachait des informations en boucle. J'écoutais d'une oreille, à peine à moitié intéressé.

"On nous signale au moins douze morts ou blessés dans une usine abandonnée du 3e district…" Tiens, on parlait déjà de moi. Du moins, les informations semblaient coïncider. Une usine abandonnée dans le 3ème, une douzaine de morts ou blessés, ça correspondait bien. Enfin, sauf pour les blessés à vrai dire, puisqu’il n’y en avait aucun à déplorer. Comme l’avait dit mon superviseur, pas de survivants. Je sirotais quelques gouttes de thé bouillant.

"Parmi les victimes, se trouvait Dawoud Bey, un scientifique du gouvernement disparu depuis trois semaine..." Dawoud Bey? Malgré son nom improbable, il s’agissait sûrement de la cible. Un scientifique du gouvernement. Pas d’autres informations à son sujet, sur ce qu’il faisait, ou pourquoi il avait été kidnappé. C’était le gouvernement qui m’avait engagé ou quelqu’un d’autre ? Et si l’on avait fait appel à moi, c’est qu’il devait être plutôt important ce Dawoud. Je buvais tranquillement mon thé chaud en regardant par la fenêtre. Mais il n’y avait pas grand-chose à voir dans ce quartier pourri.

"La police n'a pas révélé beaucoup de détails, mais a indiqué qu'un gang semblait impliqué dans l'incident…" Un gang? Si la police pouvait semblait assez flatteuse sur ce point, je me doutais qu’elle ne parlait pas de moi, mais plutôt de la joyeuse équipe du capitaine aux cheveux bleus. Donc en somme, aucune information intéressante pour moi. Pourquoi, comment avais-je été piégé ? Étais-je la cible de ce russe, ou plutôt victime d’un concours de circonstances bien bizarre quand même ? Je me posais pas mal de question en avalant à grosse gorgées ma boisson qui refroidissait si vite.

Ayant fini d’ingurgiter ma boisson froide, je m’allongeais sur mon canapé, laissant les images et le son bercer mon esprit qui peu à peu lâchait prise. La télé continuait de diffuser ses informations alors que je ne les captais plus qu’à moitié.

" Autre nouvelle… Une fuite de refroidisseur dans une usine de traitement des eaux de la Nouvelle Mecque a contaminé la totalité du réseau du 3e District. Il est conseillé aux résidents du 3e District de ne pas utiliser l’eau courante jusqu’à la réparation de la fuite. Cela inclut la consommation d’eau du robinet, les douches, le jardinage et le lavage des animaux. Les autorités de la Jonction pensent que le problème sera réglé dans moins de douze heures. "

Alors que je me disais qu’il devait être particulièrement stupide de faire du jardinage dans le troisième district, je me demandais quel danger pouvait bien représenter des eaux contaminées dans le lavage des animaux. Et qui lavait ses animaux régulièrement. Mais cette fuite n’avait rien d’étonnant dans ce district où la misère était chez elle. Tout tombait en ruine, et tout le monde s'en fichait. Et plus je sombrais, moins je faisais attention à ce que disait la télé, ou le bruit de mes voisins. J’y pensais peut-être tardivement, mais... pour faire mon thé, j’avais utilisé de l’eau. Du robinet. Peut-être allais-je mourir finalement ? Cette pensée ne suffit pas pour m’inquiéter, mon corps étant déjà tout engourdi de sommeil. Ou en train de mourir. A vrai dire, je ne savais trop dire. Peut-être même que je rêvais tout cela.

"Autre nouvelle… Le tueur en série surnommé "Le Dragon" est toujours en liberté. Si vous avez des informations sur l’endroit où il pourrait se trouver, contactez votre représentant local de la Jonction."




En ouvrant les yeux, je me rends compte que je suis dans une sorte de cabane en bois, avec du mobilier plutôt simple. Dans ma main, une balle en plastique. Ma main est petite par rapport à cette balle. D'ailleurs, à bien y regarder, mon corps entier est celui d'un enfant. Si je regarde par la porte ouverte, je me rends compte que la cabane flotte dans l’espace. La classe !

Face à moi, deux ombres, indiscernables. Pourtant, je ne suis pas effrayé. L'une des ombres se trouve sagement dans un coin, relativement imposante. L’autre ombre, de taille comparable à la mienne, semble m'appeler. Je ne sais trop pourquoi, mais j'ai envie de lui envoyer la balle. Ce que je fais. Cette dernière me la renvoie. Prenant goût à ce jeu improvisé avec une forme étrange, je me surprends à y trouver une certaine forme d’amusement. On joue ainsi à s’envoyer une simple balle pendant quelques instants.

Après seulement quelques échanges, nous sommes interrompus par une étrange sensation. Dans mon dos, je sens une présence inquiétante et je vois une nouvelle ombre franchir le seuil de ma cabane dans l’espace. Je ne sais pas pourquoi, mais cette nouvelle venue me met mal à l’aise.

Une fois face à moi elle se fige, et je sens le temps se suspendre. Puis, dans un élan effroyable, cette dernière grandit et se jette sur moi pour m’engloutir ! Je n’ai pas le temps de réagir que déjà son ampleur emplit la pièce entière et je ne vois plus que de l’ombre, partout !




Réveil!

Reprenant pied dans la réalité, je bondis de ma position allongée et tentai de reprendre mon souffle, assis sur mon canapé. Ça n’était qu’un rêve. Pourtant, aussi effrayant et improbable fut-il, j’avais comme l’impression de l’avoir déjà vécu. Peut-être parce que je faisais le même de façon plus que régulière ? En étant toujours autant pris au dépourvu, évidement.

Alors que mon cœur emballé revenait peu à peu à son rythme de croisière, je jetai un œil par la fenêtre. Il faisait déjà bien jour dehors. Une nouvelle journée venait de débuter. Et avec elle, un nouveau contrat.



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Katana Zero
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