Star Wars : Le Pouvoir de la Force - Test

« Si vous me terrassez maintenant, Patron, je deviendrai plus puissant que vous ne sauriez l’imaginer !
- Rangez ce balai anti-gravité et arrêtez de faire l’idiot, Bob. Si je vous tue, vous allez accaparer un nouveau corps, pas vous transformer en esprit plein de sagesse. Et non, je ne vais pas incarner un clown qui tient son sabre laser comme ça.
- Même un clown capable de détruire un Star Destroyer avec la Force ?
- … C’est trop ridicule pour que je ne vérifie pas ça de visu. »
Une licence gargantuesque comme Star Wars a généré une pluie d’étoiles l’exploitant dans divers domaines. Hélas, The Force Unleashed ne brille pas d’un éclat faramineux dans cet univers tentaculaire…
Enquête bourrine, sabre laser mal tenu à la main, à une époque où la licence n’appartenait pas encore à Disney.

What is thy bidding, my master ?
TFU part pourtant sous de prometteurs auspices : l’on incarne Vador lui-même, venu faire un brin de nettoyage sur Kaashyk un temps indéterminé après l’application de l’ordre 66.
Rendons grâce au jeu d’opter pour une continuité logique où, outre Yoda et Obi-Wan, d’autres Jedi ont survécu à la Purge, dans la fiche de poste de Vador, l’extermination des rescapés est une priorité (juste après maudire ce fichu bruit de respirateur automatique).
Déchaînant le pouvoir du Côté Obscur contre de malheureux Wookies, le bras droit de l’Empereur finit par débusquer et tuer le chevalier Jedi caché là, mais, diantre ! Celui-ci avait un fils, qui semble avoir hérité d’une puissante connexion à la Force.
Ni une ni deux, comme il a lu « la manipulation psychologique pour les nuls », le semi-cyborg tue des Impériaux pour faire croire qu’il est venu secourir le garçon (comme quoi il n’est vraiment pas gratifiant d’être un Stormtrooper, déjà que leur capacité à tirer juste est sujette à caution).
Juste après avoir tué le géniteur de ce dernier, je ne suis pas sûr que ce soit terriblement convaincant, mais passons ce point de détail : après une ellipse temporelle, on retrouve l’apprenti désormais doté du doux nom de Starkiller, prêt à faire ses preuves auprès de son maître.
La première moitié de l’histoire est donc assez peu riche narrativement, puisque cela consiste « juste » pour Starkiller à tuer des Jedi jusqu’à ce que Vador le juge digne de l’aider dans son terrible plan : renverser Palpatine !
Le fan averti ne manquera pas de tiquer : comment un être aussi rusé que l’Empereur pourrait-il ignorer que son apprenti prend lui-même un novice en secret ? Dans le jeu Starkiller devra tuer tout le monde, Impériaux compris, afin de ne pas laisser de témoins, quand même, le tout paraît un peu gros.
(Notons tout de même que dans l’Univers Etendu, comprenant notamment une flopée de livres et comics, les apprentis jetables pour Palpatine et Vador ne manquent pas)
Je n’insisterai pas là-dessus, sachez donc juste que le scénario comprend quelques twists et qu’il se laisse gentiment suivre. On sera néanmoins dans le droit de s’étonner (pour ne pas employer un mot plus fort) en apprenant que TFU a reçu une distinction de la guilde des auteurs d’Amérique, pour la « meilleure écriture de scénario dans un jeu vidéo ».
Entendons-nous bien, ce n’est pas toutes années confondues…
Même ainsi, cela peut sembler grandement exagéré. TFU s’en sort en piochant des répliques et références dans d’autres œuvres de l’univers SW, en mettant en scène des personnages emblématiques (Vador, Palpatine, Leia…) et en expliquant concrètement la genèse opératoire de l’Alliance Rebelle (même si désormais, avec la série Andor, ça ne doit plus être canon).
Si le but est louable, le format n’est pas adapté : TFU reste un beat’em all et manque d’ampleur narrative, menant à des « compressions » et des raccourcis, comme l’inévitable passage de Starkiller du Côté Lumineux de la Force, paraissant aussi rushé que le passage contraire de Skywalker dans l’épisode III- lequel, tout du moins, subissait les contraintes d’un format cinéma, tout en « bénéficiant » d’une ellipse de trois ans pendant laquelle le Chancelier a eu tout le temps d’influencer l’Elu.
Si on reste dans le domaine vidéoludique, je ne peux que penser à la fin du premier KOTOR, où vous pouvez basculer du Côté opposé de votre alignement d’une simple décision, qui efface magiquement tout le reste… C’est beau, la réécriture du karma à la demande.
Rajoutez une micro-romance pour respecter les standards établis, un protagoniste pas franchement des plus charismatiques, si le tout n’est pas désagréable, on reste loin d’une histoire particulièrement mature.
A noter tout de même que comme Shadows of the Empire en son temps, TFU est un projet multimédia, avec l’addition notable d’un comics et d’un roman.
Cela étant posé, je maintiens qu’un jeu vidéo, narrativement parlant, devrait se suffire à lui-même…

La Force en folie
Mais venons-en au cœur du jeu, le gameplay. TFU se présente donc comme une sorte de beat’em all moderne avec un fil rouge des plus simples : avancer, massacrer des ennemis, avancer, utiliser la Force sur l’environnement, tuer des ennemis, ainsi de suite jusqu’à la fin du niveau comportant son boss syndical.
Et pour massacrer, vous avez un bel éventail, dans deux domaines interconnectés. Le premier concerne les pouvoirs de la Force : télékinésie (vive les Stormtroopers qui volent dans tous les sens et les objets balancés pleine puissance sur les ennemis), lancer de sabre laser, foudre (pas de limi- bref, vous voyez le tableau), bouclier de foudre, poussée de Force (pratique pour jouer au bowling sur cibles vivantes).
C’est toujours un plaisir de s’amener frais comme une fleur et transformer les environs en charnier en utilisant de vos pouvoirs surnaturels pour faire le ménage !
L’autre domaine touche aux techniques de sabre laser (une vingtaine) dont la majorité s’acquiert en montant de niveau, permettant de réaliser des combos variés, simples (tel un enchaînement de coups avec une seule touche) ou complexes, demandant plusieurs touches et intégrant la Force, comme surcharger son sabre d’électricité ou un empalement aérien combiné avec une explosion de Force.
Les possibilités sont suffisamment nombreuses pour épancher sa soif de sang de manière fun, donnant tout son sens au titre du jeu. Hélas, on approche là de son essence qui tend un peu vers le « je t’en mets plein les yeux, oublie les défauts cachés dans le reste, merci ».
Tous ces combos, de fait, reviennent assez à choisir des méthodes de cuisson différentes pour votre viande : à cause de la relative facilité du jeu, aucun en particulier ne fera une différence notable face à certains ennemis.
Tous les boss peuvent être battus avec un usage copieux de la foudre et du combo de sabre de base, ce qui est un brin décevant.
La foudre, par ailleurs, donne l’impression d’être le va-tout de TFU, un seul type d’ennemi y étant véritablement résistant, sa longue portée et sa capacité à étourdir la cible en faisant la technique de gestion idéale des grosses cibles.
Non pas que le jeu soit dénué de défi à certains passages, mais cela pourra être plus dû à des stun-lock quelque peu abusés de vos adversaires, plutôt qu’à leur intelligence.
A ce propos, penchons-nous sur l’annonce mensongère faite par les développeurs, annonçant que l’engin permette aux PNJ de « faire montre d’une intelligence artificielle réaliste ».
Quelques exemples brillants :
- Les AT-ST vous tirant dessus sans voir qu’il y a un obstacle encaissant les projectiles, incapables de contourner efficacement ;
- Les ennemis vous fixant froidement du regard sans vous attaquer ;
- Les rancors jetant des pierres à bout portant sans aucune chance de vous atteindre ;
- Les snipers tombant tout seul de leur perchoir ;
- Un boss se jetant sur des mines organiques, etc.
Une belle pantalonnade, ne vous attendez pas à l’usage de tactiques groupales à votre encontre !
Accomplis ta destinée
Avant de continuer vers un autre problème du jeu, causons d’un aspect positif : le système de level-up. Plus vous battez d’ennemis, plus vous gagnez d’expérience : classique et logique.
Les montées en niveaux vous permettent de vous améliorer dans trois domaines : les pouvoirs de la Force, les talents (augmenter la santé maximum, réduction des dommages reçus, régénération plus rapide des points de Force…) et les combos précités.
De plus, chaque niveau contient de nombreux holocrons jedis, augmentant votre XP, vous donnant un point bonus dans une de ces trois catégories ou offrant un cristal conférant une propriété particulière à votre sabre. Accomplir des objectifs bonus, comme tuer tous les rancors sur Felucia, octroie également des bonis.
Le sentiment de montée en puissance est donc présent de manière satisfaisante, à moins de farmer, vous obligeant à faire des choix- sauf pour les combos où vous pourrez obtenir tout ce que vous désirez, normalement.
Ce côté plaisant n’amoindrit en rien un défaut rédhibitoire pour un jeu de ce genre : le tempo.
On s’attend, avec légitimité, à pouvoir ressentir des poussées d’adrénaline (plus ou moins fortes, d’accord), à être vraiment dans le feu de l’action, trancher dans tous les sens, déchaîner sa fureur de façon jouissive…
Il n’en est pas rien, mais il n’en est pas ainsi assez souvent. Contrairement aux intentions des développeurs, les concentrations d’ennemis faibles relèvent plus de l’oblitération administrative que du match d’endurance, les « gros » ennemis sont généralement situés de telle manière que vous n’ayez pas de problème à les prendre un par un, avec un brin de jugeote.
Il faut préciser que vous regagnez de la vie à chaque ennemi abattu, sans quoi le jeu serait quasiment impossible !
Avec les errances de l’IA citées plus haut, il est de plus aisé de se défaire d’adversaires qui pourraient se révéler épineux. Tout ceci produit donc quelques longueurs, surtout lorsqu’un level-design parfois fort perfectible se rajoute à l’ensemble.
On pensera à Felucia, dépaysant au début avec son côté de jungle pour mycologues, pour aboutir à une trop forte impression de long couloir arbitraire jonché d’ennemis à abattre. Ou à la station médicale, organisée de telle manière que le niveau se plie très rapidement par rapport aux autres…
Tout cela pour sauver votre pilote, afin de préserver la micro-romance – je la dénomme ainsi car
les deux tourtereaux n’ont pas eu le temps d’avoir des relations significatives pour que le sentiment d’amour paraisse très vraisemblable…
Quid des boss, me direz-vous ? Eh bien, c’est mitigé. D’une part, ce sont les moments forts du jeu où il faut se montrer plus technique, les séances de mise à mort via QTE confèrent un côté excessif finalement assez épique et satisfaisant.
Les duels de Force sont également assez cool, ainsi que les moments où les sabres laser s’entrechoquent dans une opposition brute de puissance.
Mais, d’autre part…

Dans ses sombres pensées, il y avait toujours une lueur d’espoir…
… les patterns utilisés sont un peu trop rigides et sauf les boss finaux, ils ne présentent pas de défis notables- plus des épreuves de patience.
Ou pas- distinction « téléphoné à mort » pour le combat contre Proxy, le droïde personnel de Starkiller, certes programmé pour essayer de le tuer, mais dont les capacités à se transformer en Jedi ou Sith AVEC les pouvoirs de la Force, presque juste pour affronter Dark Maul, sont un peu grasses. Il se fait stun-lock sans difficulté !
Autre décoration, en mousse chocolatée cette fois-ci, pour le moment où il faut, en puisant dans la Force bien entendu, faire se crasher un Destroyer impérial.
On entre dans la poudre aux yeux à 120%, pour une scène placée de façon totalement arbitraire et ridicule : Starkiller se prend des tirs de chasseur TIE sans avoir trop mal et ne se fait jamais toucher par les turbolasers du Destroyer !
Le jeu met déjà en scène sa puissance qui peut sembler parfois délirante, ce « combat » est la touche de trop. On se demande presque pourquoi il ne ferait pas imploser à distance l’Etoile Noire en compressant son réacteur avec la Force…
Malheureusement, même l’univers étendu via les livres nous a « offert » des moments pénibles comme celui-là. L’UE est de toute manière truffé de moments douteux, comme la résurrection de l’Empereur avec un clone et le passage subséquent de Luke du Côté Obscur.
Enfin, revenons sur TFU. Il y a quelques DLC, à savoir une mission au temple Jedi pour plus en savoir sur Starkiller, plus deux missions se basant sur la fin non canonique, où l’ex-apprenti de Vador tue ce dernier et prend sa place auprès de l’Empereur.
L’occasion d’en rajouter dans le fanservice en tuant Obi-Wan, vainquant Luke et Boba Fett.
Comme il est toujours utile de s’informer avant d’écrire un test, j’ai appris qu’à l’origine, ceux qui auraient acheté tous les contenus séparés (sur PC) en auraient eu pour une centaine d’euros avec le jeu de base, ce qui relève, à ce point-là, de la pure escroquerie.
Comme quoi il faut parfois vraiment prendre sur soi et attendre les versions de l’année/collector/définitive etc.
Maintenant, ma diatribe pourrait susciter en vous le sentiment, ami Lecteur, que TFU est à éviter. Que non pas. Il possède de sérieuses faiblesses, des éléments qui vieillissent mal (comme défoncer des portes avec la Force, l’utiliser en général sur l’environnement : des performances techniques n’impressionnant plus) mais se laisse jouer gentiment, en tant que défouloir raisonnable.
Pour finir sur une note toute personnelle, je n’en reste pas moins ébahi que ce soit le jeu SW à s’être le plus rapidement vendu dans l’histoire de la franchise- et à plus de six millions d’unités.
Un tel succès me semble largement disproportionné…

Non, vraiment, à tenir le sabre comme ça, il va se tordre le poignet.
What is thy bidding, my master ?
TFU part pourtant sous de prometteurs auspices : l’on incarne Vador lui-même, venu faire un brin de nettoyage sur Kaashyk un temps indéterminé après l’application de l’ordre 66.
Rendons grâce au jeu d’opter pour une continuité logique où, outre Yoda et Obi-Wan, d’autres Jedi ont survécu à la Purge, dans la fiche de poste de Vador, l’extermination des rescapés est une priorité (juste après maudire ce fichu bruit de respirateur automatique).
Déchaînant le pouvoir du Côté Obscur contre de malheureux Wookies, le bras droit de l’Empereur finit par débusquer et tuer le chevalier Jedi caché là, mais, diantre ! Celui-ci avait un fils, qui semble avoir hérité d’une puissante connexion à la Force.
Ni une ni deux, comme il a lu « la manipulation psychologique pour les nuls », le semi-cyborg tue des Impériaux pour faire croire qu’il est venu secourir le garçon (comme quoi il n’est vraiment pas gratifiant d’être un Stormtrooper, déjà que leur capacité à tirer juste est sujette à caution).
Juste après avoir tué le géniteur de ce dernier, je ne suis pas sûr que ce soit terriblement convaincant, mais passons ce point de détail : après une ellipse temporelle, on retrouve l’apprenti désormais doté du doux nom de Starkiller, prêt à faire ses preuves auprès de son maître.
La première moitié de l’histoire est donc assez peu riche narrativement, puisque cela consiste « juste » pour Starkiller à tuer des Jedi jusqu’à ce que Vador le juge digne de l’aider dans son terrible plan : renverser Palpatine !
Le fan averti ne manquera pas de tiquer : comment un être aussi rusé que l’Empereur pourrait-il ignorer que son apprenti prend lui-même un novice en secret ? Dans le jeu Starkiller devra tuer tout le monde, Impériaux compris, afin de ne pas laisser de témoins, quand même, le tout paraît un peu gros.
(Notons tout de même que dans l’Univers Etendu, comprenant notamment une flopée de livres et comics, les apprentis jetables pour Palpatine et Vador ne manquent pas)
Je n’insisterai pas là-dessus, sachez donc juste que le scénario comprend quelques twists et qu’il se laisse gentiment suivre. On sera néanmoins dans le droit de s’étonner (pour ne pas employer un mot plus fort) en apprenant que TFU a reçu une distinction de la guilde des auteurs d’Amérique, pour la « meilleure écriture de scénario dans un jeu vidéo ».
Entendons-nous bien, ce n’est pas toutes années confondues…
Même ainsi, cela peut sembler grandement exagéré. TFU s’en sort en piochant des répliques et références dans d’autres œuvres de l’univers SW, en mettant en scène des personnages emblématiques (Vador, Palpatine, Leia…) et en expliquant concrètement la genèse opératoire de l’Alliance Rebelle (même si désormais, avec la série Andor, ça ne doit plus être canon).
Si le but est louable, le format n’est pas adapté : TFU reste un beat’em all et manque d’ampleur narrative, menant à des « compressions » et des raccourcis, comme l’inévitable passage de Starkiller du Côté Lumineux de la Force, paraissant aussi rushé que le passage contraire de Skywalker dans l’épisode III- lequel, tout du moins, subissait les contraintes d’un format cinéma, tout en « bénéficiant » d’une ellipse de trois ans pendant laquelle le Chancelier a eu tout le temps d’influencer l’Elu.
Si on reste dans le domaine vidéoludique, je ne peux que penser à la fin du premier KOTOR, où vous pouvez basculer du Côté opposé de votre alignement d’une simple décision, qui efface magiquement tout le reste… C’est beau, la réécriture du karma à la demande.
Rajoutez une micro-romance pour respecter les standards établis, un protagoniste pas franchement des plus charismatiques, si le tout n’est pas désagréable, on reste loin d’une histoire particulièrement mature.
A noter tout de même que comme Shadows of the Empire en son temps, TFU est un projet multimédia, avec l’addition notable d’un comics et d’un roman.
Cela étant posé, je maintiens qu’un jeu vidéo, narrativement parlant, devrait se suffire à lui-même…

Jouer au grille-pain de la Force est un plaisir indémodable.
La Force en folie
Mais venons-en au cœur du jeu, le gameplay. TFU se présente donc comme une sorte de beat’em all moderne avec un fil rouge des plus simples : avancer, massacrer des ennemis, avancer, utiliser la Force sur l’environnement, tuer des ennemis, ainsi de suite jusqu’à la fin du niveau comportant son boss syndical.
Et pour massacrer, vous avez un bel éventail, dans deux domaines interconnectés. Le premier concerne les pouvoirs de la Force : télékinésie (vive les Stormtroopers qui volent dans tous les sens et les objets balancés pleine puissance sur les ennemis), lancer de sabre laser, foudre (pas de limi- bref, vous voyez le tableau), bouclier de foudre, poussée de Force (pratique pour jouer au bowling sur cibles vivantes).
C’est toujours un plaisir de s’amener frais comme une fleur et transformer les environs en charnier en utilisant de vos pouvoirs surnaturels pour faire le ménage !
L’autre domaine touche aux techniques de sabre laser (une vingtaine) dont la majorité s’acquiert en montant de niveau, permettant de réaliser des combos variés, simples (tel un enchaînement de coups avec une seule touche) ou complexes, demandant plusieurs touches et intégrant la Force, comme surcharger son sabre d’électricité ou un empalement aérien combiné avec une explosion de Force.
Les possibilités sont suffisamment nombreuses pour épancher sa soif de sang de manière fun, donnant tout son sens au titre du jeu. Hélas, on approche là de son essence qui tend un peu vers le « je t’en mets plein les yeux, oublie les défauts cachés dans le reste, merci ».
Tous ces combos, de fait, reviennent assez à choisir des méthodes de cuisson différentes pour votre viande : à cause de la relative facilité du jeu, aucun en particulier ne fera une différence notable face à certains ennemis.
Tous les boss peuvent être battus avec un usage copieux de la foudre et du combo de sabre de base, ce qui est un brin décevant.
La foudre, par ailleurs, donne l’impression d’être le va-tout de TFU, un seul type d’ennemi y étant véritablement résistant, sa longue portée et sa capacité à étourdir la cible en faisant la technique de gestion idéale des grosses cibles.
Non pas que le jeu soit dénué de défi à certains passages, mais cela pourra être plus dû à des stun-lock quelque peu abusés de vos adversaires, plutôt qu’à leur intelligence.
A ce propos, penchons-nous sur l’annonce mensongère faite par les développeurs, annonçant que l’engin permette aux PNJ de « faire montre d’une intelligence artificielle réaliste ».
Quelques exemples brillants :
- Les AT-ST vous tirant dessus sans voir qu’il y a un obstacle encaissant les projectiles, incapables de contourner efficacement ;
- Les ennemis vous fixant froidement du regard sans vous attaquer ;
- Les rancors jetant des pierres à bout portant sans aucune chance de vous atteindre ;
- Les snipers tombant tout seul de leur perchoir ;
- Un boss se jetant sur des mines organiques, etc.
Une belle pantalonnade, ne vous attendez pas à l’usage de tactiques groupales à votre encontre !

Regardez dans votre cœur et vous saurez que malgré le ridicule, cette image est vraie…
Accomplis ta destinée
Avant de continuer vers un autre problème du jeu, causons d’un aspect positif : le système de level-up. Plus vous battez d’ennemis, plus vous gagnez d’expérience : classique et logique.
Les montées en niveaux vous permettent de vous améliorer dans trois domaines : les pouvoirs de la Force, les talents (augmenter la santé maximum, réduction des dommages reçus, régénération plus rapide des points de Force…) et les combos précités.
De plus, chaque niveau contient de nombreux holocrons jedis, augmentant votre XP, vous donnant un point bonus dans une de ces trois catégories ou offrant un cristal conférant une propriété particulière à votre sabre. Accomplir des objectifs bonus, comme tuer tous les rancors sur Felucia, octroie également des bonis.
Le sentiment de montée en puissance est donc présent de manière satisfaisante, à moins de farmer, vous obligeant à faire des choix- sauf pour les combos où vous pourrez obtenir tout ce que vous désirez, normalement.
Ce côté plaisant n’amoindrit en rien un défaut rédhibitoire pour un jeu de ce genre : le tempo.
On s’attend, avec légitimité, à pouvoir ressentir des poussées d’adrénaline (plus ou moins fortes, d’accord), à être vraiment dans le feu de l’action, trancher dans tous les sens, déchaîner sa fureur de façon jouissive…
Il n’en est pas rien, mais il n’en est pas ainsi assez souvent. Contrairement aux intentions des développeurs, les concentrations d’ennemis faibles relèvent plus de l’oblitération administrative que du match d’endurance, les « gros » ennemis sont généralement situés de telle manière que vous n’ayez pas de problème à les prendre un par un, avec un brin de jugeote.
Il faut préciser que vous regagnez de la vie à chaque ennemi abattu, sans quoi le jeu serait quasiment impossible !
Avec les errances de l’IA citées plus haut, il est de plus aisé de se défaire d’adversaires qui pourraient se révéler épineux. Tout ceci produit donc quelques longueurs, surtout lorsqu’un level-design parfois fort perfectible se rajoute à l’ensemble.
On pensera à Felucia, dépaysant au début avec son côté de jungle pour mycologues, pour aboutir à une trop forte impression de long couloir arbitraire jonché d’ennemis à abattre. Ou à la station médicale, organisée de telle manière que le niveau se plie très rapidement par rapport aux autres…
Tout cela pour sauver votre pilote, afin de préserver la micro-romance – je la dénomme ainsi car
les deux tourtereaux n’ont pas eu le temps d’avoir des relations significatives pour que le sentiment d’amour paraisse très vraisemblable…
Quid des boss, me direz-vous ? Eh bien, c’est mitigé. D’une part, ce sont les moments forts du jeu où il faut se montrer plus technique, les séances de mise à mort via QTE confèrent un côté excessif finalement assez épique et satisfaisant.
Les duels de Force sont également assez cool, ainsi que les moments où les sabres laser s’entrechoquent dans une opposition brute de puissance.
Mais, d’autre part…

La mauvaise fin donnera lieu à des duels inattendus !
Dans ses sombres pensées, il y avait toujours une lueur d’espoir…
… les patterns utilisés sont un peu trop rigides et sauf les boss finaux, ils ne présentent pas de défis notables- plus des épreuves de patience.
Ou pas- distinction « téléphoné à mort » pour le combat contre Proxy, le droïde personnel de Starkiller, certes programmé pour essayer de le tuer, mais dont les capacités à se transformer en Jedi ou Sith AVEC les pouvoirs de la Force, presque juste pour affronter Dark Maul, sont un peu grasses. Il se fait stun-lock sans difficulté !
Autre décoration, en mousse chocolatée cette fois-ci, pour le moment où il faut, en puisant dans la Force bien entendu, faire se crasher un Destroyer impérial.
On entre dans la poudre aux yeux à 120%, pour une scène placée de façon totalement arbitraire et ridicule : Starkiller se prend des tirs de chasseur TIE sans avoir trop mal et ne se fait jamais toucher par les turbolasers du Destroyer !
Le jeu met déjà en scène sa puissance qui peut sembler parfois délirante, ce « combat » est la touche de trop. On se demande presque pourquoi il ne ferait pas imploser à distance l’Etoile Noire en compressant son réacteur avec la Force…
Malheureusement, même l’univers étendu via les livres nous a « offert » des moments pénibles comme celui-là. L’UE est de toute manière truffé de moments douteux, comme la résurrection de l’Empereur avec un clone et le passage subséquent de Luke du Côté Obscur.
Enfin, revenons sur TFU. Il y a quelques DLC, à savoir une mission au temple Jedi pour plus en savoir sur Starkiller, plus deux missions se basant sur la fin non canonique, où l’ex-apprenti de Vador tue ce dernier et prend sa place auprès de l’Empereur.
L’occasion d’en rajouter dans le fanservice en tuant Obi-Wan, vainquant Luke et Boba Fett.
Comme il est toujours utile de s’informer avant d’écrire un test, j’ai appris qu’à l’origine, ceux qui auraient acheté tous les contenus séparés (sur PC) en auraient eu pour une centaine d’euros avec le jeu de base, ce qui relève, à ce point-là, de la pure escroquerie.
Comme quoi il faut parfois vraiment prendre sur soi et attendre les versions de l’année/collector/définitive etc.
Maintenant, ma diatribe pourrait susciter en vous le sentiment, ami Lecteur, que TFU est à éviter. Que non pas. Il possède de sérieuses faiblesses, des éléments qui vieillissent mal (comme défoncer des portes avec la Force, l’utiliser en général sur l’environnement : des performances techniques n’impressionnant plus) mais se laisse jouer gentiment, en tant que défouloir raisonnable.
Pour finir sur une note toute personnelle, je n’en reste pas moins ébahi que ce soit le jeu SW à s’être le plus rapidement vendu dans l’histoire de la franchise- et à plus de six millions d’unités.
Un tel succès me semble largement disproportionné…
Conclusion
1420
The Force Unleashed a demandé pas mal d’investissements, surtout au niveau du moteur graphique.
Néanmoins, il souffre de ses ambitions un peu trop hautes et d’une certaine inadéquation : vouloir nous narrer la naissance véritable de la Rébellion à travers un personnage peu charismatique, dans un beat’em all, n’était pas la meilleure des solutions.
Défouloir correct se raccrochant un poil trop au fanservice pour s’attacher l’attention du joueur, ainsi que de moments « gras » comme la destruction du Destroyer Stellaire, il reste à découvrir pour l’amateur de SW- maintenant que le prix est correct.
Hélas une troisième fois, les excellentes ventes de cet épisode ont donné naissance à une suite…
Mais ceci est un récit pour un autre jour. Bob, arrêtez de mettre Duel of fates en fond sonore !
Bons points - Défouloir sans restriction - Essaye de s’insérer intelligemment dans la trame établie - Les pouvoirs de Force - Les nombreux combos - Les mises à mort des boss |
Mauvais points - Rythme mal géré, menant à des chutes d’adrénaline - Galerie de boss mitigée - La scène du Star Destroyer… - Veut en mettre un peu trop plein les yeux - IA régulièrement défectueuse - Level-design parfois douteux - Protagoniste peu charismatique |
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