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Resident Evil : Revelations

Resident Evil : Revelations - Test

3DS     Rédigé par Aronaar     Sam 18 Jan 2025     0 Coms et 157 Vues
« Patron, j’ai ce dont vous aviez toujours rêvé ! - Un remède à la bêtise humaine autre que l’oblitération ? - Euh... Non. Mais presque aussi bien ! C’est le secret de pourquoi les histoires de Resident Evil sont si horribles. Tout est là. » Et il lui tendit Revelations. Aronaar en fut très peu impressionné et se gratta l’occiput. La chose avait été portée sur PC, en plus d’être présente sur 3DS ? Quel mystère pouvait-elle donc celer ? La tactique de Capcom n’en était pas une : pressurer du jus en forme de billets verts avec la production d’épisodes secondaires entre les épisodes principaux. Il y avait un schéma tout prêt pour ça, il suffit de remplir les blancs, préparer les dialogues génériques, produire quelques nouveaux designs de monstres et de menus autres détails. « Très bien, Bob. Mais si vous m’en avez menti, je vous envoie dans le métro. » Le second ne comprit pas trop le caractère menaçant de la phrase, et envoya le Patron transmuter aussi sec. Il aurait le temps de s’inquiéter plus tard.



Vos nouveaux amis du moment ne seront pas très impressionnants.


Des profondeurs boueuses, je m’éveille

Ce qu’il y a de bien avec Resident Evil, c’est que la série vous permet de laisser au placard une bonne partie de vos fonctions cognitives supérieures. Votre temps de cerveau disponible ne sera ainsi guère entamé par l’intrigue de Revelations.
Sachez donc qu’un beau projet de ville alimentée uniquement par des panneaux solaires a tourné au boxon quand de petits plaisantins ont décidé de tirer dans tous les sens, en relâchant au passage quelques centaines de hunters !
Malgré une organisation n’étant là que pour donner un peu de corps à la trame du titre, c’est la grosse débandade, comme c’est le cas à chaque fois de toute manière. Décision est donc prise d’employer le satellite piqué à Demain ne meurt jamais, permettant d’émettre un rayon « solaire » rasant ladite ville, Terragrigia. Exit le groupe de terroristes, Veltro, avec des revendications... Enfin, ils doivent sûrement en avoir dans un manifeste perdu quelque part.
Bref. Un an plus tard, le chef du BSAA amène en promenade Jill Valentine et Jean-Jacques Parker, car on a retrouvé des résidus biologiques bizarres sur la plage près de Terragrigia. Horreur, ce sont les blobs servant de cibles 0% dangereuses pour le tutorial de gameplay !
On remarquera quand même que le chef reste tranquille à côté d’un de ces trucs, sans armes, et envoie ses agents à l’autre bout de la plage.
Enfin, on dirige le binôme vers un bateau perdu dans la méditerranée, personne ne sera particulièrement surpris d’apprendre que Veltro n’avait pas tellement disparu. Ou bien si ? Mystère ! Enfin, mystère à la sauce Resident Evil, donc ça ne vole pas très loin (ni très haut).
On est encore dans cette mécanique, un peu marécageuse, de virus et de complots douteux servant de prétexte à une aventure qui aurait une bonne raison de ne jamais avoir commencé.
L’action se passe principalement sur des bateaux, ça n’est pas une première pour la série puisque c’était déjà le cas pour Gaiden. Bon, celui-là étant sorti sur GBC et n’étant pas canon, pourquoi pas. Cela dit, ce n’est pas le plus mauvais script commis par Capcom et si on ne fera que suivre gentiment et distraitement le fil conducteur, tout du moins n’a-t-on pas une concentration toxique d’absurdité comme dans RE5 ou dans RE6. Le jeu est coupé en épisodes digestes.
Bon, en revanche, le truc du « previously » qui vous résume rapidement ce qui s’est passé avant est assez hors de propos. Cela marche pour des jeux comme The Walking Dead, ici, il n’y a juste pas assez de matière pour mériter ces piqûres de rappel.
Notez quand même qu’on ne va pas là vers un retour franc aux racines, si certains pouvaient l’espérer. Certes, à chaque fois, il y a assez de stupidité ambiante pour briser l’atmosphère survival-horror, mais il y a vraiment trop de moments cassant toute tentative de sérieux- sans pour autant aller franco dans la comédie comme Resident Evil 4.
Il suffit d’entendre Jessica dire qu’elle va ramener ses petites fesses pour secourir Chris, écouter Parker et Jessica discuter sur quel resto va convenir pour qu’il lui revaille ça, voir le duo de comique-troupier Quint et Grinder boire un café après avoir abattu une horde de hunters invisibles...
En plus des clichés et des moments Captain Obvious (Chris, après avoir entendu que l’autodestruction du bateau avait été enclenchée : « Il faut quitter le navire ! ») dont la série nous a rendu coutumiers.
Comme les PNJ se trouvant dans une pièce barrée alors que c’est vous qui avez trouvé la clé pour y pénétrer... Bref, du grand Capcom.


Vous ne risquerez pas le claquage de cerveau avec les puzzles.


L’intégrité biologique de la population nous incombe donc

S’il faut décrire le gameplay de Revelations, on pourrait dire qu’il se situe aux deux tiers du chemin entre les anciens et les nouveaux- et plutôt vers les nouveaux. Voire trois quarts vers les nouveaux, peut-être.
C’est à dire que vous retrouverez majoritairement un ensemble de huis clos, dans lesquels vous ne pouvez pas courir, encombrés de monstres vous suppliant muettement de mettre un terme à leur existence inique.
On les comprend, leur design sera à peine moins bon que les créatures mycéliennes apparaissant dans RE7.
Si les attaques sans armes à feu sont présentes, comme dans les RE old-school, utiliser le couteau ne servira à rien. Des attaques physiques, chargées ou non, pourront être déclenchées si l’ennemi est déjà en niveau critique de santé, histoire d’économiser quelques balles.
Non pas qu’en mode normal vous veniez à en manquer, neuf fois sur dix vous aurez d’ailleurs meilleur jeu d’éliminer toute opposition plutôt que d’esquiver les ennemis vers la pièce suivante, et ce malgré la présence d’une commande d’esquive ! Si une situation sent le sapin, vous aurez la possibilité, comme dans RE4, de faire brusquement volte-face et voir ailleurs si les monstres sont plus accueillants.
Au-delà de tirer en se déplaçant, Revelations se distingue tout de même sur plusieurs points par rapport aux autres épisodes. La gestion de l’inventaire est simplifiée à l’extrême : il n’y en a pas. Vous pouvez porter jusqu’à trois armes différentes, chacune avec une limite max de munitions, pouvant être étendue avec les divers étuis disséminés dans le jeu. Sniper, shotgun, pistolet, magnum, vous connaissez la chanson à ce niveau-là.
S’il y a bien des malles, on n’y stocke rien, à part les armes supplémentaires. Même pas de pression lorsque vous en avez trois et que vous en dénichez une nouvelle, celle que vous laissez est transférée automatiquement à la malle. Cette dernière permet également d’ajouter/changer des pièces personnalisées à vos armes, qui sont autant de boost : puissance de feu, cadence de tir, taux de critique... Un ajout sympathique mais pas aussi plaisant que le marchand de RE4.
Toujours est-il imba d’avoir un fusil sniper avec 80% de puissance supplémentaire…
Vous pourrez stocker jusqu’à 5 herbes vertes, qui vous régénèrent d’un seul coup en une pression rapide. A noter l’absence de barre de santé, remplacée par du sang s’agglutinant de plus en plus sur l’écran selon les dégâts, méthode devenue banale et qui ne plaira pas à tout le monde.
Comme vous l’avez supposé avec raison en lisant la première partie de ce test, vous n’êtes pas seul. S’il est impossible de jouer la campagne en multi, vous aurez à vos côtés un partenaire IA invincible, qui aura l’étonnante propriété d’être ignoré 95% du temps par les ennemis, même si ledit partenaire les arrose généreusement à coup de cartouches de shotgun.
Cela donne lieu à des scènes rocambolesques, où Jill peut tourner en rond, poursuivie par un monstre, tandis que son binôme fait feu tout seul sur la créature qui passe à côté de lui sans réagir...
Hélas, ce sera aussi de temps à autre votre collègue qui restera apathique face à la menace biologique, sûrement parce qu’il sait ne pas pouvoir tomber sous le coup du terrible « vous êtes mort ».
Pour terminer là-dessus, son efficacité semble aléatoire, parfois il semble pouvoir achever un
monstre seul comme un grand, d’autres fois il pourra le truffer de plomb et vous devrez absolument porter le coup de grâce. Est-il besoin de préciser qu’ils sont d’une efficacité minimale contre les boss ?
Or ça, Revelations possède un gadget bien à lui, mais qui est un gadget au sens fort : le Genesis. Sous ce nom pompeux se cache un scan avec une double utilité.
La première est de déceler des munitions et herbes vertes apparemment invisibles autrement, la raison pour laquelle vous ne devriez pas être à court.
La seconde est de faire augmenter un pourcentage en scannant des ennemis, une fois à 100, vous obtenez une unité de soin gratuite.
Une véritable occasion manquée qu’il ne serve jamais pour les énigmes.


Les boss sont de qualité… Discutable.



Jill et Chris ne se doutaient pas du destin sinistre qui les attendait

Enfin, énigmes, tout comme puzzle, ce sont des termes grandement exagérés. On retrouve le syndrome kléportaïque, avec parfois l’absurdité dans toute sa splendeur, tel l’ingénieur se gaussant dans une note qu’il a caché l’une des clés de la salle des machines dans une sorte de boîte, ne s’ouvrant que si vous placez un rouage central au milieu des autres rouages d’une fausse porte.
Même quand Umbrella ou une autre corporation loufoque n’est pas présente, il faut apparemment inclure des gens plutôt timbrés dans l’équation !
Les quelques documents, par ailleurs, sont sans aucune inspiration, on pourra toujours s’émerveiller que des gens en train ou sur le point de vivre des choses horribles (comme perdre un oeil et avoir son bras droit qui se scinde en deux) trouvent toujours et le matériel, et le temps de raconter leur vie.
Comme dans tout Resident Evil qui se respecte, 70% de l’équipement est inopérant et il faudra passer une bonne partie du temps à remettre en marche/trouver les clés ou équivalents idoines. Lorsqu’on sait que le bateau concerné a été conçu par George Trevor, l’architecte si doué qu’il est capable de se perdre et mourir dans le manoir dont il a lui-même dessiné les plans, on comprend mieux toutes les absurdités.
Le découpage en épisode est l’occasion d’avoir une vision d’ensemble de l’histoire et d’alterner entre plusieurs binômes. L’objectif est louable et marche en partie, mais peu laisser un certain goût de remplissage, notamment les deux épisodes avec Parker, ne consistant qu’en des séquences rallongées d’élimination de hunters.
Le bestiaire produit par le virus T-Abyss, au demeurant, est loin d’être impressionnant. Monstres blanchâtres pas plus doués qu’un zombie, version pouvant tirer à distance avec une lenteur atroce, baudruches vivantes qui explosent à proximité ou lorsqu’on leur tire trop dessus... Rien d’angoissant comme un regeneratore, ou de stressant niveau danger.
De toute façon, ne serait-ce qu’avec le partenaire virtuel, ne comptez pas sur une ambiance tellement survival-horror. Surtout pas avec les séquences répétées où il faut décimer un gros paquet de monstres...
Ou les réparties de votre binôme. L’entendre commenter l’apparition d’un nouveau monstre, puis dire que ce n’est pas le temps de palabrer (alors que Jill est muette) mais de tirer, puis de le voir tenir son pistolet en main en vous laissant faire tout le boulot, c’est un grand moment.
Il ne faudra pas chercher de tension au niveau des boss, qui sont tous médiocres, du blob-fatman à scie circulaire organique (...) qu’il faut affaiblir avec des barils explosifs, avant de l’achever pendant que des ennemis normaux spawnent à l’infini, jusqu’a à la baleine dont il faut aligner les tentacules avec des lance-roquettes puis à l’aide de mitrailleuses infinies, en passant par le monstre qui ne sait que faire des ruades violentes.
Il est d’ailleurs pénible de se retaper Rachel, évidemment pas morte la première fois et que vous recroiserez à plusieurs reprises, le point culminant du ridicule étant lors de l’inévitable séquence en temps limité où et elle et ses sbires ont soigneusement piégé le seul chemin pour parvenir au salut.
Comme quoi ces virus sont vraiment magiques et directement branchés sur ce que veut le Script !
Vers la fin les épisodes s’enchaînent de façon un peu brutale, le dernier n’étant là que pour
conclure l’affaire avec un combat final introduit des plus artificiellement.
Sans parler du fait que cet adversaire vit apparemment depuis un an dans un bateau sous l’eau, sans provisions, avant de s’injecter le virus et de se transformer en boss qui aurait plus sa place dans Zelda, en se téléportant à chaque attaque, son point faible se dévoilant juste avant de frapper, tout en produisant une illusion de lui-même... Arg.
Arg aussi quand on pense que le Big Bad aurait pu faire sauter le bateau qui le gênait à distance au lieu de le laisser pourrir une année, mais passons.
Vos performances rapportent des points bonus, elles débloquent des niveaux dans le mode commando, consistant simplement en des massacres graduellement plus difficiles, vos personnages gagnant des niveaux et pouvant s’équiper de façon variée.
Rien d’exceptionnel.

Conclusion

1320
Une partie des fans opineront probablement pour dire que Revelations est un ajout peu utile, un danger commun aux épisodes secondaires servant d’intercalaires entres les principaux. Et il est vrai que sur tous les plans, une personne appréciant la série peut tout à fait se passer de cette expérience-ci. Est-ce un bon RE ? Pas réellement. Est-ce un mauvais jeu en lui-même ? Non plus. Sur 3DS il brille à la rigueur plus que sur PC. Cependant, à petit prix - 10€ - c’est un divertissement correct et nullement honteux. Sur Switch, en bundle en solde, pourquoi pas. Enfin, sauf pour la coiffure de Raymond… Quelle atteinte à l’esthétique !
Bons points
- Histoire incohérente mais inoffensive par rapport à d’autres titres de la série
- Durée de vie honnête
- Défouloir correct
Mauvais points
- Découpage en épisodes pas forcément pertinent
- Partenaire IA instable, qui annule le sentiment d’horreur
- Boss franchement pas folichons
- Munitions et soins à gogo
- Rachel, pénible à force
- Plusieurs séquences peu inspirées
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