Emio - L'Homme au sourire : Famicom Detective Club - Test
Rédigé par Lord Kanozu
Ven 20 Sep 2024
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Alors qu’il était déjà miraculeux de pouvoir jouer aux remakes de Famicom Detective Club : The Missing Heir et Famicom Detective Club: The Girl Who Stands Behind, sortis il y a quelques années sur Nintendo Switch et marquant la première sortie de la franchise dans nos contrées, nous avons encore du mal à croire ce qui a suivi pendant cet été. Plus de 35 ans après avoir écrit son dernier épisode et alors que son attention semblait entièrement dédiée à d’autres projets, le réalisateur et scénariste Yoshio Sakamoto a décidé de remettre les mains dans le cambouis et de confectionner un nouveau jeu pour la franchise : Emio - L’homme au sourire - Famicom Detective Club. D’avantage horrifique et graphique, il signe un tournant majeur dans la ludographie de l’illustre figure de Nintendo et un véritable tour de force pour faire revivre cette antique franchise.
Ce test a été réalisé à partir d'une version presse fournie par l'éditeur
Tantei Club
L'interface reste très sobre et élégante
Pour ceux qui découvriraient les Famicom Detective Club et le genre du jeu d’aventure avec cette nouvelle sortie, on vous renvoie à notre précédent test de Famicom Detective Club : The Missing Heir et Famicom Detective Club: The Girl Who Stands Behind pour avoir davantage de contexte historique et savoir dans quoi on s’embarque sur ces quelques prochaines lignes. Emio - L’homme au sourire - Famicom Detective Club ne change pas la formule comparée à ces prédécesseurs et conserve son système de choix d’action, avec la possibilité de lancer une discussion sur différents sujets, examiner un aspect du décor, réfléchir ou présenter un objet à son interlocuteur. L’emballage à ce niveau est très old-school et se veut aussi fidèle que possible à l’expérience typique d’un jeu de l’époque, avec les forces et les faiblesses qui vont avec et sur lesquelles nous reviendrons. Il ne faut en revanche pas avoir fait les deux premiers jeux pour se lancer dans cet épisode au-delà de quelques très brèves références. C’est une bonne nouvelle pour les anglophobes puisque si les deux premiers jeux n’étaient disponibles qu’en anglais dans le texte, ce troisième opus dispose d’une traduction intégrale en français dès le départ, même s’il ne reste doublé qu’en japonais. Emio, la figure centrale de cet épisode, est aussi mystérieux qu'angoissant
L’aspect central qui distingue cet épisode de ses prédécesseurs repose dans le ton de son récit qui se veut beaucoup plus horrifique et sanglant que ce que l’on aurait pu penser. Il ne s’agit bien évidemment pas d’un jeu d’horreur à proprement parler pour autant, mais il reste important de préciser que le jeu ne s’adresse pas aux âmes sensibles et qu’il faudra être préparé à une ambiance pesante, des mutilations et beaucoup d’hémoglobines. L’intrigue démarre alors que le corps sans vie d’un jeune lycéen a été découvert dont la tête était recouverte d’un étrange masque doté d’un sourire. Ce fait divers fait resurgir une sordide affaire vieille d’une vingtaine d’années dans laquelle un tueur en série aurait assassiné plusieurs jeunes filles avant de, elles aussi, les habiller d’un masque souriant. Désemparées que le criminel puisse toujours être en liberté, les forces de police font alors appel à l’agence de détectives Utsugi dont vous êtes la dernière recrue et il vous revient de mettre le fin mot à cette histoire et d’empêcher d’autres homicides d’arriver. Cette chasse à l’homme va prendre une ampleur insoupçonnée et impliquer une ribambelle de personnages gravitant autour du protagoniste et de la victime, le tout dans une ambiance macabre et particulièrement pesante. C’est cet aspect, hérité des premiers jeux et poussé davantage dans ce nouveau titre, qui fonctionne le mieux et qui donne à chaque indice découvert, chaque retournement de situation et chaque apparition de personnage une importance particulière dans la quête de l’identité du mystérieux personnage d’Emio. Sourire d'enfer
Même si le jeu est à la première personne, on joue bien un personnage avec sa propre personnalité
L’exercice est pleinement réussi dans cet épisode, mieux encore que dans les jeux précédents. L’intrigue se veut ancrée dans la réalité et donne un côté très humain aux personnages, rendant leur histoire et leur passé souvent fort tragique. Il est difficile de caractériser ce qui rend le récit si prenant sans le divulgâcher et nous nous contenterons alors de ces quelques lignes : si le déroulé peut sembler simple de prime abord, la tournure que prennent les évènements et l’apothéose de l’enquête devraient laisser sans voix même les plus impassibles des lecteurs. On vous recommande chaudement de ne pas quitter l’écran des yeux jusqu’au bout et de ne pas penser le moindre détail comme anodin, il risquerait fort de revenir vous hanter quelques heures plus tard. Il s’agit de loin du jeu le plus sombre et percutant que Nintendo a pu développer dans sa longue existence, ce qui justifierait à lui seul de laisser sa chance à Emio - L’homme au sourire - Famicom Detective Club. Les illustrations du jeu sont de toute beauté
Il reste toutefois un jeu très old-school ce qui nous laisse parfois ambivalents quant à la façon de progresser. La présentation est à nouveau particulièrement soignée, comme c’était déjà le cas des deux remakes, avec des modèles 3D détaillés pour les personnages, des animations minimalistes du plus bel effet et des passages cinématiques pour les moments clés. Le gameplay en lui-même, toutefois, est resté quasiment identique à ce qui se faisait déjà sur Famicom lors des débuts de la franchise, ce qui risque d’en rebuter plus d’un. On apprécie d’un côté le côté vintage de l’approche, ce qui contribue à donner un charme encore plus unique à une telle sortie à l’ère des jeux plus homogènes les uns que les autres, mais les frustrations inhérentes à ce genre de système persistent ici aussi. Malgré quelques efforts, comme le fait de mettre en couleur les mots-clés importants pour interroger ensuite ses interlocuteurs, on se retrouve souvent à devoir essayer toutes les options possibles sur chaque personnage lorsque l’intrigue n’avance pas naturellement. Il est rare d’être bloqué plus longtemps que quelques minutes, mais ces moments suffisent parfois à nous sortir de l’ambiance et de l’expérience. Si la série venait à continuer, ce serait sans nul doute le point à améliorer sans pour autant dénaturer la volonté franche de faire un produit néo-rétro dans ce style.Conclusion
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Emio - L’homme au sourire - Famicom Detective Club est aussi difficile à décrire que facile à recommander. Si vous avez un tant soit peu le goût du polar, des récits à suspens ou des jeux d’enquête typique des années 80, il est évidemment un indispensable. Son emballage d’époque fait qu’il risque d’être peu accessible à ceux qui se frustreraient d’être trop souvent bloqués et de devoir répéter les mêmes actions, tandis que d’autres défendraient cela comme faisant partie du charme vintage. Il est néanmoins sans aucun doute le meilleur épisode de la franchise jusqu’à présent, en espérant qu’il ne nous faille pas attendre trente ans de plus pour le prochain.
Bons points Famicom Detective Club plus sombre et pesant que jamais Intrigue bien ficelée du début à la fin Visuellement toujours aussi réussi La fin, renversante et trépidante Entièrement en français cette fois-ci ! |
Mauvais points Toujours ces mécaniques de progression frustrantes Prend son temps avant de démarrer |
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