Bons Baisers de Russie 007 - Test
Rédigé par Aronaar
Jeu 19 Sep 2024
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Tana-na, tana-na, tana-na-na-naaa ! Pour ceux qui n'auraient pas reconnu, ce sont les notes musicales d'introduction de la série des James Bond (je ne me suis pas amélioré en onomatopées).
Prenant le pli avec Nightfire (et avant cela, le médiocre Agent Under Fire), EA avait sorti l'année d'avant un Quitte ou Double de bonne facture. Puis il se sont dit « Pourquoi ne pas produire maintenant une adaptation d'un des vieux James Bond ? On risquerait moins de faire un four, non ? »
Une fléchette a été lancée, Bons baisers de Russie a été choisi. Du moins j'aime à me convaincre qu'un procédé similaire a été utilisé. L'idée est bonne (un Bond vintage, pas le lancer de fléchettes), sa mise en œuvre est-elle également une réussite ?
Pas vraiment. Mettez votre plus beau smoking afin de comprendre pourquoi...
Ou restez dans la même tenue, ce je ne vaut pas réellement l'effort vestimentaire.
Les périls de l'adaptation
Pourtant, à l’instar de Nightfire, tout commençait comme d'habitude, par une mission n'ayant rien à voir avec le reste du film. Enfin, du jeu, mais vous me comprenez. On retrouve l'ami Bond en costume à une soirée de l'Ambassadeur (littéralement), quand, patatrac, la fille du premier ministre se fait enlever sous leurs yeux. Pas de problèmes, Bond ne sort jamais sans son PP7, et il part défenestrer du méchant cagoulé à la douzaine. Si le premier ministre avait eu un fils à la place, il aurait été certainement moins enthousiaste, on le connaît, le gaillard.
Après avoir fait du tir au pigeon sur les bonhommes pas très réactifs au milieu d'invités passablement paniqués, Bond nettoie le bâtiment de toute présence cagoulée, en profitant même pour faire de la plate-forme sur des lustres, pourquoi pas, il faut bien se maintenir en forme.
Après avoir demandé à une employée son chemin de façon fort peu aimable, Bond arrive sur le toit du bâtiment, décoche une mandale bien sentie à un méchant quidam qui s'apprêtait à s'enfuir en Jetpack.
Parce qu'évidemment, c'est bien logique d'avoir trimballé un tel engin jusqu'au toit pour pouvoir se faire la malle avec.
Ou bien l'avoir déposé en hélico, sans utiliser ledit hélico pour évacuer. Déjà que ça commençait bien, sortez les cacahuètes et l'alcool de votre choix, ami Lecteur. Car le niveau se conclue sur un duel : Bond Jetpack versus Hélicoptère Anonyme, volant tous deux autour de Big Ben.
D'ailleurs il suffit de tourner à contre-sens pour canarder tranquillement l'hélico, dont le pilote n'est pas très malin. Heureusement, votre Jetpack est équipé d'une mitrailleuse (infinie) et d'un lance-missile (infini). Alors oui les James Bond, c'est du grand spectacle. Mais les films de cette époque, c'était quand même plus soft et ajouter à cela le fait que le Jetpack peut se mouvoir dans toutes les directions, c'est du plus haut ridicule. La seule fois où le Jetpack a été utilisé dans un Bond vintage, c'était de manière autrement plus vraisemblable, un simple grand bond en avant !
Heureusement bis, faire sauter l'hélico ne blesse en rien la péronnelle, Bond la saisit juste avant que le transport aérien n'explose, avant de révéler son nom à la blonde envoûtée, dans la plus grande tradition bondienne.
Mettons un peu de côté le Jetpack magique, et passe encore. Par contre, cette première mission vite expédiée donne le ton pour tout le jeu : médiocres doublages, bourrinage intensif, brièveté, situations douteuses et hauts moments de stupidité...
Oubliez encore plus la subtilité qu'avec Nightfire : il sera plus payant de mitrailler vos ennemis à tout-va. Il y a bien deux missions d'infiltration, mais l'une n'a aucun lien avec le reste de l'histoire en quelque sorte, car ce n'est pas Bond que vous allez incarner...
Même si elle est en quelque sorte encore fidèle au film (Red Grant étranglant un faux Bond pour s'entraîner), il faudra m'expliquer pourquoi on garde les points de recherche glanés dans cette mission. Ce n'est pas parce que le pitch d'un James Bond est simple qu'il ne doit pas chercher à être un minima cohérent.
Et besoin de l'adaptation oblige, EA a réinterprété certains passages et les « scènes » rajoutées pour justifier d'autres missions sont pour le moins faiblardes.
Une aventure improbable
Alors oui, la ligne directrice du film est conservée : Bond doit aller récupérer le Lektor russe, un bidule que tous les services secrets du monde libre veulent, car il doit permettre de décrypter certaines transmissions, quelque chose du genre. Je vous avoue qu'on n'y pense pas trop durant le jeu et ça fait un moment que je n'ai pas revu le film.
Des tribulations qui vous occuperont pendant 16 niveaux, dans lesquels on aura bien du mal à se sentir dedans, tellement c'est de l'action pure, bête et méchante et des plus décousues. Quelques exemples d'absurdité pour votre bonheur.
Le passage sous terre. Quel plaisir ! Figurez-vous que le canal en question est évidemment rempli de bateaux ennemis et de Jetpack tout aussi ennemis. Heureusement que vous avez le vôtre. Comme les méchants ont pensé à vous, à intervalles réguliers, vous pourrez d'ailleurs vous poser pour prendre un nouveau Jetpack ! Et quel est donc l'intérêt de cette séquence surréaliste de shooting insérée artificiellement ? Rallonger la sauce, uniquement.
Vous retrouverez encore l'ami Jetpack dans une usine que vous devrez faire sauter (usine qui contient aussi des robots tueurs, au passage. Je rappelle que nous sommes dans les années 60...).
Le niveau Istanbul 3 est également merveilleux. En possession du Lektor, il faut partir de là. Objectif de la mission : détruire 30 voitures russes, vous obligeant à tourner en rond jusqu’à avoir envoyé à la casse toute la flotte automobile russe locale, je suppose.
En précisant que la conduite n'est pas au top, et que votre voiture prend des dommages rapidement. Heureusement, vous aurez accès à un garage ensorcelé, qui, en l'espace de cinq secondes, réparera entièrement votre véhicule ! Norauto peut aller se rhabiller.
Je passe sur l'avant dernier-niveau, où le summum de l'action se cristallise avec Tania (la Bond Girl du film) qui fait des tours et détours inutiles avec le hors-bord, sachant que la fin du niveau consiste à descendre un navire de guerre. A ce stade, vous me direz, il serait bien vain de vouloir suspendre son incrédulité…
Le dernier niveau est juste sublime. En fait, l'aventure est terminée dans son « histoire », mais EA se disait que ça manquait de peps, et puis il y avait Bob qui avait tellement envie de designer un niveau contenant un silo de missile nucléaire. Très bonne coïncidence, car M vous annonce qu'Octopus n'est pas content que vous ayez fait capoter tous leurs plans (et au passage Octopus n'a jamais été l'organisation antagoniste du film, c'est le SPECTRE) alors ils menacent d'envoyer une tête nucléaire sur Londres parce qu'ils sont méchamment frustrés.
Comme, par bonne fortune, leur base secrète ne l'est pas tellement, on choisit évidemment d'envoyer Bond tout seul pour cette mission plutôt qu’un commando d’élite, logique. Autant vous dire que cette mission finale est un best-of des ennemis, du ridicule et du laborieux. A la toute fin on a l'impression d'affronter Robotnik dans une de ses machines bizarres.
Pourquoi ? Car Red Grant avait survécu aux douze chargeurs vidés dans son corps (ainsi qu’au train lui étant passé dessus) et se trouve aux commandes de la machine octopus, placée ici tellement uniquement pour ce boss fight que c'en est ridicule.
Par chance, vous bénéficiez d'un couvert indestructible, ce qui rend la chose très épique : tirer, se cacher, tirer, se cacher, jusqu'à ce que tous les bras de l'odieuse machine soient détruits. Dans le genre, autant retourner dézinguer l'embryon de Moissonneur dans Mass Effect 2.
Finalement, je préfère encore trucider Drake dans l'espace avec un canon laser portable…
Dangereusement vôtre
Je grogne, me direz-vous avec raison, mais peut-être que le gameplay vaut quelque chose ? De ce côté, c'est potable. Trop potable, en fait, car vous bénéficiez d'un système de visée assistée (l'utiliser vous confère des points spéciaux) c’est donc un jeu d'enfant de dessouder les méchants d'Octopus, ou des russes (méchants aussi), ou même des méchants russes d'Octopus : là, c'est l'extase absolue.
Un truc sympathique, autre que de viser le cœur, est de faire exploser les grenades de cette manière, pour créer des moments conviviaux. La visée assistée reste impérative pour les malabars russes bâtis sur le modèle de Zangief, perpétuellement vêtus d'une armure pare-balles.
Autrement, mitraillez dans le tas, et ça marchera très bien...
Sachez que vous pouvez également combattre au corps et à corps, ce qui rapporte également des points bonus. Pas de vrai combo cependant et les occasions utiles de s'en servir ne sont pas si fréquentes (bien que satisfaisant). Côté arsenal, ce n'est pas très fourni, mais suffisant : PP7, Magnum, mitraillette, fusils (pompe, assaut, sniper, anti-blindage), pistolet à fléchettes étourdissantes, et même un glorieux bazooka (tout dans la finesse, vous disais-je).
Toutes vos armes ont des munitions spéciales, plus efficaces mais plus difficiles à trouver.
Un Bond n'en serait pas un sans ses gadgets. Vous retrouverez donc la montre laser (version années 60), le lance-grappin dont l'utilisation n'est pas aussi utile que dans Quitte ou Double, des boutons de manchette assourdissants (bien inutiles : tirer dans le buffet aura meilleur effet, vu que vous pouvez oublier la furtivité dans ce jeu), Q-coptère...
Celui-ci sera peu souvent utilisé. Une fois, il vous permettra de faire exploser une chaise bloquant une porte (bien entendu, c'était la solution la plus évidente et pratique !).
« Ce n'est pas un peu excessif, garçon ? » comme demanderait un certain nain.
Bons baisers de Russie a tout de même une originalité : vous trouverez des schémas et des mallettes piégées (à désamorcer avec un mini-jeu à la pertinence discutable) qui vous rapporteront des points de recherche, lesquels peuvent être utilisés pour améliorer votre armement (puissance de feu, contenance en munitions...), vos gadgets (utilité marginale), votre blindage.
Pour les joueurs qui comme moi ne sont pas de pros de la gâchette, ce dernier point est agréable. Même s'il est bourrin, je n'ai pas trouvé le jeu si facile par moments.
Cela vous donnera donc un intérêt pour fouiller les niveaux, il doit y avoir de sacrées restrictions budgétaires au labo de Q. En faisant d'assez hauts scores sur les missions, vous pourrez en débloquer trois bonus. N'en ayant fait qu'une, je ne peux spéculer sur leur intérêt général.
Enfin, notez que trouver des blindages régénèrent directement votre vie au lieu de vous offrir une protection.
Bond doit les absorber avec des nanomachines ou les greffer sur la peau, je ne sais pas. Mais, les détails...
Jamais plus Jamais
Une campagne moyenne, on peut s'en remettre, si le multijoueur assure derrière. Quitte ou Double, en plus d'avoir un mode solo de grande qualité, avait un multi pathétique, une campagne coop peu inventive mais assurant sa fonction. Nightfire avait un multi excellent. Je ne sais pas ce qui se passe avec les têtes pensantes d'EA : dans Bons baisers de Russie, non seulement le mode solo n'est pas reluisant mais le multi est encore pire.
Pour une raison majeure : toujours pas de bots, rien d'extravagant dans les modes de jeu.
L'arsenal limité, s'il convient en solo, fait sentir ses restrictions en multi. Alors certes, vous aurez un mode quand même original avec les affrontements en Jetpack, mais cela devient vite lassant, d'autant plus avec la visée très assistée également présente ici. Certes, vous pouvez faire mumuse (en deatmatch classique) avec les pièges des arènes, vous pouvez vous cogner au corps à corps, mais c'est vite vu.
Et si vous avez une option « partie royale », jeu qui se déroule en plusieurs manches, avec la possibilité d'améliorer ses armes et blindage entre les manches, cela reste bien léger, même si vous réussissez à convaincre trois connaissances de s'assembler près de votre Gamecube ou Wii pour jouer à Bons baisers de Russie...
Un jeu décidément mauvais cru, d'autant plus avec un Quitte ou Double qui avait fait oublier les errances passées. Si le titre conserve une partie de la maniabilité de Quitte ou Double (notamment avec la possibilité de se mettre à couvert), il faut vraiment insister sur l'absence de toute finesse : c'est l'abattoir en chaîne. D'ailleurs, autant préciser que l'IA n'est pas flamboyante, et se fera canarder sans soucis...
Lorsqu'on sent qu'il n'y a pas assez de matière pour faire une adaptation correcte, il ne faut pas se forcer, messieurs d'EA. Les transformations et rajouts sont compréhensibles mais un peu comme pour Mission Impossible (oui, je sais, je suis cruel), c'est fichtrement mal fait. L'affrontement Bond/Red Grant du film qui se transforme en boss fight où il faut obligatoirement lui tirer à plusieurs reprises dans des parties précises du corps pour le faire se mettre à genoux, puis recommencer la séquence jusqu'à ce qu'il meure (écrasé par un train, sauf que son corps disparaît mystérieusement) est une expérience… Particulière.
D'autant plus avec son retour dans un dernier niveau d'une artificialité rarement égalée (tient, un peu comme Mission Impossible à nouveau) avec une perle de dialogue comme « Vous auriez dû vérifier que j'étais bien mort, Bond. »
Passé sous un train avec plus de plomb que d'os dans le corps, tu m'excuseras, il faut être Higlander à ce niveau-là... Et encore, à condition que la tête ne se fasse pas trancher ou écraser par une roue. Bon, arrêtons le gore ici.
Certaines scènes sont respectées dans une tentative de recréation du film (pour exemple, le combat entre les femmes gitanes), mais globalement et passez-moi le langage châtié, ça reste un beau foutoir auquel on a greffé maladroitement des séquences improbables.
Alors, qu'est-ce qui le sauve d'aller en dessous de la moyenne, demanderez-vous ? Le simple fait que les situations sont si souvent absurdes, les réactions délirantes et le Jetpack en lui-même, qu'il est facile de rire à gorge déployée.
Mieux vaut en rire, en voyant à quel point la valeur vintage est mal exploitée, le soft insérant du clinquant moderne alors que ça ne correspond pas à l'esprit des anciens James Bond... Nageant alors entre deux eaux, ni vraiment totalement fidèle à l’original ni une modernisation assumée.
Le jeu devant être maintenant aussi cher qu'un ticket de cinéma, les amateurs pourront se régaler avec un nanar interactif.
Iron Man peut aller se rhabiller.
Les périls de l'adaptation
Pourtant, à l’instar de Nightfire, tout commençait comme d'habitude, par une mission n'ayant rien à voir avec le reste du film. Enfin, du jeu, mais vous me comprenez. On retrouve l'ami Bond en costume à une soirée de l'Ambassadeur (littéralement), quand, patatrac, la fille du premier ministre se fait enlever sous leurs yeux. Pas de problèmes, Bond ne sort jamais sans son PP7, et il part défenestrer du méchant cagoulé à la douzaine. Si le premier ministre avait eu un fils à la place, il aurait été certainement moins enthousiaste, on le connaît, le gaillard.
Après avoir fait du tir au pigeon sur les bonhommes pas très réactifs au milieu d'invités passablement paniqués, Bond nettoie le bâtiment de toute présence cagoulée, en profitant même pour faire de la plate-forme sur des lustres, pourquoi pas, il faut bien se maintenir en forme.
Après avoir demandé à une employée son chemin de façon fort peu aimable, Bond arrive sur le toit du bâtiment, décoche une mandale bien sentie à un méchant quidam qui s'apprêtait à s'enfuir en Jetpack.
Parce qu'évidemment, c'est bien logique d'avoir trimballé un tel engin jusqu'au toit pour pouvoir se faire la malle avec.
Ou bien l'avoir déposé en hélico, sans utiliser ledit hélico pour évacuer. Déjà que ça commençait bien, sortez les cacahuètes et l'alcool de votre choix, ami Lecteur. Car le niveau se conclue sur un duel : Bond Jetpack versus Hélicoptère Anonyme, volant tous deux autour de Big Ben.
D'ailleurs il suffit de tourner à contre-sens pour canarder tranquillement l'hélico, dont le pilote n'est pas très malin. Heureusement, votre Jetpack est équipé d'une mitrailleuse (infinie) et d'un lance-missile (infini). Alors oui les James Bond, c'est du grand spectacle. Mais les films de cette époque, c'était quand même plus soft et ajouter à cela le fait que le Jetpack peut se mouvoir dans toutes les directions, c'est du plus haut ridicule. La seule fois où le Jetpack a été utilisé dans un Bond vintage, c'était de manière autrement plus vraisemblable, un simple grand bond en avant !
Heureusement bis, faire sauter l'hélico ne blesse en rien la péronnelle, Bond la saisit juste avant que le transport aérien n'explose, avant de révéler son nom à la blonde envoûtée, dans la plus grande tradition bondienne.
Mettons un peu de côté le Jetpack magique, et passe encore. Par contre, cette première mission vite expédiée donne le ton pour tout le jeu : médiocres doublages, bourrinage intensif, brièveté, situations douteuses et hauts moments de stupidité...
Oubliez encore plus la subtilité qu'avec Nightfire : il sera plus payant de mitrailler vos ennemis à tout-va. Il y a bien deux missions d'infiltration, mais l'une n'a aucun lien avec le reste de l'histoire en quelque sorte, car ce n'est pas Bond que vous allez incarner...
Même si elle est en quelque sorte encore fidèle au film (Red Grant étranglant un faux Bond pour s'entraîner), il faudra m'expliquer pourquoi on garde les points de recherche glanés dans cette mission. Ce n'est pas parce que le pitch d'un James Bond est simple qu'il ne doit pas chercher à être un minima cohérent.
Et besoin de l'adaptation oblige, EA a réinterprété certains passages et les « scènes » rajoutées pour justifier d'autres missions sont pour le moins faiblardes.
Les séquences en véhicule tourneront facilement au misérable.
Une aventure improbable
Alors oui, la ligne directrice du film est conservée : Bond doit aller récupérer le Lektor russe, un bidule que tous les services secrets du monde libre veulent, car il doit permettre de décrypter certaines transmissions, quelque chose du genre. Je vous avoue qu'on n'y pense pas trop durant le jeu et ça fait un moment que je n'ai pas revu le film.
Des tribulations qui vous occuperont pendant 16 niveaux, dans lesquels on aura bien du mal à se sentir dedans, tellement c'est de l'action pure, bête et méchante et des plus décousues. Quelques exemples d'absurdité pour votre bonheur.
Le passage sous terre. Quel plaisir ! Figurez-vous que le canal en question est évidemment rempli de bateaux ennemis et de Jetpack tout aussi ennemis. Heureusement que vous avez le vôtre. Comme les méchants ont pensé à vous, à intervalles réguliers, vous pourrez d'ailleurs vous poser pour prendre un nouveau Jetpack ! Et quel est donc l'intérêt de cette séquence surréaliste de shooting insérée artificiellement ? Rallonger la sauce, uniquement.
Vous retrouverez encore l'ami Jetpack dans une usine que vous devrez faire sauter (usine qui contient aussi des robots tueurs, au passage. Je rappelle que nous sommes dans les années 60...).
Le niveau Istanbul 3 est également merveilleux. En possession du Lektor, il faut partir de là. Objectif de la mission : détruire 30 voitures russes, vous obligeant à tourner en rond jusqu’à avoir envoyé à la casse toute la flotte automobile russe locale, je suppose.
En précisant que la conduite n'est pas au top, et que votre voiture prend des dommages rapidement. Heureusement, vous aurez accès à un garage ensorcelé, qui, en l'espace de cinq secondes, réparera entièrement votre véhicule ! Norauto peut aller se rhabiller.
Je passe sur l'avant dernier-niveau, où le summum de l'action se cristallise avec Tania (la Bond Girl du film) qui fait des tours et détours inutiles avec le hors-bord, sachant que la fin du niveau consiste à descendre un navire de guerre. A ce stade, vous me direz, il serait bien vain de vouloir suspendre son incrédulité…
Le dernier niveau est juste sublime. En fait, l'aventure est terminée dans son « histoire », mais EA se disait que ça manquait de peps, et puis il y avait Bob qui avait tellement envie de designer un niveau contenant un silo de missile nucléaire. Très bonne coïncidence, car M vous annonce qu'Octopus n'est pas content que vous ayez fait capoter tous leurs plans (et au passage Octopus n'a jamais été l'organisation antagoniste du film, c'est le SPECTRE) alors ils menacent d'envoyer une tête nucléaire sur Londres parce qu'ils sont méchamment frustrés.
Comme, par bonne fortune, leur base secrète ne l'est pas tellement, on choisit évidemment d'envoyer Bond tout seul pour cette mission plutôt qu’un commando d’élite, logique. Autant vous dire que cette mission finale est un best-of des ennemis, du ridicule et du laborieux. A la toute fin on a l'impression d'affronter Robotnik dans une de ses machines bizarres.
Pourquoi ? Car Red Grant avait survécu aux douze chargeurs vidés dans son corps (ainsi qu’au train lui étant passé dessus) et se trouve aux commandes de la machine octopus, placée ici tellement uniquement pour ce boss fight que c'en est ridicule.
Par chance, vous bénéficiez d'un couvert indestructible, ce qui rend la chose très épique : tirer, se cacher, tirer, se cacher, jusqu'à ce que tous les bras de l'odieuse machine soient détruits. Dans le genre, autant retourner dézinguer l'embryon de Moissonneur dans Mass Effect 2.
Finalement, je préfère encore trucider Drake dans l'espace avec un canon laser portable…
Une claquette bavaroise, et tout va mieux. Message non approuvé par l’association internationale des dentistes.
Dangereusement vôtre
Je grogne, me direz-vous avec raison, mais peut-être que le gameplay vaut quelque chose ? De ce côté, c'est potable. Trop potable, en fait, car vous bénéficiez d'un système de visée assistée (l'utiliser vous confère des points spéciaux) c’est donc un jeu d'enfant de dessouder les méchants d'Octopus, ou des russes (méchants aussi), ou même des méchants russes d'Octopus : là, c'est l'extase absolue.
Un truc sympathique, autre que de viser le cœur, est de faire exploser les grenades de cette manière, pour créer des moments conviviaux. La visée assistée reste impérative pour les malabars russes bâtis sur le modèle de Zangief, perpétuellement vêtus d'une armure pare-balles.
Autrement, mitraillez dans le tas, et ça marchera très bien...
Sachez que vous pouvez également combattre au corps et à corps, ce qui rapporte également des points bonus. Pas de vrai combo cependant et les occasions utiles de s'en servir ne sont pas si fréquentes (bien que satisfaisant). Côté arsenal, ce n'est pas très fourni, mais suffisant : PP7, Magnum, mitraillette, fusils (pompe, assaut, sniper, anti-blindage), pistolet à fléchettes étourdissantes, et même un glorieux bazooka (tout dans la finesse, vous disais-je).
Toutes vos armes ont des munitions spéciales, plus efficaces mais plus difficiles à trouver.
Un Bond n'en serait pas un sans ses gadgets. Vous retrouverez donc la montre laser (version années 60), le lance-grappin dont l'utilisation n'est pas aussi utile que dans Quitte ou Double, des boutons de manchette assourdissants (bien inutiles : tirer dans le buffet aura meilleur effet, vu que vous pouvez oublier la furtivité dans ce jeu), Q-coptère...
Celui-ci sera peu souvent utilisé. Une fois, il vous permettra de faire exploser une chaise bloquant une porte (bien entendu, c'était la solution la plus évidente et pratique !).
« Ce n'est pas un peu excessif, garçon ? » comme demanderait un certain nain.
Bons baisers de Russie a tout de même une originalité : vous trouverez des schémas et des mallettes piégées (à désamorcer avec un mini-jeu à la pertinence discutable) qui vous rapporteront des points de recherche, lesquels peuvent être utilisés pour améliorer votre armement (puissance de feu, contenance en munitions...), vos gadgets (utilité marginale), votre blindage.
Pour les joueurs qui comme moi ne sont pas de pros de la gâchette, ce dernier point est agréable. Même s'il est bourrin, je n'ai pas trouvé le jeu si facile par moments.
Cela vous donnera donc un intérêt pour fouiller les niveaux, il doit y avoir de sacrées restrictions budgétaires au labo de Q. En faisant d'assez hauts scores sur les missions, vous pourrez en débloquer trois bonus. N'en ayant fait qu'une, je ne peux spéculer sur leur intérêt général.
Enfin, notez que trouver des blindages régénèrent directement votre vie au lieu de vous offrir une protection.
Bond doit les absorber avec des nanomachines ou les greffer sur la peau, je ne sais pas. Mais, les détails...
Même avec trois amis, ce n'est pas le fun qui va vous étouffer.
Jamais plus Jamais
Une campagne moyenne, on peut s'en remettre, si le multijoueur assure derrière. Quitte ou Double, en plus d'avoir un mode solo de grande qualité, avait un multi pathétique, une campagne coop peu inventive mais assurant sa fonction. Nightfire avait un multi excellent. Je ne sais pas ce qui se passe avec les têtes pensantes d'EA : dans Bons baisers de Russie, non seulement le mode solo n'est pas reluisant mais le multi est encore pire.
Pour une raison majeure : toujours pas de bots, rien d'extravagant dans les modes de jeu.
L'arsenal limité, s'il convient en solo, fait sentir ses restrictions en multi. Alors certes, vous aurez un mode quand même original avec les affrontements en Jetpack, mais cela devient vite lassant, d'autant plus avec la visée très assistée également présente ici. Certes, vous pouvez faire mumuse (en deatmatch classique) avec les pièges des arènes, vous pouvez vous cogner au corps à corps, mais c'est vite vu.
Et si vous avez une option « partie royale », jeu qui se déroule en plusieurs manches, avec la possibilité d'améliorer ses armes et blindage entre les manches, cela reste bien léger, même si vous réussissez à convaincre trois connaissances de s'assembler près de votre Gamecube ou Wii pour jouer à Bons baisers de Russie...
Un jeu décidément mauvais cru, d'autant plus avec un Quitte ou Double qui avait fait oublier les errances passées. Si le titre conserve une partie de la maniabilité de Quitte ou Double (notamment avec la possibilité de se mettre à couvert), il faut vraiment insister sur l'absence de toute finesse : c'est l'abattoir en chaîne. D'ailleurs, autant préciser que l'IA n'est pas flamboyante, et se fera canarder sans soucis...
Lorsqu'on sent qu'il n'y a pas assez de matière pour faire une adaptation correcte, il ne faut pas se forcer, messieurs d'EA. Les transformations et rajouts sont compréhensibles mais un peu comme pour Mission Impossible (oui, je sais, je suis cruel), c'est fichtrement mal fait. L'affrontement Bond/Red Grant du film qui se transforme en boss fight où il faut obligatoirement lui tirer à plusieurs reprises dans des parties précises du corps pour le faire se mettre à genoux, puis recommencer la séquence jusqu'à ce qu'il meure (écrasé par un train, sauf que son corps disparaît mystérieusement) est une expérience… Particulière.
D'autant plus avec son retour dans un dernier niveau d'une artificialité rarement égalée (tient, un peu comme Mission Impossible à nouveau) avec une perle de dialogue comme « Vous auriez dû vérifier que j'étais bien mort, Bond. »
Passé sous un train avec plus de plomb que d'os dans le corps, tu m'excuseras, il faut être Higlander à ce niveau-là... Et encore, à condition que la tête ne se fasse pas trancher ou écraser par une roue. Bon, arrêtons le gore ici.
Certaines scènes sont respectées dans une tentative de recréation du film (pour exemple, le combat entre les femmes gitanes), mais globalement et passez-moi le langage châtié, ça reste un beau foutoir auquel on a greffé maladroitement des séquences improbables.
Alors, qu'est-ce qui le sauve d'aller en dessous de la moyenne, demanderez-vous ? Le simple fait que les situations sont si souvent absurdes, les réactions délirantes et le Jetpack en lui-même, qu'il est facile de rire à gorge déployée.
Mieux vaut en rire, en voyant à quel point la valeur vintage est mal exploitée, le soft insérant du clinquant moderne alors que ça ne correspond pas à l'esprit des anciens James Bond... Nageant alors entre deux eaux, ni vraiment totalement fidèle à l’original ni une modernisation assumée.
Le jeu devant être maintenant aussi cher qu'un ticket de cinéma, les amateurs pourront se régaler avec un nanar interactif.
Conclusion
1120
Partant d'une bonne idée, la réalisation de Bons baisers de Russie ne respecte ni le caractère vintage du film dont il est tiré, ni l'esprit des James Bond en général, tellement le jeu verse dans la surenchère de mise en scène improbable.
Court, bourrin, doté d'une visée trop assistée, le titre se boucle très rapidement, et ce n'est pas le multi qui va vous donner envie de vous y attarder. Quant à la rejouabilité, cela dépendra vraiment de vous...
Une mauvaise surprise lorsqu'on sait que peu longtemps auparavant, ils avaient signé un bon jeu avec Quitte ou Double. Si les détails évoqués ne parviennent pas à vous arracher un sourire, vous pouvez même considérer le jeu comme ne valant pas la moyenne.
FIN de Bons Baisers de Russie
Bons points - Les points de recherche, motivant à l’exploration et donnant un sentiment de montée en puissance - Tellement surréaliste et peu convaincant qu’on finit par s’en amuser - Un cadre historique qui change un peu - Sean Connery reprenant son rôle |
Mauvais points - Un titre qui ne parvient pas réellement à capturer l’esprit des Bonds vintages - Excessivement rentre-dedans - Vraisemblance aux orties - Niveau final artificiel - Séquences en véhicules moyennement entraînantes, si ce n’est ridicules - Multi rapide expédié |
2925 posts
Pour ce jeu, j'ai joué un peu chez des amis à l'époque de sa sortie. Il y avait la bonne idée d'adapter ce James Bond là qui change des modernes. Mais entre ce qui se passe dans le film et ce qui adapte c'est toujours d'une complexité. Il y a parfois des surprises mais pas pour celui-ci comme la majorité des adaptations des films en jeux vidéo.
1129 posts
38 posts
C'est à mon sens une meilleure idée, quitte à payer pour utiliser une propriété intellectuelle fermement établie, que de produire une histoire originale- Quitte ou Double, par exemple, était de bien meilleure qualité, que ce soit la mise en scène, l'intrigue, les doublages et le gameplay- un peu près tout en fait !