Emio - L'Homme au sourire : Famicom Detective Club - Test
Rédigé par Aronaar
Dim 8 Sep 2024
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Il y a des licences en dormance durant des lustres, laissant des fans sur leur faim (comme Advance Wars) et d’autres qui ressurgissent sans qu’on s’y attende vraiment, à l’instar de Famicom Detective Club.
Série née à la fin des années 80 sur la Famicom Disk System (non pas la NES japonaise classique, mais celle avec un système permettant de lire des disquettes) elle n’a pu être largement diffusée en-dehors du Japon qu’en 2021, avec un remaster des deux premiers épisodes sur Switch.
Emio serait d’ailleurs né surtout suite à un déclic de son créateur, ravi de la façon dont ses personnages étaient animés sur Switch, notamment avec les sourires !
Et si l’idée d’un tueur qui affuble ses victimes d’un sac en papier avec un sourire enfantin dessiné dessus est intriguant, encore faut-il l’associer à un visual novel qui tienne la route.
Pari réussi pour cet épisode inédit ? Pour le savoir, munissez-vous d’un calepin vierge, enfilez vos meilleures chaussures de randonnée et enquêtons ensemble, ami Lecteur !
Je peux te donner un sourire pour l’éternité
Japon, époque contemporaine. Un lycéen est retrouvé sans vie à une station de pompage désertée, le cou présentant des signes évidents de strangulation.
Un témoin anonyme a prévenu la police et vous, jeune détective de 19 ans travaillant à l’agence Utsugi, vous rendez sur les lieux en compagnie de votre employeur, l’éponyme Mr Utsugi.
Celui-ci a été mandé par l’inspecteur Kamada, qui le connaît depuis longtemps, pour l’épauler sur cette affaire : le jeune homme, nommé Eisuke, a en effet été retrouvé la tête dans un sac en papier orné d’un visage souriant, ce qui n’est pas sans rappeler une affaire vieille de 18 ans : trois jeunes femmes étranglées également, retrouvées avec le même genre de sac.
L’Homme au sourire, comme on appelait le tueur de l’époque - jamais appréhendé, naturellement - serait-il de retour ? Et dans le cas contraire, quel serait le lien entre les deux affaires ?
Quelqu’un aurait-il été inspiré par la légende urbaine de l’Homme au Sourire, qui tue de cette manière des jeunes femmes en pleurs ?
Voilà des questions qui guideront vos efforts durant la douzaine de chapitres (plus un court prologue et un épilogue optionnel) qui composent cette visual novel, reprenant le trio principal des jeux précédents : Mr Utsugi, votre personnage et Ayumi, une jeune femme de votre âge (19 ans) aidant également à l’agence.
Un point à noter est que vous n’avez absolument pas besoin d’avoir joué aux titres précédents pour vous
sentir à l’aise dans ce nouvel épisode : il y aura bien quelques références (comme à une policière sans nom déjà rencontré par votre avatar) mais rien qui gêne la compréhension, sachant que le background du trio en question rentre peu en ligne de compte pour cette histoire - et conséquemment, il n’est guère exploré.
On tient là de solides prémices et une perspective qui peut être rafraîchissante : après tout, dans le genre « murder mystery », les adolescents enquêteurs ne sont guère la norme.
Un autre élément à noter est le sigle 18+ présent sur la jaquette : les titres pour joueurs avertis ne sont évidemment pas inconnus sur les plateformes de Nintendo, toutefois, pour un jeu développé directement par big N, cela reste peu banal !
Ne vous attendez pas à une avalanche de violence mais à quelques thèmes sensibles et matures.
Cela étant posé, ne vous attendez pas non plus à une aventure de longue haleine.
Vous pourrez fréquemment lire qu’une dizaine d’heures suffit à boucler Emio, ce qui fut tout à fait vrai en ce qui me concerne- même un peu moins car j’ai cette habitude (sacrilège pour certains, probablement) de ne pas écouter les doublages jusqu’au bout dans un type de jeu où la lecture est si importante, encore plus lorsqu’il s’agit d’une langue que je ne comprends pas (le jeu est uniquement doublé en japonais).
Naturellement, une durée de vie sans contexte ne signifie pas grand-chose : dix heures, cela peut être bien trop long pour des jeux qui n’ont pas grand-chose à raconter, par exemple.
Le rythme est une composante importante et pour comprendre en quoi cette dizaine d’heures aurait pu être mieux exploitée, causons donc un peu du gameplay !
Linearity Switch Club
Dans le petit monde des visual novels, les façons d’impliquer le joueur par le gameplay sont assez diverses.
Dans une série comme Hirugashi, le côté jeu est symbolique : vous ne faites qu’avancer les boites de texte, aucune décision, aucun embranchement narratif ne vous attend - à part le fait de cliquer et sauvegarder, l’expérience entre vivre le jeu ou regarder un Let’s Play peut paraître assez mince.
D’autres séries, à l’instar des Sakura, proposent des choix et des scènes alternatives (ou tout au moins une série de dialogues différents) en fonction de ceux-ci.
D’autres encore, pour citer la célèbre saga des Ace Attorney, incluent un système où l’histoire ne pourra pas se poursuivre sans participation active du joueur (autre que de simples clics) : examiner l’environnement, analyser les indices, interroger les témoins, trouver les contradictions, présenter les preuves idoines pour révéler les mensonges des témoins et suspects…
On peut également penser à des séries comme la trilogie des 999, où la part d’interactivité devient encore plus forte car vous devez résoudre de nombreux puzzles et énigmes.
Ce n’est évidemment qu’un petit échantillon pour remettre les choses en perspective, ami Lecteur.
Car Emio s’engage sur une voie qui pourra sembler étrange à certains : un jeu de détective où vos déductions, décisions et analyses n’auront strictement aucune importance pour la poursuite de l’enquête, ou le dénouement de celle-ci.
Si vous vous trompez ou choisissez une mauvaise option, vous vous ferez éventuellement rabrouer, avant que le script continue comme si de rien n’était !
Cela vaut autant en cours d’enquête que lorsque vous êtes obligé de faire le point à la fin de chaque chapitre, le jeu vous demandant parfois de taper en toute lettres la réponse, ou bien de sélectionner les éléments pertinents dans votre bloc-notes- une fonctionnalité qui aurait toute son importance pour recouper et vérifier les informations, sauf qu’aucune réflexion intense n’est requise de la part du joueur.
De fait, je n’ai repéré qu’une instance où avoir faux vous conduit à un game over, lorsque vous devez indiquer le vrai nom de la patronne d’un bar, nom indiqué sur un certificat d’hygiène placardé derrière elle.
Répondez juste (alors que le document n’est pas difficile à repérer…) et elle vous considère comme un grand détective, vous permettant de l’interroger sur un évènement crucial lié à votre enquête !
Le problème est donc que le gameplay dans Emio n’est qu’un habillage illusoire et parfois, franchement superflu.
Si vous êtes coutumier des Ace Attorney, il vous est probablement arrivé une ou plusieurs fois d’être coincé dans une phase d’investigation, vous demandant quel élément du décor vous avez pu louper ou quelle action vous avez négligé pour déclencher la prochaine étape du script.
Ici, vous êtes susceptible d’être étreint par ce sentiment… A chaque chapitre !
Sans pattern nécessairement logique, il vous faudra jongler entre les options dépeintes sur la première image de cette critique : appeler/aborder, interroger/écouter, inspecter/examiner, réfléchir.
Le jeu se montre régulièrement inutilement obtus en vous forçant à choisir plusieurs fois de suite la même option, alors que le dialogue aurait pu se dérouler d’une traite.
Même chose en devant sélectionner une autre action, lorsque le visage de votre interlocuteur se ferme, vous le voyez évidemment à l’écran, pourquoi diable faut-il examiner la personne pour s’en rendre compte et débloquer une option de dialogue ? Si le personnage réagissait de suite, cela serait d’autant plus fluide : devoir sempiternellement passer d’une commande à l’autre n’apporte tout simplement rien au gameplay ou à l’immersion.
On atteint même parfois des pics d’absurdité, comme lorsque vous savez que vous devez montrer un objet, mais que le faire ne fonctionne pas tant que vous n’avez pas utilisé l’option « réfléchir » auparavant…
Bref, Emio est perclus de micro-interruptions de ce genre, hachant le rythme et nuisant au déroulé naturel des dialogues, dans un jeu déjà parfaitement linéaire.
Bravo, vous avez résolu l’affaire !
Le problème s’accroit lorsque vous vous rendez compte que le jeu se montre plutôt poussif : les premières heures se passent sans révélation majeure ou grand rebondissement, au sein d’une histoire déjà plutôt brève, ce qui lui est préjudiciable.
On jongle entre incarner notre avatar ou Ayumi, tentant de récolter des informations à la bibliothèque ou au lycée auquel se rendait Eisuke, tandis que Mr Utsugi part de son côté creuser la légende urbaine de l’Homme au sourire : de fait, il ne vous apportera que peu de soutien durant vos propres efforts d’investigation.
Non pas que cela représente un grand problème, car au final ce n’est pas réellement l’ingéniosité des deux adolescents qui avance principalement l’enquête, mais des pistes fournies de manière externe, comme la patronne du bar précédemment mentionnée, que l’on rencontre grâce à l’un des inspecteurs assignés à l’affaire.
Après un tel tableau, ami Lecteur, vous vous dites peut-être que nous nous trouvons ici en présence d’une piteuse histoire - pas du tout ! Le thème reste intriguant et si l’on aurait pu souhaiter un rythme considérablement mieux mené, il y a bien un sens du mystère par rapport à ce meurtre qui, vous l’apprenez rapidement, présente à la fois des liens et des incohérences par rapport aux assassinats d’il y a 18 ans.
On appréciera l’alchimie entre les personnages, les contrastes entre les personnalités (l’enquêtrice principale revêche et stricte par exemple, par rapport à son coéquipier truculent et toujours prêt à blaguer) et des moments plus légers pour adoucir l’ambiance autour d’un crime atroce.
Il y a des fausses pistes - dont une dans laquelle votre avatar se jette joyeusement, ne réfléchissant même pas à ce qui pourrait le mobile de la personne qu’il suspecte - ainsi que des doutes et des révélations vous faisant voir l’affaire sous un jour nouveau.
Toutefois, il n’y a pas non plus une liste de suspects telle que cela devienne un casse-tête réellement passionnant et notre chère tête, on pourra parfois la gratter en se demandant pourquoi la police compte tellement sur deux détectives juniors, qui n’ont pas nécessairement accès à des moyens plus considérables afin de dénouer le mystère des meurtres du passé.
En ce sens, un reproche que j’adresserai au titre est que le dénouement n’est pas atteint après une laborieuse et méthodique quête vers la vérité, mais par un heureux hasard- littéralement en interrogeant la bonne personne en pleine rue.
Vous apprendrez alors où vous rendre, puis, fort commodément, tous les personnages requis seront présents au même moment pour le dernier acte !
On vous félicitera pour avoir résolu l’affaire, cependant, si vous n’aviez pas été présent, elle aurait été tout aussi solutionnée… Avec une fin probablement différente, entendons-nous bien.
Force m’est d’admettre que le twist final rattrape beaucoup de choses, je n’en dirai forcément pas plus à ce sujet. Quant à l’épilogue, on vous prévient qu’il est difficile à encaisser, pour autant, si vous désirez avoir le fin de mot de l’histoire, il me semble tout à fait impératif de le visionner, sinon vous allez passer à côté d’éléments essentiels pour comprendre l’intrigue, le jeu se finissant autrement de manière assez rapide.
Un dernier aspect, que j’aborde rarement dans mes critiques, pour la bonne raison que je teste plus rarement les jeux peu après leur sortie : celui du prix.
C’est un élément qui, fatalement, devient obsolète avec le temps : soldes, rabais, bundles, réductions de prix permanentes, la possibilité d’émuler ou même, idée fracassante, se faire prêter le jeu par quelqu’un.
Toutefois, lorsqu’on ne désire pas forcément attendre un an ou plus pour vivre ce jeu qui pourrait nous plaire, cela reste un critère.
Et 50€ pour un visual novel linéaire qui se termine en une petite dizaine d’heures, cela pourrait sembler un brin élevé : le budget pour un jeu de ce genre est naturellement beaucoup moins élevé que pour, au hasard, un jeu comme Breath of the Wild, qui fut proposé au même prix à son lancement.
Sur la même base graphique que les remaster, le jeu bénéficie d’une belle présentation.
Je peux te donner un sourire pour l’éternité
Japon, époque contemporaine. Un lycéen est retrouvé sans vie à une station de pompage désertée, le cou présentant des signes évidents de strangulation.
Un témoin anonyme a prévenu la police et vous, jeune détective de 19 ans travaillant à l’agence Utsugi, vous rendez sur les lieux en compagnie de votre employeur, l’éponyme Mr Utsugi.
Celui-ci a été mandé par l’inspecteur Kamada, qui le connaît depuis longtemps, pour l’épauler sur cette affaire : le jeune homme, nommé Eisuke, a en effet été retrouvé la tête dans un sac en papier orné d’un visage souriant, ce qui n’est pas sans rappeler une affaire vieille de 18 ans : trois jeunes femmes étranglées également, retrouvées avec le même genre de sac.
L’Homme au sourire, comme on appelait le tueur de l’époque - jamais appréhendé, naturellement - serait-il de retour ? Et dans le cas contraire, quel serait le lien entre les deux affaires ?
Quelqu’un aurait-il été inspiré par la légende urbaine de l’Homme au Sourire, qui tue de cette manière des jeunes femmes en pleurs ?
Voilà des questions qui guideront vos efforts durant la douzaine de chapitres (plus un court prologue et un épilogue optionnel) qui composent cette visual novel, reprenant le trio principal des jeux précédents : Mr Utsugi, votre personnage et Ayumi, une jeune femme de votre âge (19 ans) aidant également à l’agence.
Un point à noter est que vous n’avez absolument pas besoin d’avoir joué aux titres précédents pour vous
sentir à l’aise dans ce nouvel épisode : il y aura bien quelques références (comme à une policière sans nom déjà rencontré par votre avatar) mais rien qui gêne la compréhension, sachant que le background du trio en question rentre peu en ligne de compte pour cette histoire - et conséquemment, il n’est guère exploré.
On tient là de solides prémices et une perspective qui peut être rafraîchissante : après tout, dans le genre « murder mystery », les adolescents enquêteurs ne sont guère la norme.
Un autre élément à noter est le sigle 18+ présent sur la jaquette : les titres pour joueurs avertis ne sont évidemment pas inconnus sur les plateformes de Nintendo, toutefois, pour un jeu développé directement par big N, cela reste peu banal !
Ne vous attendez pas à une avalanche de violence mais à quelques thèmes sensibles et matures.
Cela étant posé, ne vous attendez pas non plus à une aventure de longue haleine.
Vous pourrez fréquemment lire qu’une dizaine d’heures suffit à boucler Emio, ce qui fut tout à fait vrai en ce qui me concerne- même un peu moins car j’ai cette habitude (sacrilège pour certains, probablement) de ne pas écouter les doublages jusqu’au bout dans un type de jeu où la lecture est si importante, encore plus lorsqu’il s’agit d’une langue que je ne comprends pas (le jeu est uniquement doublé en japonais).
Naturellement, une durée de vie sans contexte ne signifie pas grand-chose : dix heures, cela peut être bien trop long pour des jeux qui n’ont pas grand-chose à raconter, par exemple.
Le rythme est une composante importante et pour comprendre en quoi cette dizaine d’heures aurait pu être mieux exploitée, causons donc un peu du gameplay !
Vous aurez de temps à autre à effectuer des choix, sans que cela ait la moindre incidence.
Linearity Switch Club
Dans le petit monde des visual novels, les façons d’impliquer le joueur par le gameplay sont assez diverses.
Dans une série comme Hirugashi, le côté jeu est symbolique : vous ne faites qu’avancer les boites de texte, aucune décision, aucun embranchement narratif ne vous attend - à part le fait de cliquer et sauvegarder, l’expérience entre vivre le jeu ou regarder un Let’s Play peut paraître assez mince.
D’autres séries, à l’instar des Sakura, proposent des choix et des scènes alternatives (ou tout au moins une série de dialogues différents) en fonction de ceux-ci.
D’autres encore, pour citer la célèbre saga des Ace Attorney, incluent un système où l’histoire ne pourra pas se poursuivre sans participation active du joueur (autre que de simples clics) : examiner l’environnement, analyser les indices, interroger les témoins, trouver les contradictions, présenter les preuves idoines pour révéler les mensonges des témoins et suspects…
On peut également penser à des séries comme la trilogie des 999, où la part d’interactivité devient encore plus forte car vous devez résoudre de nombreux puzzles et énigmes.
Ce n’est évidemment qu’un petit échantillon pour remettre les choses en perspective, ami Lecteur.
Car Emio s’engage sur une voie qui pourra sembler étrange à certains : un jeu de détective où vos déductions, décisions et analyses n’auront strictement aucune importance pour la poursuite de l’enquête, ou le dénouement de celle-ci.
Si vous vous trompez ou choisissez une mauvaise option, vous vous ferez éventuellement rabrouer, avant que le script continue comme si de rien n’était !
Cela vaut autant en cours d’enquête que lorsque vous êtes obligé de faire le point à la fin de chaque chapitre, le jeu vous demandant parfois de taper en toute lettres la réponse, ou bien de sélectionner les éléments pertinents dans votre bloc-notes- une fonctionnalité qui aurait toute son importance pour recouper et vérifier les informations, sauf qu’aucune réflexion intense n’est requise de la part du joueur.
De fait, je n’ai repéré qu’une instance où avoir faux vous conduit à un game over, lorsque vous devez indiquer le vrai nom de la patronne d’un bar, nom indiqué sur un certificat d’hygiène placardé derrière elle.
Répondez juste (alors que le document n’est pas difficile à repérer…) et elle vous considère comme un grand détective, vous permettant de l’interroger sur un évènement crucial lié à votre enquête !
Le problème est donc que le gameplay dans Emio n’est qu’un habillage illusoire et parfois, franchement superflu.
Si vous êtes coutumier des Ace Attorney, il vous est probablement arrivé une ou plusieurs fois d’être coincé dans une phase d’investigation, vous demandant quel élément du décor vous avez pu louper ou quelle action vous avez négligé pour déclencher la prochaine étape du script.
Ici, vous êtes susceptible d’être étreint par ce sentiment… A chaque chapitre !
Sans pattern nécessairement logique, il vous faudra jongler entre les options dépeintes sur la première image de cette critique : appeler/aborder, interroger/écouter, inspecter/examiner, réfléchir.
Le jeu se montre régulièrement inutilement obtus en vous forçant à choisir plusieurs fois de suite la même option, alors que le dialogue aurait pu se dérouler d’une traite.
Même chose en devant sélectionner une autre action, lorsque le visage de votre interlocuteur se ferme, vous le voyez évidemment à l’écran, pourquoi diable faut-il examiner la personne pour s’en rendre compte et débloquer une option de dialogue ? Si le personnage réagissait de suite, cela serait d’autant plus fluide : devoir sempiternellement passer d’une commande à l’autre n’apporte tout simplement rien au gameplay ou à l’immersion.
On atteint même parfois des pics d’absurdité, comme lorsque vous savez que vous devez montrer un objet, mais que le faire ne fonctionne pas tant que vous n’avez pas utilisé l’option « réfléchir » auparavant…
Bref, Emio est perclus de micro-interruptions de ce genre, hachant le rythme et nuisant au déroulé naturel des dialogues, dans un jeu déjà parfaitement linéaire.
Les éléments importants des dialogues sont colorés en orange- non pas que cela serve réellement.
Bravo, vous avez résolu l’affaire !
Le problème s’accroit lorsque vous vous rendez compte que le jeu se montre plutôt poussif : les premières heures se passent sans révélation majeure ou grand rebondissement, au sein d’une histoire déjà plutôt brève, ce qui lui est préjudiciable.
On jongle entre incarner notre avatar ou Ayumi, tentant de récolter des informations à la bibliothèque ou au lycée auquel se rendait Eisuke, tandis que Mr Utsugi part de son côté creuser la légende urbaine de l’Homme au sourire : de fait, il ne vous apportera que peu de soutien durant vos propres efforts d’investigation.
Non pas que cela représente un grand problème, car au final ce n’est pas réellement l’ingéniosité des deux adolescents qui avance principalement l’enquête, mais des pistes fournies de manière externe, comme la patronne du bar précédemment mentionnée, que l’on rencontre grâce à l’un des inspecteurs assignés à l’affaire.
Après un tel tableau, ami Lecteur, vous vous dites peut-être que nous nous trouvons ici en présence d’une piteuse histoire - pas du tout ! Le thème reste intriguant et si l’on aurait pu souhaiter un rythme considérablement mieux mené, il y a bien un sens du mystère par rapport à ce meurtre qui, vous l’apprenez rapidement, présente à la fois des liens et des incohérences par rapport aux assassinats d’il y a 18 ans.
On appréciera l’alchimie entre les personnages, les contrastes entre les personnalités (l’enquêtrice principale revêche et stricte par exemple, par rapport à son coéquipier truculent et toujours prêt à blaguer) et des moments plus légers pour adoucir l’ambiance autour d’un crime atroce.
Il y a des fausses pistes - dont une dans laquelle votre avatar se jette joyeusement, ne réfléchissant même pas à ce qui pourrait le mobile de la personne qu’il suspecte - ainsi que des doutes et des révélations vous faisant voir l’affaire sous un jour nouveau.
Toutefois, il n’y a pas non plus une liste de suspects telle que cela devienne un casse-tête réellement passionnant et notre chère tête, on pourra parfois la gratter en se demandant pourquoi la police compte tellement sur deux détectives juniors, qui n’ont pas nécessairement accès à des moyens plus considérables afin de dénouer le mystère des meurtres du passé.
En ce sens, un reproche que j’adresserai au titre est que le dénouement n’est pas atteint après une laborieuse et méthodique quête vers la vérité, mais par un heureux hasard- littéralement en interrogeant la bonne personne en pleine rue.
Vous apprendrez alors où vous rendre, puis, fort commodément, tous les personnages requis seront présents au même moment pour le dernier acte !
On vous félicitera pour avoir résolu l’affaire, cependant, si vous n’aviez pas été présent, elle aurait été tout aussi solutionnée… Avec une fin probablement différente, entendons-nous bien.
Force m’est d’admettre que le twist final rattrape beaucoup de choses, je n’en dirai forcément pas plus à ce sujet. Quant à l’épilogue, on vous prévient qu’il est difficile à encaisser, pour autant, si vous désirez avoir le fin de mot de l’histoire, il me semble tout à fait impératif de le visionner, sinon vous allez passer à côté d’éléments essentiels pour comprendre l’intrigue, le jeu se finissant autrement de manière assez rapide.
Un dernier aspect, que j’aborde rarement dans mes critiques, pour la bonne raison que je teste plus rarement les jeux peu après leur sortie : celui du prix.
C’est un élément qui, fatalement, devient obsolète avec le temps : soldes, rabais, bundles, réductions de prix permanentes, la possibilité d’émuler ou même, idée fracassante, se faire prêter le jeu par quelqu’un.
Toutefois, lorsqu’on ne désire pas forcément attendre un an ou plus pour vivre ce jeu qui pourrait nous plaire, cela reste un critère.
Et 50€ pour un visual novel linéaire qui se termine en une petite dizaine d’heures, cela pourrait sembler un brin élevé : le budget pour un jeu de ce genre est naturellement beaucoup moins élevé que pour, au hasard, un jeu comme Breath of the Wild, qui fut proposé au même prix à son lancement.
Conclusion
1320
Emio saura certainement plaire aux amateurs du genre, car on retrouve les ingrédients nécessaires pour retenir l’attention, dans un visual novel à la production soignée.
Néanmoins, le studio a raté l’occasion de donner un grand coup de frais à cette série, conservant une formule datée où les capacités de réflexion du joueur ne sont quasiment pas mises à contribution.
Conséquemment le gameplay ne rime pas à grand-chose, se permettant même de ralentir votre progression sans réel gain, pour une aventure où ne vous pouvez pas vous tromper.
Pour bien en profiter, il faudra donc être patient malgré la faible durée de vie, et peut-être pas trop exigeant…
Si vous cherchez à faire turbiner votre cervelle, je ne saurai trop vous conseiller la série des Nonary Games, si vous recherchez une formule plus équilibrée, la série des Ace Attorney a fait ses preuves et les portages des épisodes Chronicles contient des thèmes tout aussi matures.
Enfin, pour quelque chose de beaucoup plus barré mais plus cérébral et intriguant, AI : the somnium files est éventuellement pour vous !
Sur ce je vous laisse, ami Lecteur, j’ai des aubergines à planter…
Bons points - Présentation graphique soignée - Personnages crédibles - La révélation du chapitre final - L’épilogue, qui explique bien les aspects les plus sombres de l’affaire - Des moments poignants - Sens du mystère suffisant pour continuer |
Mauvais points - Début de partie assez peu dynamique - Plusieurs séquences à rallonge - Une boucle de gameplay lassante pour faire avancer le script - Aucun vrai travail de détective pour le joueur - Affaire résolue sur un coup de bol |
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Pour avoir seulement fait la démo, c'est ce qui m'a frustré assez rapidement, la progression hyper old-school, devoir cliquer plusieurs fois sur la même option un peu au pif pour voir si le personnage a quelque chose de nouveau à nous dire. Ca me sort complètement du truc. Pour avoir fait 13 Sentinels il y a quelques mois, qui est un autre visual novel, je trouvais la progression beaucoup plus fluide et naturelle. Je sais donc que le jeu n'est pas pour moi.
Citation:
Je vais juste être tatillon sur ce point. Effectivement on peut trouver que 50€ pour ce titre ça ne les vaut pas forcément. Cependant attention aux raccourcis, Zelda Breath of the Wild c'est 70€ son prix, pas 50€, y a quand même 20€ de différence entre les deux jeux.
38 posts
Quant au prix de BotW j'ai pu mal me souvenir, mais les prix sur le site de Nintendo ne sont pas nécessairement ceux pratiqués en grande surface ou en magasin spécialisé. J'ai par exemple commandé le prochain Zelda pour 50€ à la FNAC tandis que sur le site de big N, il est tarifé à 60€.
(Je trouve d'ailleurs un peu étrange ce prix plus élevé pour une version en téléchargement, par rapport à une version physique)
Pour BotW je suis en tout cas certain de ne pas l'avoir acheté à 70€.
Mais après j'aurai pu citer d'autres jeux, objectivement, un visual novel demande beaucoup moins de moyens que beaucoup d'autres gens.
Merci pour ton commentaire en tout cas !
2280 posts
Pour ce qui est de Emio, je n'y est pas encore joué mais les tests me rassure sur les points positifs du jeu.
Dans ce genre de jeu très particulier, je pense que ce qui va déterminer si je vais rester sur le jeu ou pas, c'est avant tout: les personnages, l'histoire, l'ambiance, le mystère... Si tout ça est réussi, j'aurai pas de regrets, même si le reste du jeu est archaïque.
6045 posts
Si tu trouves ton Zelda Breath/Tears à 50 au lieu de 70, je pense que le Emio est trouvable aussi en grande surface à 40 voire moins. Soit on compare entre eux les prix grandes surfaces/Amazon/Fnac, soit on compare ensemble les prix officiels. Mais on peut pas faire un mix des 2 :p
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