Touhou Luna Nights - Test
Rédigé par Melloi
Dim 14 Fév 2021
3 Coms et 1476 Vues
Passons-nous, dans cette introduction, des habituelles tergiversations à propos du metroidvania : nul besoin d’en rappeler les origines aliéno-vampiresques, les codes ou les grands représentants. De nos jours, le genre en est devenu presque mainstream. Terreau à bonnes idées, il a permis à des univers originaux aussi merveilleux que ceux de Cave Story, Hollow Knight, Iconoclasts ou Ori de voir le jour avec un accueil critique — et parfois commercial — extrêmement positif. Dès lors, pourquoi se priver d’expérimenter en utilisant des licences préconçues pour pondre des productions aux visages connues et au genre plébiscité ? C’est précisément ce qu’a fait le studio japonais Team Ladybug en empruntant les droits du plus grand et célèbre représentant de la culture dÅjin : Touhou Project. Le résultat tient-il d’un simple habillage ou cache-t-il une compréhension profonde des spécificités de la licence ? Le récent portage Switch du jeu va nous permettre de plonger ou replonger tête baissée à travers les boules magiques de nos sorcières-démones-vampire-yÅkais préférées (rayer les mentions inutiles).
Dans le monde de Touhou comme dans le nôtre, les loisirs de la noblesse n’ont parfois ni queue ni têtes aux yeux de la simple plèbe. C’est exactement ce que se dit Sakuya Izayoi, la célèbre servante, à propos du « jeu » dans lequel l’a plongé son éminente maîtresse, la vampire Remilia Scarlet : une partie de cache-cache semée d’ennemis, de portes verrouillées et de jeunes filles bien déterminées à ne pas la laisser passer. Devant malgré elle se plier au caprice de Remilia, Sakuya pourra heureusement compter sur le soutien matériel de Nitori, un petit kappa qui semble avoir réussi à s’infiltrer dans cette réalité alternative.
Passer du shoot’em up au plateformer/action ne semble pas évident sur le papier, et ce malgré les nombreuses déclinaisons de la licence Touhou en jeu de combat, en RPG ou en un croisement de Puzzle Bobble et de jeu de rythme (si, si, je vous jure, allez voir ce qu’est Touhou Spell Bubble). Pourtant, une fois le premier boss vaincu, on est forcé de constater que la transposition des mécaniques du célèbre danmaku (litt. « rideau de balles », un nom donné aux shoot’em up qui se basent sur l’envoi de très nombreux projectiles que le joueur doit esquiver avec précision) est plus que réussie.
Comme dans le jeu original, Sakuya utilise des couteaux à lancer comme arme principale et peut surtout figer le temps pendant une courte période. L’occasion pour la Team Ladybug d’introduire l’un des concepts les plus poussés de Touhou : le grazing, une action qui consiste à frôler les projectiles adverses pour augmenter considérablement son score. Dans Luna Nights, cette action vous permettra de figer le temps plus longtemps et de récupérer la stamina nécessaire pour lancer de nouvelles attaques. Relativement optionnel dans le shoot’em up, le grazing se révèlera ici indispensable pour venir à bout des derniers boss qui n’hésiteront pas à sortir l’artillerie lourde pour vous bombarder de tous les côtés. Le jeu introduira petit à petit des éléments réagissant différemment à l’arrêt du temps : ennemis qui continuent de bouger, lames qui tournent en sens inverse ou projectiles qui n’avancent que lorsque vous appuyez sur le bouton pause, les différents paramètres vous demanderons de réfléchir à deux fois avant de tout arrêter.
Si le jeu ne brille pas par un scénario complexe et un monde richement construit, on ne pourra pas dire que cela varie de la licence Touhou, dont l’histoire des jeux principaux tient sur deux pages et où l’essentiel de l’univers est développé via d’autres médias. On pourra en revanche difficilement lui en vouloir : le parti-pris de se concentrer sur le gameplay est parfaitement assumé (peut-être un peu trop, mais nous verrons cela dans la partie suivante).
Les amateurs de bonne musique pourront profiter durant toute l’aventure de réinterprétations particulièrement réussies des thèmes musicaux phares du jeu Touhou 6 - The Embodiment of Scarlet Devil, qu’il devient difficile de ne pas reconnaître tant ils ont été repris sur Internet (impossible de n’avoir jamais entendu « 0U.N. Owen Was Her? »). Le travail d’arrangement de peposoft accompagnera avec brio nos lancers de couteaux et ravira les oreilles néophytes comme confirmées. On regrettera simplement que, comme de nombreux jeux autour de l’univers Touhou, celui-ci puise essentiellement dans le sixième épisode alors que les autres regorgent eux aussi de perles.
Le travail graphique autour du jeu n’est également pas en reste, bien que peu inspiré. Les environnements et les personnages en pixel-art ressortent bien et assurent une lisibilité maximale qui s’avère plus que nécessaire durant les phases d’action intenses. C’est d’ailleurs du côté de l’animation que tout le talent de la Team Ladybug ressort : d’une fluidité exemplaire, les actions de notre personnage sont variées et ont le sens du détail. Je ne me suis toujours pas lassé de la pose de base de Sakuya qui transmet à elle-seule la préparation au combat dont la servante fait preuve.
Bien décidé à nous en mettre plein la vue avec son gameplay nerveux et précis, la Team Ladybug en a vraisemblablement oublié que l’essence d’un metroidvania est en partie constituée d’un univers interconnecté dense, rempli de secrets et d’environnements à explorer de fond en comble. Et si l’interconnexion au travers de portes bloquées par des clés est bien là pour cocher la première case du genre, on ne peut pas dire que le reste suive : hormis une dizaine de murs à briser pour accéder à des pièces dérobées et quelques collectables augmentant vos capacités, vous ne trouverez pas grand-chose dans les cinq environnements proposés par le jeu que vous parcourrez de façon relativement linéaire.
Touhou Luna Nights n’est pas le seul metroidvania à proposer des environnements à une échelle plus réduite que ceux de Hollow Knight, par exemple : Timespinner, sorti en 2018, propose une zone relativement petite comparée à d’autres représentants du genre, mais compense en permettant au joueur d’explorer tout cela à deux périodes différentes remplies de quêtes qui leur est propre. Luna Nights, bien trop avare en objectifs secondaires, ne nous permet pas de nous écarter du chemin qu’il trace pour nous, et c’est fort regrettable.
Tu la vois ma boulette ?!
Dans le monde de Touhou comme dans le nôtre, les loisirs de la noblesse n’ont parfois ni queue ni têtes aux yeux de la simple plèbe. C’est exactement ce que se dit Sakuya Izayoi, la célèbre servante, à propos du « jeu » dans lequel l’a plongé son éminente maîtresse, la vampire Remilia Scarlet : une partie de cache-cache semée d’ennemis, de portes verrouillées et de jeunes filles bien déterminées à ne pas la laisser passer. Devant malgré elle se plier au caprice de Remilia, Sakuya pourra heureusement compter sur le soutien matériel de Nitori, un petit kappa qui semble avoir réussi à s’infiltrer dans cette réalité alternative.
Passer du shoot’em up au plateformer/action ne semble pas évident sur le papier, et ce malgré les nombreuses déclinaisons de la licence Touhou en jeu de combat, en RPG ou en un croisement de Puzzle Bobble et de jeu de rythme (si, si, je vous jure, allez voir ce qu’est Touhou Spell Bubble). Pourtant, une fois le premier boss vaincu, on est forcé de constater que la transposition des mécaniques du célèbre danmaku (litt. « rideau de balles », un nom donné aux shoot’em up qui se basent sur l’envoi de très nombreux projectiles que le joueur doit esquiver avec précision) est plus que réussie.
Comme dans le jeu original, Sakuya utilise des couteaux à lancer comme arme principale et peut surtout figer le temps pendant une courte période. L’occasion pour la Team Ladybug d’introduire l’un des concepts les plus poussés de Touhou : le grazing, une action qui consiste à frôler les projectiles adverses pour augmenter considérablement son score. Dans Luna Nights, cette action vous permettra de figer le temps plus longtemps et de récupérer la stamina nécessaire pour lancer de nouvelles attaques. Relativement optionnel dans le shoot’em up, le grazing se révèlera ici indispensable pour venir à bout des derniers boss qui n’hésiteront pas à sortir l’artillerie lourde pour vous bombarder de tous les côtés. Le jeu introduira petit à petit des éléments réagissant différemment à l’arrêt du temps : ennemis qui continuent de bouger, lames qui tournent en sens inverse ou projectiles qui n’avancent que lorsque vous appuyez sur le bouton pause, les différents paramètres vous demanderons de réfléchir à deux fois avant de tout arrêter.
Les douze coups de minuit, en direct du Scarlet Devil Mansion
Si le jeu ne brille pas par un scénario complexe et un monde richement construit, on ne pourra pas dire que cela varie de la licence Touhou, dont l’histoire des jeux principaux tient sur deux pages et où l’essentiel de l’univers est développé via d’autres médias. On pourra en revanche difficilement lui en vouloir : le parti-pris de se concentrer sur le gameplay est parfaitement assumé (peut-être un peu trop, mais nous verrons cela dans la partie suivante).
Les amateurs de bonne musique pourront profiter durant toute l’aventure de réinterprétations particulièrement réussies des thèmes musicaux phares du jeu Touhou 6 - The Embodiment of Scarlet Devil, qu’il devient difficile de ne pas reconnaître tant ils ont été repris sur Internet (impossible de n’avoir jamais entendu « 0U.N. Owen Was Her? »). Le travail d’arrangement de peposoft accompagnera avec brio nos lancers de couteaux et ravira les oreilles néophytes comme confirmées. On regrettera simplement que, comme de nombreux jeux autour de l’univers Touhou, celui-ci puise essentiellement dans le sixième épisode alors que les autres regorgent eux aussi de perles.
Le travail graphique autour du jeu n’est également pas en reste, bien que peu inspiré. Les environnements et les personnages en pixel-art ressortent bien et assurent une lisibilité maximale qui s’avère plus que nécessaire durant les phases d’action intenses. C’est d’ailleurs du côté de l’animation que tout le talent de la Team Ladybug ressort : d’une fluidité exemplaire, les actions de notre personnage sont variées et ont le sens du détail. Je ne me suis toujours pas lassé de la pose de base de Sakuya qui transmet à elle-seule la préparation au combat dont la servante fait preuve.
Manoir à vendre, travaux à prévoir
Bien décidé à nous en mettre plein la vue avec son gameplay nerveux et précis, la Team Ladybug en a vraisemblablement oublié que l’essence d’un metroidvania est en partie constituée d’un univers interconnecté dense, rempli de secrets et d’environnements à explorer de fond en comble. Et si l’interconnexion au travers de portes bloquées par des clés est bien là pour cocher la première case du genre, on ne peut pas dire que le reste suive : hormis une dizaine de murs à briser pour accéder à des pièces dérobées et quelques collectables augmentant vos capacités, vous ne trouverez pas grand-chose dans les cinq environnements proposés par le jeu que vous parcourrez de façon relativement linéaire.
Touhou Luna Nights n’est pas le seul metroidvania à proposer des environnements à une échelle plus réduite que ceux de Hollow Knight, par exemple : Timespinner, sorti en 2018, propose une zone relativement petite comparée à d’autres représentants du genre, mais compense en permettant au joueur d’explorer tout cela à deux périodes différentes remplies de quêtes qui leur est propre. Luna Nights, bien trop avare en objectifs secondaires, ne nous permet pas de nous écarter du chemin qu’il trace pour nous, et c’est fort regrettable.
Conclusion
1320
S’il tient finalement plus d’un « simple » plateformer/action, car délaissant trop ce qui fait la force et le charme des metroidvania, Touhou Luna Nights n’en reste pas moins une expérience agréable, bourrée de bonnes idées de gameplay et avec un enrobage sous licence que l’on aurait aimé voir encore plus exploité pour satisfaire les fans. Sa courte durée de vie en fera un excellent casse-croûte pour vos besoins en adrénaline.
Bons points Un gameplay intense et original Quelques références bien trouvées à la franchise Touhou Un joli graphisme tout en pixel-art Une bande-son à en faire bouger votre popotin |
Mauvais points Un monde trop peu intéressant Des environnements avus et revus …on aurait aimé avoir encore un peu plus de Touhou |
3056 posts
Plus sérieusement, le jeu à l'air bien fluide et dynamique dans le gameplay.
Le seul jeu Touhou que j'ai essayé c'est Touhou Kobuto V : Burst Battle (oui je n'ai pas forcément commencé avec le meilleur). Faut que j'essaye Touhou Project 11 aussi .
21401 posts
Je suis assez étranger de cette licence, je connais (comme tout le monde je pense) la musique U.N Owen Was Her, j'ai du essayer très vite fait le 8, et ça s'arrête là x)
Par contre j'ai l'impression que tous les jeux Touhou sur Switch sont des spin-off. La série de base est un bullet hell / shoot 'em up en vue de dessus, pourquoi y en a toujours pas sur switch ? xD
PS: Je pense que t'as oublié une balise là ->
1659 posts
Je crois que les Touhou principaux de ZUN ne sortent exclusivement que sur PC.