Hyrule Warriors : L'Ère du Fléau - Test
Rédigé par Lord Kanozu
Mer 30 Déc 2020
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Difficile d’imaginer une sortie Nintendo plus importante cette dernière décennie que ne l’a été The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Le vent de fraicheur qu’il a soufflé à la franchise lui a fait un bien fou, et c’est ainsi tout naturel que les fans attendent avec impatience sa suite, déjà annoncée lors d’un tonitruant Nintendo Direct d’E3 2019. Toutefois, pour nous faire patienter, c’est un autre jeu Zelda qui sortira en premier, après une annonce pour le moins inattendue, un beau jour d’été. Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau est, à l’instar du premier épisode, un spin-off de la série des Zelda, reprenant le système de combat et la progression des Dynasty Warriors d’Omega Force. La véritable surprise, c’est que le jeu prend place dans l’univers de Breath of the Wild, cent ans avant ce dernier, en plein pendant la grande guerre du Fléau qui a amené aux évènements du jeu.
Mais surtout, la question du canon étouffe les véritables atouts de la trame du jeu, qui sont ce qui devrait alimenter les discussions autour de celui-ci. Si l’idée d’un second Hyrule Warriors a toujours fait sens, personne n’aurait pu se douter que le focaliser sur Breath of the Wild aurait aussi bien fonctionné. L’univers et le contexte se prêtent à merveille avec les grandes batailles qui font le sel des musou, avec un soin tout particulier à la fidélité visuelle par rapport au jeu dont il s’inspire. Même si on reprochera un framerate qui tousse sévèrement sur certains niveaux – rien d’inhabituel pour les habitués des jeux Koei Tecmo, mais on sentirait presque la Switch bouillir lorsque le jeu mélange les effets de particules constants avec un grand nombre d’ennemis -, le jeu reste visuellement un délice qui permet de se réimprégner de la direction artistique magistrale de Breath of the Wild. On apprécie d’autant plus que le jeu se permet de réinterpréter de nombreux environnements délabrés du jeu d’origine, reconstituant villages et forteresses afin de donner un véritable second souffle aux terres d’Hyrule. La présentation du jeu, que ce soit pendant le gameplay, par ses nombreuses cinématiques ou même son interface qui reprend à la lettre les codes du jeu d’origine, est très clairement l’un de ses points forts, et on aurait difficilement pu envisager mieux à ce niveau.
Mais cet aspect épique n’aurait pu être aussi bien transmis sans le magistral travail de composition derrière la bande originale du jeu. On retrouve une équipe assez atypique derrière les commandes, avec Kumi Tanioka, ex-compositeur de la série des Final Fantasy Crystal Chronicles de chez Square Enix, Reo Uratani, ayant essentiellement travaillé chez Capcom, Haruki Yamada, habitué des productions Koei Tecmo, et Ryotaro Yagi, dont on ne trace pas le moindre précédent travail. Ce beau monde s’est ainsi approprié l’unicité de la bande-son de Breath of the Wild, qui tranchait radicalement avec les précédents jeux, ainsi que les codes de la série principale, et tout cela résulte en un véritable travail d’orfèvre. Débouler au beau milieu des plaines d’Hyrule, enflammées par le chaos ambiant de la guerre, n’aurait pas ce même impact si ce n’était pour le tonitruant orchestre qui accompagne ce moment. Les envolées lyriques collent superbement au côté, tantôt innocent, tantôt tragique, que la trame prend, et l’expérience en est réellement enrichie. On pensera particulièrement à une sublime reprise du thème principale de la série qui arrive à mi-chemin de l’aventure, qui, après son absence quasi-complète de Breath of the Wild, fait un bien fou dans ce jeu-ci.
La qualité du casting constitue toutefois une agréable surprise, étant donné que le marketing pré-sortie ne laissait pas penser qu’il serait particulièrement étendu. Pour finir, le jeu possède plus de combattants que le premier Hyrule Warriors ne pouvait en témoigner à sa sortie, et nous sommes épargnés des étranges et moyennement bienvenus personnages originaux de cet épisode. Le roster témoigne ici d’une véritable diversité, chacun se jouant vraiment de sa façon avec ses particularités propres à son personnage et sa personnalité. Ainsi, Zelda exploite les pouvoirs de la tablette Sheikah à son maximum, tandis qu’Impa utilise les arcanes de son clan pour se cloner et augmenter sa force de frappe. Link est le seul personnage à pouvoir utiliser plusieurs types d’armes (trois pour être précis : épée à une main, à deux mains et lance), même si la mécanique d’amélioration des armes via du crafting est récupéré du premier jeu. On se retiendra de révéler le moindre personnage qui n’a pas été montré dans les quelques bandes-annonces du jeu, mais ils sont bel et bien présents en quantité, avec certains assez loufoques, déblocables via missions annexes. On regrettera toutefois l’absence de costumes pour les personnages autres que Link, là où le premier se permettait de faire de nombreuses références via de chouettes coloris et attirails.
Tout cela compose au final, une aventure assez costaude en termes de contenu. Comptez entre trente et cinquante heures pour atteindre la fin de l’intrigue, en fonction du nombre d’annexes effectués. Nous ne sommes pas dans des chiffres aussi pharamineux qu’Hyrule Warriors : Definitive Edition, qui bénéficie d’être le portage d’un portage d’une version aux contenus téléchargeables inclus, mais il y a là largement de quoi jouer pendant un bon moment, sur des missions qui sont, globalement, de meilleure facture que celles du premier jeu.
Ce jeu a été testé à partir d'une version presse fournie par l'éditeur
Ganon ou pas canon ?
Visuellement, le jeu est extrêmement fidèle à l'original
Alors que le conflit entre les forces du royaume d’Hyrule et les monstres continue, la résurrection du Fléau Ganon approche. La princesse Zelda, bientôt âgé de 17 ans, est informé de cette catastrophe par un curieux visiteur, et se met en quête, accompagné de Link, son chevalier servant qui n’était encore que cela à ce moment, de se préparer à l’inévitable assaut, en réveillant son pouvoir et en préparant les quatre bêtes divines des Prodiges. La trame du jeu étant un de ses principaux intérêts, on ne révèlera pas d’avantages à ce sujet, mais il est important de clarifier quelques aspects qui ont pu paraître peu clair avant la sortie du jeu, ou déformé par les avis quelques peu hâtifs qui ont circulés sur les réseaux sociaux. La grande question de si le jeu est canon, ou en d’autres termes, s’il s’inscrit de manière cohérente dans l’univers établi par la série The Legend of Zelda jusqu’à présent, a brûlé sur de nombreuses lèvres, et la réponse est en réalité plus compliquée qu’elle n’y paraît. Nous nous garderons de divulguer le moindre élément de scénario important, mais il semble nécessaire d’évoquer cette controverse, et conseillons aux lecteurs indécis mais qui souhaitent ne rien connaître de la trame du jeu de sauter le prochain paragraphe.Les cinématiques sont de très bonne facture et en grand nombre
Le jeu se passe, comme promis, cent ans avant les évènements de Breath of the Wild, et il raconte en effet les évènements qui ont conduit à la résurrection du Fléau Ganon, tels que décrits dans le jeu d’origine. Toutefois, le jeu ne se contente pas de simplement conter une histoire déjà connue, mais de l’étendre en considérant de nombreux éléments narratifs qui n’étaient pas abordés dans le jeu d’origine, au point de proposer une histoire qui va au-delà de ce qui pouvait être attendu initialement. Et il nous semble difficile de lui reprocher ce choix, étant donné que le pitch de base de Breath of the Wild repose sur le réveil de Link dans un monde postapocalyptique à la suite de la défaite des forces d’Hyrule face à l’armée du Fléau, ce qui aurait laissé comme un goût amer si les choses avaient été respectés à la lettre. Qui plus est, la question du canon semble assez superficielle lorsque l’on reprend plus formellement les promesses du jeu. Il s’agit là d’un titre permettant de revivre les évènements contés dans Breath of the Wild, au cœur même du conflit, et de contrôler les différents personnages qui y ont joués un rôle. Sur ce point-là, le jeu remplit entièrement sa part du marché. Le titre justifie également ses choix, d’une manière logique et cohérente, d’une façon qui n’est pas sans rappeler la manière dont les précédents jeux de la série ont été raccordés les uns aux autres au sein d’une timeline qui aura fait couler beaucoup d’encre…Mais surtout, la question du canon étouffe les véritables atouts de la trame du jeu, qui sont ce qui devrait alimenter les discussions autour de celui-ci. Si l’idée d’un second Hyrule Warriors a toujours fait sens, personne n’aurait pu se douter que le focaliser sur Breath of the Wild aurait aussi bien fonctionné. L’univers et le contexte se prêtent à merveille avec les grandes batailles qui font le sel des musou, avec un soin tout particulier à la fidélité visuelle par rapport au jeu dont il s’inspire. Même si on reprochera un framerate qui tousse sévèrement sur certains niveaux – rien d’inhabituel pour les habitués des jeux Koei Tecmo, mais on sentirait presque la Switch bouillir lorsque le jeu mélange les effets de particules constants avec un grand nombre d’ennemis -, le jeu reste visuellement un délice qui permet de se réimprégner de la direction artistique magistrale de Breath of the Wild. On apprécie d’autant plus que le jeu se permet de réinterpréter de nombreux environnements délabrés du jeu d’origine, reconstituant villages et forteresses afin de donner un véritable second souffle aux terres d’Hyrule. La présentation du jeu, que ce soit pendant le gameplay, par ses nombreuses cinématiques ou même son interface qui reprend à la lettre les codes du jeu d’origine, est très clairement l’un de ses points forts, et on aurait difficilement pu envisager mieux à ce niveau.
La guerre de cent ans
Chaque personnage apporte sa propre sauce à la formule musou
Tout ceci permet de donner une véritable sensation d’épique aux batailles du jeu. La trame nous emmène aux quatre coins d’Hyrule, affrontant autant les guerriers du clan des Yiga en plein désert Gérudo, que les créatures des laves jonchant les terres arides de la Montagne de la Mort. Les environnements virent de l’enchanteur au chaotique, avec une certaine grâce qui fait terriblement honneur au jeu d’origine, qui lui-même arrivait déjà, avec une certaine poésie, à suggérer les conflits qui avaient lieux à certains endroits clés. La poésie fait ensuite place aux clinquants retentissements des armes qui s’entrechoquent dans les plus féroces des batailles que le jeu retranscrit, et dont certaines sont si incroyables qu’elles figurent déjà parmi les meilleurs moments de la licence. Si le premier Hyrule Warriors avait réussi à marier la série Zelda avec les guerres de territoires, l’Ère du Fléau arrive à les faire s’intégrer comme si cela avait toujours fait sens.Mais cet aspect épique n’aurait pu être aussi bien transmis sans le magistral travail de composition derrière la bande originale du jeu. On retrouve une équipe assez atypique derrière les commandes, avec Kumi Tanioka, ex-compositeur de la série des Final Fantasy Crystal Chronicles de chez Square Enix, Reo Uratani, ayant essentiellement travaillé chez Capcom, Haruki Yamada, habitué des productions Koei Tecmo, et Ryotaro Yagi, dont on ne trace pas le moindre précédent travail. Ce beau monde s’est ainsi approprié l’unicité de la bande-son de Breath of the Wild, qui tranchait radicalement avec les précédents jeux, ainsi que les codes de la série principale, et tout cela résulte en un véritable travail d’orfèvre. Débouler au beau milieu des plaines d’Hyrule, enflammées par le chaos ambiant de la guerre, n’aurait pas ce même impact si ce n’était pour le tonitruant orchestre qui accompagne ce moment. Les envolées lyriques collent superbement au côté, tantôt innocent, tantôt tragique, que la trame prend, et l’expérience en est réellement enrichie. On pensera particulièrement à une sublime reprise du thème principale de la série qui arrive à mi-chemin de l’aventure, qui, après son absence quasi-complète de Breath of the Wild, fait un bien fou dans ce jeu-ci.
Breath of the musÅ
L'interactivité avec l'environnement est conservé, avec par exemple Cryosis qui gèle ceux qui seraient dans l'eau une fois utilisé
Il peut sembler étrange de consacrer autant de mots à l’intrigue, l’aspect visuel et la bande-son du jeu avant même d’aborder le gameplay, ce qui devrait normalement être au cœur de l’expérience. C’est tout simplement parce qu’il n’y a finalement pas grand-chose à en dire, puisqu’il s’agit d’une formule acquise qui se contente de se faire peaufiner de jeux en jeux. En tant que pur musou dans l’âme, le jeu reprend sa formule de conquête de territoires dans de grandes cartes, avec différents forts à capturer ou à défendre afin de repousser les forces de l’ennemi. On aime ou on n’aime pas, même si le jeu apporte quelques changements que nous détaillerons dans un instant, cela reste une expérience plutôt répétitive de part sa nature même. Tout le sel vient dans le côté satisfaisant qu’a le dérouillage d’ennemis par centaines, et la tension qui se place dans les missions à grande échelle où il faut jongler entre plusieurs personnages et différents objectifs. On notera toutefois la présence des missions de bêtes divines, probablement là pour tenter de réduire la répétitivité des autres missions mais qui sont, très franchement, sans aucun intérêt. Elles se présentent comme des sortes de rail-shooter dans lequel on pilote les fameuses bêtes divines pour raser les défenses ennemies, mais le gameplay de ces phases est tristement pauvre, extrêmement facile aussitôt oubliés. Elles sont, heureusement, très vite expédiées et en petit nombre.La qualité du casting constitue toutefois une agréable surprise, étant donné que le marketing pré-sortie ne laissait pas penser qu’il serait particulièrement étendu. Pour finir, le jeu possède plus de combattants que le premier Hyrule Warriors ne pouvait en témoigner à sa sortie, et nous sommes épargnés des étranges et moyennement bienvenus personnages originaux de cet épisode. Le roster témoigne ici d’une véritable diversité, chacun se jouant vraiment de sa façon avec ses particularités propres à son personnage et sa personnalité. Ainsi, Zelda exploite les pouvoirs de la tablette Sheikah à son maximum, tandis qu’Impa utilise les arcanes de son clan pour se cloner et augmenter sa force de frappe. Link est le seul personnage à pouvoir utiliser plusieurs types d’armes (trois pour être précis : épée à une main, à deux mains et lance), même si la mécanique d’amélioration des armes via du crafting est récupéré du premier jeu. On se retiendra de révéler le moindre personnage qui n’a pas été montré dans les quelques bandes-annonces du jeu, mais ils sont bel et bien présents en quantité, avec certains assez loufoques, déblocables via missions annexes. On regrettera toutefois l’absence de costumes pour les personnages autres que Link, là où le premier se permettait de faire de nombreuses références via de chouettes coloris et attirails.
Tout cela compose au final, une aventure assez costaude en termes de contenu. Comptez entre trente et cinquante heures pour atteindre la fin de l’intrigue, en fonction du nombre d’annexes effectués. Nous ne sommes pas dans des chiffres aussi pharamineux qu’Hyrule Warriors : Definitive Edition, qui bénéficie d’être le portage d’un portage d’une version aux contenus téléchargeables inclus, mais il y a là largement de quoi jouer pendant un bon moment, sur des missions qui sont, globalement, de meilleure facture que celles du premier jeu.
Conclusion
1720
Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau était une surprise inattendue, et se révèle être le crossover auquel personne n’avait pensé, mais qui fait le plus grand sens. Avec une intrigue assumée et grandiose, une composition musicale qui restera dans les annales et du contenu en foison, il s’impose déjà comme un indispensable pour le fan de Breath of the Wild qui souhaiterait voir d’avantage de l’univers, en attendant l’inéluctable suite, qui profite sûrement de cette occasion pour continuer à se peaufiner.
Bons points Visuellement extrêmement fidèle Bande-originale phénoménale Une trame osée et qui en envoie plein les yeux L'univers Breath of the Wild, toujours aussi riche Des moments d’actions parmi les meilleurs de la licence Casting plus étendu et varié qu'espéré Gameplay assez varié d’un personnage à l’autre Contenu dense et conséquent |
Mauvais points Le framerate prend parfois assez cher Les missions de bêtes divines très bancales Répétitivité inhérente au genre On aurait aussi aimé des costumes pour les autres personnages que Link |
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