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Daemon X Machina

Daemon X Machina - Test

Switch     Rédigé par Lord Kanozu     Dim 13 Oct 2019     0 Coms et 1165 Vues
Dans l’univers des jeux d’action, il existait un sous-genre qui proliférait sur les précédentes générations de console avant de progressivement s’éteindre sous le poids des budgets de développement à la hausse : les jeux de mechas. Armored Core, ancienne série de FromSoftware, fut l’un des piliers du genre, jusqu’à ce que le studio se décide à laisser de côté la franchise. Ce n’est pas pour autant que Kenichiro Tsukuda, ancien producteur sur ces jeux, laissa pour autant tomber l’éponge et c’est en partenariat avec Marvelous First Studios qu’il nous apporte ici un symbole du passé : Daemon x Machina. Projet invraisemblable à une époque où les yeux sont tournés sur des jeux simples d’accès et variés, Daemon x Machina prend le pari d’offrir une expérience old-school mais modernisée, poussée à son paroxysme. Le mélange est surprenant, et allie moments d’extase avec incompréhension, tout en portant une lueur d’espoir pour l’avenir.


Ce jeu a été testé à partir d'une version presse fournie par l'éditeur


Daemon in the Shell


Après qu’une partie de la Lune se soit effondrée sur la planète Terre, une forme d’énergie particulière s’est répandue à travers le monde et s’est empressée d’infecter toute machine comportant une intelligence artificielle pour les faire se retourner contre l’humanité. Chaos et guerres suivirent. C’est dans ce contexte que les Outers, un groupe de pilotes d’élite à bord de robots d’assaut, appelés Arsenal, prirent une importance clé dans le tournant politique du monde. En contrôlant cette nouvelle énergie, désormais connue en tant que ‘Femto’, ils sont capables de déployer la pleine puissance de leurs machines pour défendre l’humanité de l’assaut des Immortals, monstres colossaux fonctionnant via cette intelligence artificielle corrompue.

C’est une fois à bord de son Arsenal que les choses sérieuses peuvent commencer. Daemon x Machina est avant tout un jeu d’action hyper rapide et qui tente de simuler avec le plus de réalisme possible, dans les limites de la fiction, le contrôle d’un robot typiquement anime. Si vous avez déjà vu un épisode de Mobile Suit Gundam ou d’Evangelion dans votre vie, vous savez déjà que toutes les lois de la physique sont jetées par-dessus bord quand il s’agit de faire se déplacer à des centaines de kilomètres-heure des robots pesant plusieurs tonnes. L’idée est la même ici, mais le pilotage demande quand même une certaine technicité. Il est donc possible de se déplacer à la fois sur le sol et dans les airs, d’une pression vers l’avant sur le stick pour bouger, et d’un double-saut pour s’envoler et rester au-dessus de la surface. Un bouton est dédié au boost, qui augmente drastiquement la vitesse jusqu’à ce que la jauge d’endurance se vide. La vitesse de son arsenal diffère en fonction de l’équipement porté, et n’est pas non plus la même que l’on soit dans les airs ou sur le sol. Plus on arbore un robot léger, plus on sera rapide, et vice-versa.

Là où la palette de mouvements est claire et limpide, les choses se complexifient avec les équipements offensifs. Tout arsenal peut porter deux armes à la fois, une dans chaque main. Il peut s’agir de pistolets à balles, de fusils lasers, de lance-roquettes et tant d’autres, mais aussi de boucliers ou d’épées pour frapper au corps-à-corps. Il n’est pas possible de changer son équipement en pleine mission, il faut donc tout préparer avant le départ. Deux armes en main à tout instant donc, mais aussi deux armes portées sur les pylônes de l’arsenal en guise de remplacement et avec lesquels il est possible de changer à tout instant en pleine action (ce qui est très utile lorsqu’on tombe à court de munitions sur les armes principales). En plus de cela, on peut aussi compter sur une arme d’épaule, généralement des missiles ou autres joyeusetés du genre, mais également un équipement de soutien qui va du pack de munitions transportables au booster supplémentaire pour aller encore plus vite. Vous l’aurez compris, la personnalisation est ici poussée pratiquement à son paroxysme et aura de lourdes conséquences sur le gameplay en lui-même. Impossible d’échapper aux quelques longs moments passés dans les menus à comparer les stats de vos équipements pour les adapter à votre stratégie de jeu.

Pas de pilote automatique


Toute cette apparente complexité quant à l’équipement et aux possibilités de gameplay se consolide en un point qu’il est particulièrement important d’aborder avant de conseiller ou non l’achat d’un tel jeu : clairement, Daemon x Machina n’est pas fait pour tout le monde. Au-delà de l’évidence d’une telle affirmation qui pourrait s’appliquer de prime abord à tous les jeux qui existent, il est surtout important de le dire au vu de l’enthousiasme qu’il pourrait générer grâce à ses visuels très punchy et ses bandes-annonces qui vendent un jeu ultradynamique. Et la vérité est que c’est bel et bien le cas, mais qu’il va falloir s’accrocher puisque la courbe de progression pour arriver à un tel niveau est raide. Concrètement, Daemon x Machina s’adresse avant tout et peut-être exclusivement aux fans de mecha, de personnalisation poussée à l’extrême et dont leur amour du pilotage les laissera supporter l’inhérente répétitivité du titre.

Parce qu’il ne faut pas s’attendre à beaucoup de variétés au niveau des objectifs de mission. Sélectionnables depuis le hangar, qui sert au passage de centre de contrôle où l’on peut personnaliser à la fois son Outer mais aussi son Arsenal, les missions sont réparties en plusieurs rangs allant de E à A et qui se débloquent au fur et à mesure que la trame principale progresse. Les objectifs sont pratiquement toujours les mêmes : éliminer tous les ennemis présents dans la zone (soigneusement délimitée dans tous les cas), abattre certains Arsenaux adverses, protéger plusieurs cibles ou encore les quelques affrontements de grande envergure contre les Immortals. Étalée sur vingt à trente heures (en fonction de si vous passez du temps sur les missions annexes), la progression passe de sympathique au départ, à franchement laborieuse pendant toute la partie centrale à force de répéter les mêmes objectifs avec très peu de réel avancement, avant de redevenir plaisante sur le dernier quart du jeu.

Do You Remember Love?


Ce problème est lié directement aux gros soucis de rythme de l’intrigue. Contrairement aux apparences, Daemon x Machina mise beaucoup sur la qualité de son écriture et de sa trame étant donné qu’il se permet d’être extrêmement bavard sur chacune des missions principales, au point où ça en frôle l’abus. Il n’est ainsi pas rare sur les missions plus courtes du début de jeu d’avoir rempli les objectifs avant que ses compagnons de vols n’aient fini de déblatérer des futilités sur leur philosophie de vol alors même que vous faisiez tout le travail. On parle ici des dialogues exprimés au cours de la mission, sans interruption, mais le jeu se permet aussi à de nombreuses reprises d’arrêter l’action subitement pour quelques lignes de dialogues fixes – ou de cinématique, ce qui est souvent plus agréable – et qui sont généralement ce qu’il faut se contenter de lire, plutôt que de payer attention à tous les détails de la mission. Le problème peut sembler anodin à première vue mais il est particulièrement exacerbé lorsque les voix sont passées en japonais – ce que l’on recommande à tous les fans d’anime de mechas puisque le casting comporte notamment les légendaires Shuichi Ikeda et Toru Furuya, connus en tant qu’Armuro Ray et Char Aznable de la série Gundam.

Et pour ne pas arranger les choses, l’intrigue est loin d’être aisée à suivre. Pas loin d’une dizaine de factions d’Outers se battent sur les plaines arides de la Terre, et tous ont leur motifs, objectifs et comportements propres. Le jeu n’hésitera pas à vous les balancer à la figure d’entrée de jeu sans attendre que vous reteniez le nom du moindre d’entre eux. C’est à force de les revoir tout au long de la progression que vous retiendrez ceux qui ont de l’importance vis-à-vis de la trame scénaristique, mais il est regrettable que cela soit si laborieux. Les conflits eux-mêmes sont déjà fort complexes eux-mêmes, avec, à l’instar de la série des Gundam, un mélange entre confrontations d’idéologies sur le futur de l’espèce humaine et introspections sur la véritable nature des Outers. L’intrigue met beaucoup de temps à s’installer et ne décolle vraiment que dans le dernier tiers du jeu, ce qui est frustrant puisque l’on parle, pour rappel, au moins d’une quinzaine d’heures de jeu avant d’arriver à ce stade. Heureusement, le tout se conclut de manière assez satisfaisante et les séquences de ce dernier tiers valent le coup de s’accrocher, en particulier en ce qui concerne le dernier boss et la fin du jeu, tous deux assez bluffant.

Mais voilà, malgré les répétitions, les problèmes de narration, l’intrigue qui prend beaucoup trop de temps à se mettre en place, l’amas d’information qu’on nous jette à la figure, la complexité du gameplay à première vue, il reste que l’on continue de jouer envers et contre tout. Et on y prend du plaisir, en plus. Le pari d’hyper-dynamiser une formule vieille de deux décennies et de la mélanger à une mise en scène et une trame follement Gundam-esque fonctionne superbement bien et l’impression de contrôler un mecha avec autant de libertés que dans ces dessins animés est bien présente. La bande-son de haute voltige aide beaucoup à cette immersion également. Qui plus est, la personnalisation très poussée est elle-même assez addictive en soit. Il est possible d’améliorer chacune des parties de son robot, à condition de récupérer des composants en provenance de certains Immortals, dont il faudra abattre certaines parties précises pour avoir une chance de récupérer le bon loot. Une boucle de farm s’installe alors, à la manière de Monster Hunter, et peut devenir très chronophage pour celui qui s’y accrocherait. Tout ceci est complimenté par le fait que le jeu est jouable à plusieurs, que ce soit en ligne ou en local (sur des consoles différentes) et fonctionne étonnamment bien. Marvelous a par ailleurs promis de continuer à soutenir le jeu via des mises à jour gratuites, ce qui est toujours le bienvenu.

C’est simple, Daemon x Machina représente une capsule temporelle envoyée il y a une décennie et qui est ouverte aujourd’hui, à une époque où les productions sont toutes à gros budget et fignolée jusqu’au détail le plus microscopique. Avec son style visuel simple et contrasté, mais qui fonctionne, le studio mise sur la qualité de son gameplay et tente de recapturer une audience qui n’a plus eu de jeu depuis la fin d’Armored Core, il y a des années de cela. Le manque de finitions est d’époque, lui aussi, ainsi que sa répétition inhérente, mais il y a une âme qui se cache derrière ce métal froid et rigide, portant avec elle un sentiment nostalgique qui berce notre progression au sein du jeu jusqu’à sa conclusion.

| Conclusion |

Daemon x Machina est un jeu qui ne devrait pas exister. Il représente le fruit de l’effort de passionnés à faire revenir sur le devant de la scène le genre des jeux d’action à base de mecha, malgré l’anachronisme qu’il représente. Les conditions d’entrées sont lourdes, et à moins d’être déjà fan de gros robots et de ce style de jeu, l’expérience n’est clairement pas recommandable. Mais pour ceux qui n’attendaient que ça, alors ils seront heureux de savoir qu’il respecte tout ce qu’il a pu promettre. On l’aime, malgré ses très nombreux défauts critiques, autant pour ce qu’il est que ce qu’il représente. Et puis, quel autre jeu peut se vanter d’avoir un pseudo-Char Aznable doublé par sa véritable voix dans son casting ?
1420
Bons points
Un jeu d'action à base de mecha en 2019...
Les nombreuses possibilités de gameplay enivrent...
Un final éclatant...
Style visuel qui accroche
Bande-son qui envoie
De gros noms au doublage japonais
Boucle de farm addictive pour ceux qui accrochent
Multijoueur en ligne sans soucis
Mauvais points
...avec un manque de finition typique du genre
...mais largueront ceux qui n'y seraient pas réceptifs
...pour une majeure partie de l'intrigue peu captivante
Avait-on vraiment besoin d'autant de personnages ?
Très répétitif par nature
Ça papote sans jamais s'arrêter
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